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À Gaza, "on estime que 22 % des terres agricoles" ont été détruites depuis le début du conflit

L'intervention israélienne dans la bande de Gaza a entraîné la destruction de nombreux terrains agricoles. Compte tenu de la dureté des combats, les images satellite sont le seul moyen d’observer les dégâts. Selon un analyste, 22 % des terres arables ont déjà été détruites et les combats laisseront une empreinte durable sur l'enclave palestinienne.

Image satellite du sud de la ville de Gaza.
Les terres agricoles de la bande de Gaza abritent majoritairement des cultures maraichères ainsi que des oliveraies © Planet Labs PBC
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Depuis fin octobre 2023, l’intervention au sol des forces israéliennes a engendré de nombreux dégâts dans les zones urbaines. Pourtant, la bande de Gaza dispose également d’espaces dédiés à l’agriculture et au maraîchage. Au total, les terres arables représentent 25 % du territoire gazaoui, où s’est développée une agriculture semi-urbaine.

La destruction de ces terres agricoles est une perte vitale pour les habitants de la zone. À partir d’images satellite, la rédaction des Observateurs a pu identifier plusieurs terrains agricoles qui ont été détruits par le passage de blindés et de bulldozers des troupes israéliennes.

Ici, ces deux images montrent qu'entre le 27 septembre et le 11 décembre, de nombreuses terres (espaces verts) ont disparu. ©Sentinel Hub/Observers.

"Parmi les dégâts, on compte des serres, des oliviers et des champs"

Selon le chercheur Wim Zwijnenburg, spécialiste des questions environnementales en zone de conflit et chercheur à l’ONG Pax for Peace, il est possible de quantifier dès aujourd’hui l’ampleur du phénomène :

On estime que 22 % des terres agricoles de Gaza ont été détruites avec l’intervention. Parmi ces dégâts, on compte des serres, des oliviers et des champs. Dès aujourd’hui, il est possible de suivre et de mettre en évidence les destructions en comparant les différents types de terres et de végétation.

À Beit Hanoun, les mouvements de troupes israéliennes au sol ont commencé le 29 octobre.

Les premières traces de véhicules blindés datent du 30 octobre. ©Geoconfirmed

 

Au tout début des opérations dans cette région, certains champs ont été détruits par les véhicules de l’armée israélienne. C’est manifeste si l’on compare ces deux images satellite, l’une prise le 12 octobre – avant l’arrivée des troupes – et l’autre le 1er décembre.

Sur ces images prises le 27 septembre et le 1ᵉʳ décembre, il est possible d’observer la destruction de plusieurs parcelles suite aux mouvements de troupes israéliens. ©Sentinel Hub/Observers
Sur ces images prises le 27 septembre et le 1er décembre 2023 à l’aide du satellite Sentinel II, il est possible d’observer des destructions de terres cultivables au nord et au sud du point de passage d’Erez, dans la région de Beit Hanoun. ©Sentinel Hub/Observers.2

 

L’ONG Human Rights Watch a également pu identifier des traces de bulldozers israéliens sur certaines zones arables situées au nord de Beit Hanoun. Ces engins ont servi à construire des monticules de terre pour protéger la progression des troupes.

Grâce aux images satellites de haute définition fournies par l’entreprise Planet, Human Rights Watch a pu identifier des destructions de parcelles agricoles par des bulldozers israéliens. ©Human Right Wtach/Planet.

 

Des bombardements qui risquent de contaminer les sols

 

Outre la destruction des surfaces cultivables, les bombardements risquent de contaminer durablement le sol de la bande de Gaza. Selon Wim Zwijnenburg, les frappes israéliennes vont affecter l’écosystème de l'enclave palestinienne sur le temps long.

Après le conflit, il faudra gérer ces millions de décombres, qui sont pour beaucoup composés de matériaux dangereux comme l’amiante. Ils peuvent alors contaminer le sol s’ils ne sont pas traités correctement.

Afin de détecter les zones qui seront potentiellement contaminées, Wim Zwijnenburg s’appuie sur une méthodologie bien précise :

Pour les dommages sur les infrastructures industrielles, on utilise les réseaux sociaux, on essaye ensuite de géolocaliser les images. Puis nous utilisons les images des satellites de l’entreprise Planet pour comprendre si les bâtiments sont endommagés ou non. De plus, nous utilisons les bases de données de l’ONU sur les châteaux d’eau, les usines d’épuration et autres infrastructures vitales.

 

Des destructions dans le secteur de Deir al-Balah

La rédaction des Observateurs a également pu géolocaliser plusieurs champs qui ont été rasés dans le secteur de Deir al-Balah. Ces dégradations ont eu lieu en décembre au moment de la reprise des combats. Ici, il est possible d’observer d’importants dégâts localisés à 3 km au nord de la ville de Khan Younès.

Sur ces images satellites, il est possible de voir que la dégradation des terres cultivables a commencé à partir du mois de décembre. ©Sentinel Hub/Observers

S’il est complexe d’identifier avec certitude les causes de la destruction des champs, il est possible d’observer la présence de blindés. Les équipes du New York Times ont repéré sur ces images des blindés de l’armée israélienne situés dans la région de Deir al-Balah visible ci-dessus.

 

Sur Twitter, cet analyste a réussi à géolocaliser la présence de plusieurs chars présents sur d’anciennes terres cultivables. @Geoconfirmed.

 

Selon le journal américain, les troupes étaient présentes dans le but de préparer une potentielle offensive sur la ville de Khan Younès.

Un secteur agricole gazaoui en proie aux attaques avant l’intervention terrestre israélienne

Avant le 7 octobre, ces derniers souffraient déjà des raids israéliens, notamment de l’utilisation de pesticides par l’armée israélienne afin de stériliser les terres. Cette menace les a poussés à construire des serres afin de protéger leurs cultures.

Ces serres ont également été visées par les frappes israéliennes. L’UNOSAT, le département chargé des images satellite de l’ONU, a pu obtenir des preuves de la destruction de certaines de ces plantations.

 

L’UNOSAT a localisé des destructions de serres agricoles dans la région de Deir Al-Balah.©UNOSAT

De plus, les premières destructions de terres agricoles n’ont pas commencé avec l’intervention d’octobre 2023. Outre bande de Gaza, les agriculteurs des territoires palestiniens ont également vu leurs terres spoliées par les colons israéliens.

Le 28 novembre, le bureau central des statistiques palestinien a estimé que Gaza subissait une perte d’environ 1,6 million de dollars (soit 1,49 million d’euros) chaque jour.

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