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Des gens réclament de la nourriture dans la ville de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza.

Gaza : l’aide humanitaire n’entre qu’au compte-gouttes depuis le début du nouvel an

© UNICEF/Abed Zagout
Des gens réclament de la nourriture dans la ville de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza.

Gaza : l’aide humanitaire n’entre qu’au compte-gouttes depuis le début du nouvel an

Paix et sécurité

Même si 193 camions transportant des fournitures sont entrés mercredi à Gaza par les points de passage de Rafah et de Kerem Shalom, depuis le début du nouvel an l’aide humanitaire n’arrive qu’au compte-gouttes dans la partie septentrionale de l’enclave palestinienne, ont indiqué jeudi les Nations Unies. 

Les partenaires humanitaires sont toujours préoccupés par les multiples rejets des demandes d’accès dans le nord de Wadi Gaza. Ils mettent en garde contre l’effondrement des services de santé à Deir al Balah et à Khan Younis, où les hostilités se sont intensifiées, causant encore plus de victimes, d’insécurité et d’obstacles à la fourniture de l’aide.

Selon le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA), « entre le 1er et le 10 janvier, seul près de 15% (3 sur 21) des livraisons prévues de nourriture, de médicaments, d’eau et d’autres fournitures vitales au nord de Gaza ont eu lieu ». Les partenaires humanitaires ont été contraints d’annuler ou de retarder les missions dans deux cas, en raison « de retards excessifs aux points de contrôle israéliens ou de l’impraticabilité des itinéraires convenus ». 

L'UNICEF livre 4 000 couvertures à deux hôpitaux, dans le sud de la bande de Gaza.
© UNICEF/Eyad El Baba
L'UNICEF livre 4 000 couvertures à deux hôpitaux, dans le sud de la bande de Gaza.

L’obstacle, c’est l’accès

Selon l’OCHA, la capacité des partenaires humanitaires à répondre aux besoins importants au nord de Gaza est limitée par « les refus récurrents d’accès pour les livraisons d’aide et par l’absence d’un accès sûr coordonné par les autorités israéliennes ».

« Ces refus et ces graves contraintes d’accès paralysent la capacité des partenaires humanitaires à répondre de manière significative, cohérente et à grande échelle », regrette l’agence onusienne. 

Entre le 7 et le 10 janvier, plusieurs missions prévues pour livrer des fournitures médicales urgentes à la pharmacie centrale de la ville de Gaza, ainsi que des missions prévues pour livrer du carburant aux installations d’eau et d’assainissement dans la ville de Gaza et dans le nord, ont été refusées par les autorités israéliennes. Il s’agit du cinquième refus d’une mission à la pharmacie centrale de la ville de Gaza depuis le 26 décembre. 

« En conséquence, les hôpitaux du nord de la bande de Gaza n’ont toujours pas un accès suffisant aux fournitures et équipements médicaux vitaux », a signalé l’OCHA. 

« L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a dû annuler six missions prévues dans le nord de Gaza depuis le 26 décembre... L’obstacle à l’acheminement de l’aide humanitaire à la population de Gaza ne réside pas dans les capacités de l’ONU, de l’OMS ou de nos partenaires. L’obstacle, c’est l’accès », a déclaré mercredi le Dr Tedros, le Directeur général de l’OMS.

Des employés de l'ONU ont visité l'hôpital Al-Aqsa à Gaza et ont déclaré avoir vu un grand nombre de blessés amenés pour des soins d'urgence, à la suite d'une explosion.
OMS vidéo
Des employés de l'ONU ont visité l'hôpital Al-Aqsa à Gaza et ont déclaré avoir vu un grand nombre de blessés amenés pour des soins d'urgence, à la suite d'une explosion.

Une « détérioration significative » du taux de refus d’accès

Dans l’ensemble, le taux de refus d’accès observé jusqu’à présent en janvier représente « une détérioration significative » par rapport à celui de décembre 2023, où plus de 70% (13 sur 18) des missions de l’ONU prévues dans le nord ont été coordonnées et entreprises, là où les besoins sont estimés être les plus élevés et les plus graves. 

Chaque jour d’aide manquée se traduit par des vies perdues et des souffrances pour des centaines de milliers de personnes dans le nord de Gaza

« Chaque jour d’aide manquée se traduit par des vies perdues et des souffrances pour des centaines de milliers de personnes qui restent dans le nord de Gaza », rappelle l’OCHA.

Sur le terrain, les bombardements intenses dans la bande de Gaza continuent de faire des victimes et de détruire et d’endommager des infrastructures civiles essentielles.

Entre le 7 octobre et le 10 janvier 2024, au moins 23.357 Palestiniens ont été tués à Gaza et près de 60.000 Palestiniens auraient été blessés, selon le ministère de la santé de Gaza.  

Depuis le début de l’opération terrestre, 184 soldats ont été tués et 1.076 soldats ont été blessés à Gaza, selon l’armée israélienne. Plus de 1.200 Israéliens et ressortissants étrangers ont été tués en Israël, dont 36 enfants, selon les autorités israéliennes, la grande majorité le 7 octobre. 

Par ailleurs, 1,9 million de personnes, soit près de 85 % de la population totale de Gaza, sont estimées déplacées à l’intérieur du pays, dont beaucoup ont été déplacées plusieurs fois, les familles étant obligées de se déplacer à plusieurs reprises en quête de sécurité. Près de 1,72 million de personnes déplacées sont hébergées dans 155 installations de l’Agence de l’ONU pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) dans les cinq gouvernorats, dont 160.000 dans le nord et dans la ville de Gaza.