La députée « insoumise » Mathilde Panot a annoncé mardi 12 décembre saisir la procureure de la République « sur des faits pouvant s’apparenter à de la corruption d’élus par le ministre Gérald Darmanin ». « Marchander des votes pour éviter le rejet de sa loi “immigration”, contre des gendarmeries, des brigades de gendarmes mobiles ? Ces faits, s’ils sont avérés, sont une atteinte grave à l’exercice démocratique ! », a-t-elle affirmé dans un tweet.
Le ministre de l’intérieur a répliqué dans la soirée par l’annonce d’un dépôt de plainte en retour. Gérald Darmanin « va porter plainte pour “diffamation et dénonciation calomnieuse” à la suite des accusations mensongères concernant de prétendus marchandages » pour obtenir le vote de députés, a annoncé à l’Agence France-Presse (AFP) son entourage.
Les écologistes ont de leur côté demandé la création d’une commission d’enquête parlementaire. « Nous avons découvert (…) dans la presse un certain nombre de choses extrêmement troublantes, notamment qu’il aurait été promis, négocié en échange de votes de soutien à ce texte, des casernes de gendarmerie, des postes de police et que sais-je encore », a dénoncé le député Benjamin Lucas au cours du point presse hebdomadaire des écologistes.
Il a proposé à ses collègues « de la Nouvelle Union populaire écologique et sociale [Nupes] » de signer « une résolution demandant la constitution d’une commission d’enquête parlementaire pour faire la lumière sur ce qui serait, si les faits étaient avérés, une tentative de corruption au sein du Parlement, a minima un chantage ». Dans l’hémicycle, la présidente du groupe écologiste, Cyrielle Chatelain, a dénoncé les « méthodes crapuleuses » du ministre de l’intérieur.
Un député PS contacté par le ministère
Le député du Parti socialiste Philippe Brun a ainsi relaté à quelques médias, dont l’AFP, avoir été contacté par le directeur de cabinet du ministre de l’intérieur, qui lui a annoncé – le confondant avec son homonyme, le député des Républicains Fabrice Brun – que la demande de brigade de gendarmerie qu’il avait formulée pour une commune de sa circonscription était acceptée, ajoutant « vous savez ce que le ministre attend de vous… ».
Mathilde Panot, dans son courrier à la procureure, fait état d’un article de Paris Match, évoquant trois députés des Républicains approchés par le ministère de l’intérieur. Interrogé par l’AFP, Beauvau a souligné que le cabinet du ministre avait « l’habitude de répondre aux demandes des parlementaires. Comme ce fut le cas pour le député Fabrice Brun (…) au sujet de sa brigade de gendarmerie. »
Mais le projet a été « remonté en juillet 2023 et formellement validé en octobre 2023 », et « ce n’est donc pas à l’occasion des débats parlementaires sur l’immigration que la décision a été prise, mais plusieurs mois avant », fait valoir le cabinet.
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