Contrecoup de la pandémie de Covid-19, baisse du nombre de mariages et des nouveau-nés, multiplication des personnes ne souhaitant pas avoir des enfants… En 2023, la crise démographique du Japon s’est poursuivie, avec un point bas de 729 000 naissances, en baisse de 5,5 % par rapport à l’année 2022, comme le relevait en novembre le quotidien économique Nihon Keizai Shimbun, reprenant des analyses de Takumi Fujinami, chercheur au centre de recherche Japan Research Institute.

Devant cette situation inquiétante, la Réunion sur les stratégies démographiques, un panel composé de spécialistes et d’hommes et de femmes d’affaires et dirigé par l’ancien président de la Chambre du commerce et de l’industrie du Japon Akira Mimura, a soumis un rapport détaillant des mesures de lutte contre la baisse de la population au Premier ministre, Fumio Kishida, mardi 9 janvier, rapporte le quotidien Tokyo Shimbun.

Le rapport, alarmiste, se fonde sur la projection de l’Institut pour la population et la sécurité sociale du Japon, affilié au ministère de la Santé du pays, selon laquelle la population du pays devrait baisser de moitié d’ici à 2100 pour s’établir à 63 millions. Il souligne que, “si le déclin démographique se poursuivait au rythme actuel, le maintien de tous les systèmes économiques et sociaux serait impossible, relève la chaîne publique du pays NHK. Et nombre de collectivités territoriales disparaîtront, surtout en province, frappée davantage [que les grandes villes] par la baisse de population.”

Éviter l’effondrement du système de protection sociale

Afin d’éviter ce sombre scénario, le panel propose de viser une stabilisation de la population japonaise à 80 millions d’habitants à l’horizon 2100. Et préconise l’instauration au sein du gouvernement d’un bureau spécialisé dans les stratégies démographiques, qui piloterait toutes les mesures – parmi lesquelles l’amélioration de l’emploi des jeunes, la promotion du statut des femmes au travail et la création d’un système d’aide aux jeunes couples.

Mais dans un Japon où le taux de natalité est en chute libre, un tel objectif est-il atteignable ? La NHK précise que, pour ce faire, il faudrait passer à un taux de 1,8, contre 1,26 aujourd’hui. Reconnaissant l’ampleur de la difficulté, le rapport souligne que l’objectif n’est toutefois “pas irréalisable, si l’on réunit toutes nos forces”.

Car, selon Hiroya Masuda, vice-président du panel et PDG de la poste japonaise, cité par la NHK, le Japon n’a plus le choix : “Si on échoue à réaliser ces chiffres, on assistera à l’effondrement du système de la protection sociale. […] Il est hors de question de laisser tomber.”