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Près de la moitié des 16-24 ans ne savent pas que la Révolution française a eu lieu en 1789, selon un sondage

Salle de classe au lycée (illustration)

Salle de classe au lycée (illustration) - AFP

Un sondage OpinionWay paru ce dimanche 7 janvier montre que les jeunes âgés de 16 à 24 ans connaissent mal l'histoire de France et de l'Europe. La Shoah est notamment un épisode historique mal connu et mal compris.

Après les maths et le français, les jeunes Français ont-ils aussi des difficultés en histoire? Un sondage OpinionWay paru ce dimanche 7 janvier dans La Tribune Dimanche, questionne des jeunes âgés de 16 à 24 ans sur leur connaissance des grands événements historiques. Leur rapport à l'information et leur compréhension de la laïcité sont également évalués.

Les résultats révèlent d'importantes lacunes. Près de la moitié (46%) des sondés ne sait pas par exemple que la Révolution française a eu lieu en 1789, quand près de sept jeunes sur dix (69%) sont incapables de situer quand les femmes ont obtenu le droit de vote en France (1944).

Même chose pour les questions historiques qui concernent l'histoire européenne. Six jeunes sur dix (60%) ne savent pas dater la chute du mur de Berlin en 1989 et 63% ignorent qu'Hitler est parvenu au pouvoir en Allemagne en 1933.

Des méconnaissances sur la Shoah

Parmi les questions posées aux sondés, la Shoah occupe une large place. Si plus de six jeunes sur dix (63%) affirment savoir de quoi il s'agit, près d'un sur cinq (17%) dit connaître le terme sans en savoir beaucoup plus et quasiment un sondé sur cinq encore (18%) dit n'en avoir jamais entendu parler.

Si une très large majorité (85%) dit savoir ce qu'étaient les chambres à gaz, utilisées par l'Allemagne nazie pour exterminer les juifs pendant la Seconde guerre mondiale, et que 61% disent connaître le statut des juifs en 1940, seulement 39% savent ce qu'est la rafle du Vél' d'Hiv, plus grande arrestation massive de juifs réalisée en France pendant la Seconde guerre mondiale.

Sur le régime de Vichy, un certain flou semble régner. 43% des jeunes disent que l'État français a joué un rôle actif dans l'extermination des juifs, quand quasiment la même proportion (41%) assure à l'inverse qu'il n'a agi qu'en exécutant des ordres venus des nazis.

Un certain flou sur la laïcité

Interrogés également sur la laïcité et la place de la religion dans la société, jusqu'à 45% des sondés avancent que les juifs sont davantage protégés par les autorités que les musulmans et 41% estiment que la laïcité sert avant tout à discriminer les musulmans en France.

Un jeune sur deux soutient cependant le droit à la critique des musulmans (à 52%), des catholiques (52% aussi) et des juifs (50%) au nom de la liberté d'expression.

"Est-ce qu'il est possible d'enseigner l'antisémitisme à des jeunes qui ne savent pas ce qu'est la Shoah, qui ne comprennent pas la spécificité de ce fait historique?", déplore la politologue Chloé Morin qui a commandé cette étude.

La place prépondérante des réseaux sociaux

De façon plus générale, le sondage s'interroge sur le rapport à l'information des 16-24 ans et révèle le grand écart qui les sépare de leurs aînés. Quand ces derniers s'appuyaient sur les médias papier, télévisés ou radio, près de la moitié (45%) des jeunes choisissent les réseaux sociaux en premier pour s'informer.

Avec quelles conséquences sur leurs connaissances? D'après le sondage, trois jeunes sur dix qui passent au moins 8 heures par jour sur leur smartphone disent avoir des doutes sur la réalité de ce génocide, quand sur l'ensemble des jeunes interrogés 80% affirment ne pas douter.

Parmi les jeunes qui ne lisent aucun livre dans le mois, près d'un tiers (32%) ignore ce qu'est la Shoah. À l'inverse, 14% seulement des jeunes qui disent lire au moins 3 livres par mois assurent ne pas savoir ce qu'est la Shoah.

Juliette Desmonceaux