La question de l’interdiction de l’AfD de nouveau sur la table en Allemagne

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La nouvelle a été publiée par Correctiv, une salle de rédaction d’investigation indépendante à but non lucratif, qui évoque une réunion secrète à laquelle ont participé de hauts responsables politiques de l’AfD, des néonazis et des hommes d’affaires influents dans un hôtel près de Potsdam à la fin du mois de novembre. [EPA-EFE/MARTIN DIVISEK / POOL]

Les révélations selon lesquelles des membres du parti d’extrême droite allemand AfD (Alternative pour l’Allemagne) ont secrètement rencontré des extrémistes néonazis et des hommes d’affaires dans un hôtel en novembre ont suscité de nouveaux appels pour que le parti soit exclu du parlement, bien qu’il recueille actuellement 22 % d’opinions favorables, soit plus que n’importe lequel des partis au pouvoir.

La nouvelle a été publiée par Correctiv, un journal d’investigation indépendant à but non lucratif, qui évoque une réunion secrète à laquelle ont participé de hauts responsables politiques de l’AfD, des néonazis et des hommes d’affaires influents dans un hôtel près de Potsdam à la fin du mois de novembre.

Mais alors que cette révélation a secoué la scène politique allemande, des responsables politiques de haut rang s’étant prononcés en faveur de l’exclusion de l’AfD, le gouvernement fédéral semble faire preuve de davantage de prudence.

« J’ai une certaine sympathie pour [une telle interdiction], cela ne fait aucun doute », a déclaré Daniel Günther (Union chrétienne-démocrate, CDU/PPE), ministre-président de l’État du Schleswig-Holstein, dans une interview accordée au Hamburger Abendblatt mercredi.

« Nous réalisons à quel point ils sont dangereux. Même ici, dans le Schleswig-Holstein », a-t-il ajouté.

Mais il se pourrait que la prudence soit de mise, car l’interdiction d’un parti n’est pas une mince affaire.

Outre le fait que la Cour constitutionnelle allemande s’est opposée à l’interdiction de l’extrémiste Parti national démocrate (NPD) en 2017, principalement parce qu’il était considéré comme n’ayant pas assez d’influence à l’époque, il serait probablement difficile de s’attaquer à un parti populaire comme l’AfD.

En effet, contrairement au NPD à l’époque, l’AfD obtient actuellement un pourcentage d’opinions favorables supérieur à tous les partis de la coalition avec 22 %, ce qui le place juste derrière la CDU, selon un sondage récent. L’AfD est également en tête des sondages bénéficiant de marges significatives en Saxe, en Thuringe et dans le Brandebourg, les trois États dans lesquels des élections régionales sont prévues cette année, selon un sondage publié par ntv jeudi.

C’est pourquoi le ministre de la Justice Marco Buschmann (Parti libéral-démocrate, FDP/Renew Europe) est particulièrement prudent, soulignant que si l’Allemagne devait s’engager dans la voie de l’exclusion de l’AfD, il faudrait être sûr de réussir.

« Car si l’on devait […] jouer avec un risque considérable […], alors il y a, bien sûr, la menace d’une victoire de l’AfD en termes de communication », a-t-il déclaré.

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Des points de vue controversés sur la remigration

Lors de la réunion secrète de novembre, les participants ont discuté de la « remigration » et se sont vu présenter un plan visant à expulser les résidents indésirables en Allemagne, tels que les « citoyens non assimilés », ce qui revient à remettre en question les droits fondamentaux des citoyens allemands qui ne rentrent pas dans leurs critères.

Ce plan a suscité une vive réaction de la part de M. Scholz, qui a déclaré sur X que « Quiconque s’oppose à notre ordre démocratique libre et fondamental constitue un cas pour notre Office de protection de la Constitution et du pouvoir judiciaire ».

L’AfD a réagi en déclarant que ce qui avait été discuté ne pouvait être lié à l’AfD en tant que parti.

« L’AfD ne changera pas sa position sur la politique d’immigration, qui se trouve dans le programme du parti, à cause de l’opinion d’un seul individu lors d’une réunion qui n’était pas un événement de l’AfD », a déclaré le service de presse du parti à Euractiv.

Mais un nombre croissant de responsables politiques de haut niveau demandent à ce que l’AfD soit surveillée de près.

Alors que la co-dirigeante du Parti social-démocrate (SPD/S&D) Saskia Esken a déclaré à ntv que « nous ne devrions pas attendre que l’AfD soit trop influente », la ministre allemande de l’Intérieur Nancy Faeser (SPD) a déclaré à Sternt que « personne ne devrait sous-estimer le danger [de l’extrémisme] ».

« Nous constatons une fois de plus qu’il est nécessaire et juste que l’Office de protection de la Constitution surveille de très près […] la manière dont les ennemis de la Constitution se connectent aux représentants de l’AfD et quelles idéologies inhumaines y sont propagées », a ajouté la ministre.

Du côté de l’opposition conservatrice, le membre du Bundestag Roderich Kiesewetter (CDU) estime qu’une interdiction de l’AfD est envisageable à la suite de ces révélations, selon tagesschau.de.

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