Femmes et enfants à la rue, mobilisation pour leur venir en aide

"Ils sont 700, les bébés sans abris qui se réveillent à l’heure où je vous parle, qui auront dormi sous une tente, un pont, ou un porche." ©Getty - South_agency
"Ils sont 700, les bébés sans abris qui se réveillent à l’heure où je vous parle, qui auront dormi sous une tente, un pont, ou un porche." ©Getty - South_agency
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"Ils sont 700, les bébés sans abris qui se réveillent à l’heure où je vous parle, qui auront dormi sous une tente, un pont, ou un porche." ©Getty - South_agency
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En Toute Subjectivité, c'est avec Anne-Cécile Mailfert, et ce matin, Anne-Cécile nous annonce qu'elle n'a pas dormi sereinement, cette nuit.

Ils sont 700 les bébés sans abris qui se réveillent à l’heure où je vous parle, qui auront dormi sous une tente, un pont, ou un porche. Au total ce sont 2200 enfants, amis de nos enfants, camarades de classe de nos enfants, qui n’ont pas un toit sur la tête lorsque vient la nuit. Ces chiffres sont sans précédents : c’est 41% de plus qu’il y a un an. Ce matin, c’est notre humanité que je veux réveiller.

Il y a 70 ans, c’était suite au décès d’un bébé, que l’Abbé Pierre avait commencé à nous interpeller. Il avait alors qualifié l’enterrement du nouveau-né de « funérailles de la honte ». Et ensuite cette femme, retrouvée gelée Boulevard Sébastopol, et son appel, et, en réponse, un grand et magnifique élan de générosité du peuple français qui fait encore aujourd’hui, notre fierté.

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La Fondation Abbé Pierre lance justement de nouveau un cri d’alarme ?

Une tribune parue mercredi dans Le Monde, et signée par 200 personnalités, appelle à l’ouverture en urgence de 10 000 places d'hébergement pour l’hiver. On y apprend que si les choses ont changé, elles se sont aggravées. Expulsion de squat, déficit de logements sociaux… Jusqu’à récemment les mères isolées étaient un peu épargnées, priorisées. Mais aujourd’hui le système déborde. Le dernier lieu d’humanité, ce sont les hôpitaux et les maternités. Ce sont eux qui laissent à la jeune accouchée quelques jours ou quelques semaines de répit pendant lesquelles elles pourront avec leur bébé se poser sur un lit. Mais ensuite?

La Fondation des Femmes a établi que 93% des femmes sans-abris ont été victimes de violences conjugales ou sexuelles, un élément déclencheur de leur parcours d’errance, ou une conséquence de cette situation. Une majorité d’entre elles n’ont pas non plus ces précieux papiers français qui ouvrent seuls les portes d’un logement pérennisé. Ou peuvent-elles donc aller avec leur nouveaux nés?

Il existe bien 203 000 places d’hébergement d’urgence…

Le système empile et égrène les dispositifs d’urgence sans trouver de solutions durables. La politique de rigueur ne manque pas seulement de générosité, elle manque aussi d’efficacité. S’ils survivent, ces bébés, quelles seront leurs chances dans la société ? Ces enfants ont des droits. Quel homme, quelle femme, peut sereinement dormir chez soi, en sachant qu’en bas, dans la nuit, une mère serre son bébé sous un drap? Avons nous toutes et tous perdu la raison ? Qu’attendons nous, au juste, qu’elle meurt de froid?

Alors partout où nous le pouvons nous devons ouvrir les portes et prêter un toit. Une trentaine d'écoles héberge déjà des élèves la nuit. Partons à la chasse aux locaux inoccupés, dans chaque ville, nous devons voir fleurir « Ici, on vous accueille ». A l’Etat et aux collectivités d’organiser notre générosité. Plus simple encore, vous êtes des millions à m’écouter, vous pouvez donner dix euros ou cent euros et financer une nuitée.

L’Abbé parlait il y a soixante-dix ans d’une insurrection de la bonté. Il en appelait à l’intelligence et à la générosité. Oui le monde va mal, oui l’environnement déraille, oui ça mitraille. Mais si on veut remonter la pente, il faut mobiliser ce qui nous lie, ce qui nous tient. C’est notre humanité retrouvée qui nous sauvera tout entier.

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