L’hydroxychloroquine : sans doute, jamais un médicament n’a autant suscité d’émotions. Des attentes, des espoirs déçus, des croyances irréalistes, et des usages sans essai clinique probant préalable, si ce n’est in vitro et à des doses extravagantes.
Utilisée au début de la pandémie, durant la première vague, par des hôpitaux européens et non européens, puis abandonnée par la plupart faute de résultats, cette molécule en principe destinée à traiter le paludisme et les maladies rhumatismales auto-immunes a encore été plébiscitée par certains praticiens, tout au long de la crise.
Aujourd’hui, on en connaît les dégâts, du moins pour les patients hospitalisés entre mars et juillet 2020, dans les hôpitaux de six pays dont la Belgique. Une étude publiée par une équipe lyonnaise estime à 16.990 le nombre de décès attribués à l’hydroxychloroquine dans cette période et dans ces conditions.
Pour estimer la mortalité excédentaire attribuée à l’usage dit "compassionnel" de l’hydroxychloroquine dans le contexte du Covid-19 - c’est-à-dire un usage permettant l’utilisation thérapeutique de médicaments sans autorisation de mise sur le marché (AMM) pour des malades "en impasse thérapeutique" – , les auteurs ont mené une revue systématique et une méta-analyse d’études existantes en Belgique, en Turquie, en France, en Italie, en Espagne et aux États-Unis.