"Il n'y a plus aucune zone sûre dans toute la bande de Gaza"... Israël prévient que la guerre à Gaza durera "plus que quelques mois"

Le ministre israélien de la Défense a prévenu jeudi que la guerre contre le Hamas à Gaza durerait "plus que quelques mois", à l'arrivée d'un émissaire américain venu exprimer les inquiétudes de son pays face aux lourdes pertes civiles dans le territoire palestinien assiégé.

AFP Publié le 14/12/2023 à 22:22, mis à jour le 14/12/2023 à 22:23
Bombardement sur Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 14 décembre 2023 AFP / MAHMUD HAMS

Israël a déclaré la guerre au Hamas, au pouvoir dans la bande de Gaza, en riposte à l'attaque sanglante menée sur son sol le 7 octobre par le mouvement islamiste, qui a fait 1.200 morts, en majorité des civils, selon les autorités.

Le nombre de morts à Gaza approche désormais 18.800, à 70% des femmes, des enfants et adolescents, tués par les bombardements israéliens, selon le ministère de la Santé du Hamas.

"Partout où l'on va, les gens sont désespérés, affamés et terrifiés"

L'ONU a averti jeudi d'un "effondrement de l'ordre civil" dans la bande de Gaza, plongée dans une profonde crise humanitaire, affirmant que la faim et le désespoir poussent la population à s'emparer de l'aide, qui arrive en quantité très limitée.

"Partout où l'on va, les gens sont désespérés, affamés et terrifiés", a affirmé le Commissaire général de l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), Philippe Lazzarini.

Soumis depuis le 9 octobre par Israël à un siège total, qui provoque de graves pénuries, le petit territoire dévasté est aussi régulièrement privé de toute communication avec l'extérieur par des coupures des liaisons téléphoniques et de l'internet, comme c'était une nouvelle fois le cas jeudi.

A Khan Younès, la grande ville du sud, des habitants inspectaient des ruines encore fumantes après une frappe israélienne.

"Un avion a frappé le bâtiment sans avertissement et il a été complètement détruit. Environ quatre personnes sont encore coincées sous les décombres", a raconté à l'AFP Hassan Bayyout, un homme de 70 ans.

L'armée a indiqué avoir mené jeudi des "interventions ciblées" sur plusieurs sites aux alentours de Khan Younès.

Des membres de la famille de Muhannad Ashour, plus jeune des victimes d'une même famille tuées par des bombardements israéliens le 14 décembre 2023, à Rafah au sud de la bande de Gaza. AFP / Mahmud HAMS.

Dans la soirée, de la fumée s'élevait au-dessus de la ville voisine de Rafah après une nouvelle frappe, selon des images de l'AFP.

Le ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant, qui a rencontré jeudi le conseiller américain à la sécurité nationale, Jake Sullivan, a prévenu que la guerre à Gaza "durerait plus que quelques mois".

"Le Hamas est une organisation terroriste qui s'est construite au cours d'une décennie pour combattre Israël et qui a mis en place des infrastructures souterraines et aériennes qu'il n'est pas facile de détruire. Cela prendra du temps - plus que quelques mois - mais nous vaincrons et nous détruirons" le Hamas, a déclaré M. Gallant.

Les Etats-Unis souhaitent que la guerre "cesse dès que possible", a assuré un porte-parole de la Maison Blanche, John Kirby. Il a ajouté que M. Sullivan avait discuté jeudi, au cours de sa visite en Israël, d'un basculement "dans le futur proche" de l'offensive israélienne vers des "opérations de faible intensité".

Le chef du Hamas, Ismaïl Haniyeh, en exil au Qatar, avait qualifié mercredi d'"illusion" tout plan d'après-guerre qui imaginerait Gaza sans son organisation et les autres "mouvements de résistance".

Initiatives diplomatiques

Après une résolution non contraignante, massivement adoptée mardi par l'Assemblée générale de l'ONU pour appeler à un cessez-le-feu, les initiatives diplomatiques se multiplient.

Fervents soutiens d'Israël, les Etats-Unis sont opposés à un cessez-le-feu dans l'immédiat, qui selon eux laisserait au Hamas le contrôle du territoire, mais ont exprimé ces derniers jours leur impatience. Le président Joe Biden a critiqué des "bombardements aveugles" et évoqué une possible "érosion" du soutien occidental à Israël.

