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SOS Homophobie condamne l’évêque de Bayonne faisant l’apologie des «thérapies de conversion»

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L’association dénonce ce mardi 2 janvier les propos de Marc Aillet, l’évêque de Bayonne-Lescar-Oloron, qui, dans une note du 29 décembre sur le site du diocèse, commente la bénédiction des couples homosexuels autorisée par le pape.
par Lucas Zaï--Gillot
publié le 2 janvier 2024 à 17h57

Habitué des sorties conservatrices et des prises de position réactionnaires, l’évêque de Bayonne-Lescar-Oloron (Pyrénées-Atlantiques), monseigneur Marc Aillet, s’est fait épingler par l’association SOS Homophobie, comme le rapporte France Bleu Pays basque. Dans un communiqué publié ce mardi 2 janvier, l’association accuse le prélat de légitimer les «thérapies de conversion» dans sa dernière publication sur le site du diocèse. L’association réclame la suppression de la note dont Marc Aillet est l’auteur ou «à tout le moins d’en purger les parties qui font la promotion» de ces «thérapies».

Avec sa déclaration Fiducia supplicans du 18 décembre autorisant la bénédiction des couples de même sexe ou divorcés – hors cadre liturgique –, le pape François a hérissé les herses des franges les plus conservatrices : l’Eglise africaine, une partie de l’Eglise allemande, ainsi que l’évêque Marc Aillet, donc. Dans sa longue note du 29 décembre, ce dernier a affirmé que le texte a été salué «comme une victoire par le monde laïque, et en particulier par les lobbies LGBT», qui «cautionne» les relations homosexuelles, tout en rappelant que l’Eglise tient ces relations comme «intrinsèquement désordonnées». Non content de parsemer ses écrits de saillies homophobes, l’ecclésiastique anti-IVG au léger penchant «antivax» termine son analyse du texte papal par quelques conseils pratiques pour les prêtres de son diocèse qui se verraient demander la bénédiction par un couple homosexuel : «Je les invite […] à leur donner […], à condition que ce soit à chaque personne individuellement, en les appelant à la conversion et en les invitant à demander le secours de la grâce que le Seigneur accorde à tous ceux qui le lui demandent pour «conformer leur vie à la Volonté de Dieu».»

Légitimer les thérapies de conversion

Un passage qui «légitime» les thérapies de conversion, dénonce SOS Homophobie. Entretiens, stages, exorcisme, traitements par électrochocs ou encore injection d’hormones, ces pratiques non scientifiques sont nées dans les années 50 aux Etats-Unis pour changer l’orientation sexuelle de personnes LGBT. Elles peuvent avoir des conséquences dévastatrices pour les personnes qui les subissent, alerte SOS Homophobie, allant du mal-être à la dépression en passant par l’isolement et pouvant entraîner jusqu’aux tentatives de suicide.

L’association rappelle en outre que ces thérapies de conversion sont interdites depuis le 31 janvier 2022 – sous peine de deux ans d’emprisonnement assortis de 30 000 euros d’amendes. SOS Homophobie insiste également sur le fait qu’il «n’existe pas de «lobby LGBT», d’«activités homosexuelles» ou de couples «engagés dans des relations homosexuelles».» «Il existe en revanche des personnes qui doivent être respectées et dont l’intégrité et les droits fondamentaux doivent être garantis», conclut l’association.

Très à droite du Seigneur

Nommé en 2008 à la tête du diocèse Bayonne-Lescar-Oloron, l’évêque formé chez les scouts d’Europe – connus pour leur mouvance ultraconservatrice – et l’un des premiers prêtres de la très conservatrice communauté Saint-Martin n’en est pas à sa première saillie réactionnaire. Après une enquête du journal la Croix sur Monseigneur Jean-Pierre Cattenoz, le prélat avait appelé en 2021 à boycotter le journal, dénonçant un «lynchage médiatique» sur son compte Twitter.

Cette même année, Mediapart avait révélé que Marc Aillet était le seul évêque de France à avoir refusé d’ouvrir les archives de son diocèse à la commission Sauvé chargée d’enquêter sur les abus sexuels dans l’Eglise, arguant de la protection des données personnelles. Finalement, l’homme d’Eglise avait assumé avoir couvert sept ans l’abbé bayonnais Jean-François Sarramagnan, un prêtre pédophile, avant d’alerter le procureur de Bayonne sur des agressions pour lesquelles il était mis en cause.


Droit de réponse de M. Marc Aillet publié le 29 janvier 2024 :

L’article de M. Lucas Zaï--Gillot intitulé «SOS Homophobie condamne l’évêque de Bayonne faisant l’apologie des “thérapies de conversion”», mis en ligne sur le site de Libération le 2 janvier, semble reprendre à son compte les accusations infondées de l’association SOS Homophobie selon lesquelles la note que j’ai publiée sur le site du diocèse de Bayonne-Lescar Oloron le 27 décembre, relative à la déclaration «Fiducia supplicans» du Saint-Siège, ferait la promotion des «thérapies de conversion». Cette accusation est inexacte. Aucun passage de cette note (qui ne concerne pas uniquement la situation des homosexuels, mais plus largement, celle des couples en situation irrégulière au regard des règles de l’Eglise) ne fait la moindre référence à ces prétendues «thérapies». Le seul usage, dans cette note, du mot de «conversion» n’autorise pas ce regrettable amalgame. L’appel à la conversion – que j’invite les prêtres à relayer – est en effet une constante de l’enseignement du Christ et de l’Eglise («Convertissez-vous et croyez à l’Evangile», Mc 1, 15). Cet appel est universel : il s’adresse à tous dans le respect de la liberté de chacun. Il est donc aux antipodes de la coercition ou la contrainte qui caractérisent les pratiques dites «thérapies de conversion».

L’auteur de l’article m’accuse également de «parsemer (m)es écrits de saillies homophobes». Il s’agit d’une allégation subjective que je récuse absolument. Ma note insiste au contraire sur le respect des personnes et sur l’importance de la «sollicitude pastorale» qui, «sans juger ni condamner personne», consiste à «rendre proche de tout homme l’amour inconditionnel de Dieu». C’est pourquoi, face aux couples en situation irrégulière au regard des règles de l’Eglise ou aux personnes engagées dans une relation homosexuelle, j’invite les prêtres du diocèse à «instaurer un dialogue pastoral» et «à faire preuve d’un accueil plein de bienveillance». Pour un catholique la Charité ne peut en effet être dissociée de la Vérité que l’Eglise enseigne.

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