Thierry Breton propose un fonds de 100 milliards d’euros pour l’industrie de la défense européenne

Type de contenu:

Actualités Basé sur des faits, soit observés et vérifiés directement par le journaliste, soit rapportés et vérifiés par des sources bien informées.

« Pour nous assurer que l’ensemble de l’industrie travaille toujours plus ensemble, nous devons mettre en place des mesures d’incitation », a déclaré mardi Thierry Breton, responsable du portefeuille de l’industrie de la défense à la Commission européenne. [EPA-EFE/RONALD WITTEK]

Le commissaire européen au Marché intérieur, Thierry Breton, a proposé mardi (9 janvier) un fonds de 100 milliards d’euros pour stimuler la production de l’industrie de la défense de l’UE et la collaboration entre les États membres, les entreprises et les autres acteurs.

La Commission européenne s’apprête à dévoiler, le 27 février prochain, la toute nouvelle stratégie industrielle de défense européenne (EDIS). Cette dernière vise à renforcer la capacité de production d’armes et de munitions sur le continent, tout en encourageant la coopération transfrontalière.

« Pour nous assurer que l’ensemble de l’industrie travaille toujours plus ensemble, nous devons mettre en place des mesures d’incitation », a déclaré mardi M. Breton, responsable du portefeuille de l’industrie de la défense à la Commission européenne.

« Je crois que nous avons besoin d’un important fonds de défense, pour aider — accélérer même — [la production], probablement de l’ordre de 100 milliards d’euros », a indiqué M. Breton lors d’un évènement organisé par le groupe politique libéral Renew Europe.

« Supposons que vous travailliez ensemble — comme cela a été fait pour le Fonds européen de défense [FED] —, quatre pays, différentes entreprises, y compris des petites et moyennes entreprises, et bien nous pouvons vous aider en soutenant à l’avance ce que vous allez faire », a déclaré M. Breton, en donnant plus de détails sur les incitations éventuelles.

Ces derniers mois, les industries de défense européennes, les États membres de l’UE et d’autres acteurs clés ont pu envoyer leurs idées et propositions pour l’élaboration de la stratégie en répondant à des questionnaires envoyés par la Commission.

La Commission européenne a déjà présenté différents programmes pour aider les États membres et les industries à stimuler la production en finançant des achats conjoints pour l’Ukraine dans le cadre de l’instrument visant à renforcer l’industrie européenne de la défense au moyen d’acquisitions conjointes (EDIRPA) et en investissant dans des lignes de production de munitions dans le cadre de l’action de soutien à la production de munitions (ASAP).

Défense : la Commission européenne demande conseil à l’industrie et aux États membres

La Commission européenne a décidé de consulter les États membres de l’UE et les industriels de l’armement pour sa proposition visant à rendre l’industrie de la défense plus flexible et moins dépendante de pays tiers. Euractiv a pu consulter les questions qui leur ont été posées.

18 mois pour s’adapter

Thierry Breton a également insisté sur le fait qu’il était « tout à fait » possible pour l’Union européenne d’atteindre son objectif de produire un million d’obus d’artillerie, que les États membres s’étaient engagés l’année dernière à fournir en mars à l’Ukraine.

Malgré la prudence exprimée par le chef de la diplomatie de l’UE, Josep Borrell, ainsi que par des ministres nationaux tels que le ministre allemand de la Défense, Boris Pistorius, M. Breton a déclaré que les Européens respecteront leur engagement « d’ici mars ou avril ».

« Mais ce n’est pas suffisant, car nous devons nous assurer que nos prévisions correspondent plus ou moins à la production de la Russie », a-t-il poursuivi, ajoutant qu’il était convaincu que « dans les 18 mois ou deux ans à venir, nous serons au même niveau que la Russie ».

Le budget actuel de l’UE ne prévoit toutefois pas une enveloppe financière suffisante pour atteindre un tel objectif, qui reposerait très probablement sur le soutien de sources de financement privées, telles que les banques.

Lors de leur dernier sommet de décembre, les dirigeants européens ont réitéré leur appel en faveur d’un « renforcement du rôle du groupe de la Banque européenne d’investissement à l’appui de la sécurité et de la défense européennes », bien que la banque, qui est dirigée par les ministres des Finances de l’UE, soit restée jusqu’à présent réticente à l’idée de financer des investissements dans le domaine de la défense.

L’Europe doit être prête à la guerre d’ici la fin de la décennie, selon le ministre allemand de la Défense

L’Europe « pourrait être confrontée à des dangers » en provenance de Russie d’ici la fin de la décennie. Les pays de l’UE doivent développer leurs industries de défense afin d’être prêts, a déclaré le ministre allemand de la Défense, Boris Pistorius, lors d’une interview à Welt am Sonntag samedi (16 décembre).

Plus d’informations le 1er février

M. Breton a déclaré que son équipe finalisait actuellement une « position sur l’industrie de la défense pour la fin du mois de février », « qui sera discutée lors du prochain sommet » européen prévu pour le 1er février.

Le chancelier allemand Olaf Scholz a indiqué lundi (7 janvier) que les États membres avaient besoin, pour le 1er février au plus tard, « d’une vue d’ensemble aussi précise que possible de la contribution concrète que nos partenaires européens apporteront au soutien de l’Ukraine cette année ».

Un débat sur les résultats entre les dirigeants de l’UE devrait faire monter la pression sur des pays comme la France, l’Italie et l’Espagne, qui ont donné comparativement peu de matériel militaire à l’Ukraine jusqu’à présent, d’après les informations accessibles au public.

Selon l’Institut Kiel, qui recense les promesses publiques d’aide militaire à l’Ukraine, l’Allemagne a été le deuxième donateur l’année dernière, juste derrière les États-Unis, avec 17,1 milliards d’euros. Elle est suivie par le Royaume-Uni, avec 6,6 milliards d’euros, et par les États membres du nord et de l’est de l’UE.

À titre de comparaison, la France n’a jusqu’à présent contribué qu’à hauteur de 0,54 milliard d’euros, l’Italie à hauteur de 0,69 milliard d’euros et l’Espagne à hauteur de 0,34 milliard d’euros.

Suède : le ministre de la Défense et le commandant en chef mettent en garde contre une guerre éventuelle

Le ministre suédois de la Défense civile, Carl-Oskar Bohlin, et le commandant en chef du pays, Micael Bydén, s’accordent à dire que la Suède pourrait bientôt être confrontée à une guerre et appellent à une plus grande résilience, notamment de la part de la population civile.

[Édité par Anne-Sophie Gayet]

Inscrivez-vous à notre newsletter

S'inscrire