Des passants dans les ruines à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 14 décembre 2023 AFP / Mohammed ABED.

Le secrétaire américain à la Défense, Lloyd Austin, est attendu sous peu en Israël tandis que la cheffe de la diplomatie française, Catherine Colonna, doit se rendre au Liban samedi et en Israël dimanche.

En parallèle à sa campagne de frappes aériennes dévastatrices lancée le 7 octobre, l'armée israélienne mène depuis le 27 octobre une offensive terrestre contre le Hamas à présent étendue à tout le territoire, y compris au sud où se sont massés des centaines de milliers de civils déplacés par la guerre.

Des soldats israéliens se déploient près de la frontière avec la bande de Gaza au sud d'Israël, le 14 décembre 2023, pendant que les affrontements se poursuivent avec les combattants du Hamas palestinien AFP / JACK GUEZ.

Quelque 240 personnes ont été enlevées en Israël le jour de l'attaque, dont 135, selon l'armée, sont toujours aux mains du Hamas et de groupes affiliés après la libération de 105 otages pendant une trêve de sept jours qui a pris fin le 1er décembre.

L'armée a annoncé jeudi que 116 soldats avaient été tués depuis le début de l'offensive terrestre.

D'après Keren Hajioff, une porte-parole de l'armée, les soldats ont découvert jeudi "de vastes dépôts d'armes et des tunnels dans de multiples écoles".

AFP / MARCO LONGARI.

Israël affirme que le Hamas, classé organisation terroriste par les Etats-Unis, l'Union européenne et Israël notamment, a installé des bases dans des bâtiments civils, comme des hôpitaux, des écoles et des mosquées, ou dans des tunnels creusés dans leur sous-sol, et se sert de la population comme de "boucliers humains", ce que le mouvement islamiste dément.

"Où est la zone de sécurité?"

Dans la bande de Gaza, les civils sont acculés dans des zones toujours plus petites, cherchant désespérément à échapper aux frappes.

Des survivants fouillent les ruines après un bombardement sur Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 14 décembre 2023 AFP / Mahmud HAMS.

A l'extrême sud, Rafah, la ville frontalière avec l'Egypte, est devenue un gigantesque camp, fait de tentes bricolées à l'aide de bouts de bois, de draps et de bâches en plastique, où les déplacés s'abritent tant bien que mal sous la pluie, alors que l'hiver et le froid s'installent.

Là aussi, les frappes israéliennes meurtrières sont quotidiennes.

Abu Muhammad Abu Dabaa, 53 ans, se recueillait jeudi avec des proches sur les dépouilles de victimes.

"La frontière avec l'Égypte n'est qu'à 300 mètres. Ils nous ont dit de venir du nord au sud et nous voilà à l'extrême sud. Où est la zone de sécurité?", lance-t-il.

Des manifestants portent des drapeaux d'Israël et des photos des otages israéliens détenus par des membres du mouvement islamiste Hamas dans la bande de Gaza depuis le 7 octobre. Photo prise à Jérusalem le 12 décembre 2023 AFP / AHMAD GHARABLI.

"Aujourd'hui, Israël affirme que le secteur de Rafah est sûr. Mais il n'y a plus aucune zone sûre dans toute la bande de Gaza", témoignait aussi Dhia Abou Zin, un homme de 32 ans.

Selon l'ONU, environ 1,9 million de personnes, soit 85% de la population, ont été déplacées, beaucoup plusieurs fois depuis le début de la guerre.

L'ONU ne cesse de répéter que l'aide humanitaire, qui ne parvient pour l'essentiel que jusqu'à Rafah, est insuffisante et que la surpopulation dans les camps entraîne des maladies, en plus de la faim et du manque de soins.

Cogat, l'organisme du ministère israélien de la Défense chargé des affaires civiles palestiniennes, a toutefois assuré que l'armée a permis des "pauses à des fins humanitaires pour permettre aux civils de reconstituer leurs stocks tels que de la nourriture et l'eau".

La violence s'est par ailleurs intensifiée en Cisjordanie occupée, où un raid israélien a fait onze morts depuis mardi, selon un nouveau bilan communiqué jeudi par l'Autorité palestinienne.

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Nice-Matin

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