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A Paris, le préfet ouvre une enquête administrative après des violences de la Brav-M sur un jeune réfugié

Des images de l’association Utopia 56 montrent deux policiers violentant un jeune homme dans une rue dimanche 17 décembre, dans le IVe arrondissement de la capitale, en marge de la dispersion d’un campement de réfugiés isolés.
par Anaïs Condomines
publié le 19 décembre 2023 à 22h17

Ce mardi 19 décembre dans la matinée, le compte X (anciennement Twitter) de l’association de défense des personnes exilées Utopia 56 a relayé une courte vidéo. D’une durée de vingt secondes, elle montre deux policiers de la brigade de répression de l’action violente motorisée (Brav-M), reconnaissables à leur casque de moto, en train de violenter un jeune homme dans la rue. L’individu, assis au sol, est soulevé une première fois par un policier, avant d’être très brutalement jeté au sol, tête la première sur le bitume.

En légende, l’association indique : «Dimanche soir, après l’expulsion sommaire de 200 ados isolés et sans-abri d’un petit bout de trottoir, ces jeunes ont été poursuivis dans les rues par la Brav-M. Sur cette vidéo, l’un d’entre eux est brutalement envoyé au sol par un policier.» Utopia 56 annonce dans cette publication «saisir la justice».

D’après les informations de CheckNews, la scène se déroule effectivement dimanche 17 décembre dans la soirée, entre 21 h 30 et 23 heures, dans le IVe arrondissement de Paris, au niveau de la place Baudoyer. L’association indique avoir reçu ces images d’un riverain ayant assisté aux faits et est en mesure de détailler le contexte de l’intervention.

Un membre d’Utopia 56 nous précise : «Des jeunes exilés sans solution d’hébergement, rejetés par l’Aide sociale à l’enfance et en attente de recours de minorité, que nous accompagnons d’un point de vue matériel et administratif, étaient regroupés depuis un mois et demi, avec des tentes et des couvertures, au niveau du pont Marie. Sans avertissement, dimanche soir vers 21 h 30, des policiers sont intervenus pour disperser le campement.» Il poursuit : «Ils ont eu le temps d’attraper une couverture et se sont fait poursuivre dans les rues adjacentes. Plusieurs d’entre eux se sont retrouvés à 300 mètres de là, sur la place Baudoyer, où ils se sont fait nasser.»

Sans nouvelles du jeune

Une situation qui s’est prolongée jusque tard, puisque aux alentours de 23 heures, une témoin contactée par CheckNews, qui se trouvait place Baudoyer, a constaté que les «policiers empêchaient les jeunes de se regrouper et de rester au même endroit». C’est là qu’a lieu la scène violente filmée et partagée sur les réseaux sociaux, sans que notre témoin y ait assisté. Le riverain ayant transmis la vidéo à Utopia 56 n’a pas répondu à nos questions, afin de retracer le contexte précis de ce geste. L’association, par ailleurs, est sans nouvelles du jeune en question.

La préfecture de Paris indique que «le préfet, après avoir pris connaissance de la vidéo partagée par Utopia 56, a demandé qu’une enquête administrative soit diligentée pour que les policiers soient identifiés et les circonstances des faits établies».

D’après nos informations, l’agent a expliqué son geste par «l’agressivité» de l’individu, ce qui l’aurait contraint à «effectuer une technique d’intervention professionnelle qui consiste à soulever l’individu au niveau du tronc en saisissant également les bras et à le projeter au sol». A notre connaissance, il n’existe pas de technique professionnelle de ce type.

De son côté, l’association a saisi ce mardi la Défenseuse des droits, l’Inspection générale de la police nationale et le parquet de Paris «sur l’ensemble des faits» qui se sont déroulés dimanche soir, estimant que l’expulsion inopinée est illégale. La préfecture n’a quant à elle pas communiqué sur les conditions de la dispersion.

clarification
EDIT jeudi 21 décembre 15h40 : ajout de la version de l'agent.
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