Sur la carte accrochée à l’un des murs du Centre de sismologie du Bade-Wurtemberg, les zones sismiques allemandes sont très reconnaissables, raconte Der Spiegel.

Colorées de rouge, elles se concentrent autour de plusieurs pôles : la plaine du Rhin inférieur, le fossé rhénan, les Alpes bavaroises. Et puis la “zone de cisaillement d’Albstadt”, elle aussi classée comme zone à risques. Ce qui, pour les scientifiques, constitue un mystère, rapporte l’hebdomadaire allemand.

En 2022, 99 secousses sismiques ont touché ce lieu, situé au sud-ouest du pays, à mi-chemin entre Stuttgart et le lac de Constance. Il y en a eu 60 en 2023. C’est aussi là qu’a été enregistré le tremblement de terre le plus important d’Allemagne, en 1911, d’une magnitude de 6,1 sur l’échelle de Richter.

Pourtant, la région ne se trouve pas à proximité de l’une des grandes lignes de faille où se produisent généralement les tremblements de terre. Il n’y a aucun volcan connu aux alentours. La seule certitude des chercheurs : “Il y a des fissures et des cassures souterraines” à proximité de la ville d’Albstadt. Mais leur origine reste inconnue.

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La menace d’un “Big One”

“Nous savons beaucoup de choses, mais nous n’avons aucune idée de ce qui cause vraiment les tremblements de terre [dans le Jura souabe]”, reconnaît Stefan Stange, en charge du centre de recherches sismologiques de la région. Jusqu’ici, l’étude des images satellites n’a rien donné et les projets de forages scientifiques semblent trop compliqués à mettre en œuvre sur le plan technique.

Le chercheur et ses collègues ont donc installé des capteurs en surface, dans une zone allant du Land de Rhénanie-Palatinat à celui du Bade-Wurtemberg. D’après le Spiegel, ils espèrent ainsi récupérer assez de données sur le long terme pour comprendre le phénomène à l’œuvre dans la région. Et peut-être un jour anticiper les secousses.

En attendant, pour les habitants des environs, le risque fait partie du quotidien. La plupart des bâtiments sont construits selon des normes antisismiques. Des exercices pour savoir comment réagir en cas de séisme sont organisés chaque année dans les écoles.

Si Stefan Stange considère que les secousses de ces dernières années n’étaient pas particulièrement “menaçantes”, il reste convaincu qu’un tremblement de terre aussi puissant que celui de 1911 pourrait se reproduire. “Le prochain gros tremblement de terre arrivera, assure-t-il à l’hebdomadaire de Hambourg. Que ce soit demain, ou dans trois mille ans.”