Le chicharrón, plat à base de peau de porc frite très prisé en Amérique latine, est-il plus sain que les légumes ? C’est l’étonnante question qui s’est posée en Colombie après que la plupart des grands médias ont repris une fake news ayant fait boule de neige sur les réseaux sociaux.

Une publication faisant croire qu’une étude avait été publiée dans la revue scientifique Plos One expliquait que le chicharrón pouvait “être plus sain que les épinards ou les carottes”, comme l’écrivait le très sérieux journal El Colombiano.

La thèse a ensuite été relayée par les principaux médias du pays, tels que El Tiempo ou Semana. Des stations radio comme W Radio ont même donné la parole à des experts autoproclamés venant la conforter.

C’est un article publié par El País America, de Bogota, qui a finalement levé le voile sur cette fausse information. Le titre a interviewé le microbiologiste colombien Juan Camilo Mesa, qui a révélé qu’“il n’y [avait] aucune trace d’article sur le chicharrón et les légumes dans la base de données de la revue scientifique”.

Contre tous les consensus médicaux

Selon El País America, l’information serait en fait partie d’une publication sur Facebook devenue virale, puis reprise par le média argentin TN. Ce dernier décrivait une graisse d’un genre particulier, bénéfique pour le cœur, riche en acide oléique permettant de réduire les risques de diabète et de maladies cardiovasculaires.

Comme le rappelle Juan Camilo Mesa, cette idée “va à l’encontre de tous les consensus médicaux de ces dernières années”. Pire, assure à El País América la nutritionniste Catalina Echeverry, “ce qui va se passer a court terme en Colombie, et encore plus à cette époque de Noël, c’est que la consommation de chicharrón va augmenter, et celle des légumes, qui est déjà très basse, va encore diminuer”.

“Il n’est pas cohérent de comparer les protéines animales avec les légumes, car il s’agit tout simplement de groupes alimentaires complètement différents. Il est évident que la couenne de porc contient plus de protéines que les légumes, mais ce ne sont pas les légumes qui sont chargés de couvrir nos besoins quotidiens en protéines, ils sont chargés de nous fournir des fibres, des vitamines et des antioxydants.”