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Au Brésil, Lula promulgue une loi favorisant les pesticides

Surnommée le « paquet empoisonné », cette loi accélère la procédure d’homologation des nouveaux pesticides.

Le président du Brésil, Lula, a promulgué en toute fin d’année 2023 une loi qui facilite l’autorisation de nouveaux pesticides dans le pays. Surnommée le « pacote do veneno » (« paquet empoisonné »), cette loi accélère la procédure d’homologation des nouveaux pesticides, qui devra s’effectuer dans un délai maximal de 2 ans contre une moyenne de 10 à 20 ans aujourd’hui.

Cette mesure était demandée depuis 1999 par l’agro-industrie qui n’a cessé de faire pression sur le pouvoir. Le pays est l’un des plus gros consommateurs de pesticides : il en a consommé près de 720 000 tonnes en 2021, soit 20 % du total commercialisé dans le monde, selon l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture.

La loi a longtemps été bloquée au Parlement du fait de ses conséquences sanitaires et environnementales. Sous le gouvernement d’extrême droite de Jair Bolsonaro (2019-2022), la loi avait failli être approuvée. En février 2022, elle avait obtenu l’aval du Parlement, mais avait été bloquée par le Sénat. Le 28 novembre dernier, le Sénat est finalement revenu sur sa décision suite à la demande de parlementaires qui défendent l’intérêt de l’agro-industrie.

Une monnaie d’échange

Le camp présidentiel aurait accepté le texte en échange du soutien de ces parlementaires à la réforme d’un article de la Constitution qui plafonnait les dépenses publiques. Le président du Brésil a toutefois posé son veto à quatorze alinéas et retoqué plusieurs mesures, dont, notamment, une résolution qui cherchait à exclure l’Anvisa et l’Ibama, les agences nationales de surveillance sanitaire et de protection environnementale, de la procédure d’homologation des nouveaux pesticides.

Pour Greenpeace Brésil, la promulgation de ce texte de loi n’en reste pas moins une contradiction majeure pour le président de gauche. Le 20 novembre 2023, Lula avait annoncé la reprise de la politique nationale d’agroécologie et de production biologique, qui avait été abandonnée par Jair Bolsonaro.

Ce numéro d’équilibriste n’est pas le premier. En décembre dernier, on apprenait aussi que le Brésil vendait de nouvelles concessions aux pétroliers.

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