Un homme de 76 ans, qui avait blessé d’un coup de cutter au menton un jardinier après l’avoir traité de « bougnoule », à Villecresnes (Val-de-Marne), a été condamné lundi 15 janvier à Créteil à un an de prison ferme sous bracelet électronique. Il devra en outre payer 5 000 euros à la victime. Le tribunal de Créteil l’a déclaré coupable de « violences volontaires en raison de la race, de l’ethnie ou de la religion, de « dégradations » et « d’injures racistes ».
Le 17 novembre 2023, vers 14 heures, le septuagénaire s’était emporté en constatant qu’une camionnette d’une entreprise de jardinage bloquait sa sortie d’une impasse. « Espèce de sale bougnoule », a-t-il notamment lancé avant de se saisir d’un cutter et d’entailler sur dix centimètres de longueur la gorge du jardinier âgé de 29 ans. Une vidéo prise par la victime et deux vidéos issues de caméras de vidéosurveillance avaient été diffusées par Médiapart.
« Ils m’ont recousu, j’ai eu des agrafes, 76 points de suture », a déclaré à l’audience le jeune homme, très ému, ajoutant : « Il a 76 ans, l’âge de ma grand-mère, jamais je me suis dit qu’il aurait mis un coup de cutter. »
La question du racisme au cœur des débats
« Je regrette un mouvement de colère, je voudrais présenter mes excuses », a dit le prévenu, masque bleu sur le visage. Pour sa défense, Me Caroline Gerbaud a assuré que filmer la scène avait pu « envenimer la situation ».
« Qu’est-ce que ça veut dire “un bougnoule” ? », a demandé la juge au septuagénaire. « Un Maghrébin », a-t-il fini par répondre, après plusieurs relances. « Monsieur, est-ce que vous êtes raciste ? », l’a interrogé une assesseure. « Pas du tout », a-t-il assuré.
Le prévenu, c’est « factuel, (…) est raciste », a tranché l’avocat de la victime, Me Mourad Battikh, pour qui « cette idéologie, il en est aussi la victime, avant d’en être le bras armé ».
Interrogé par les journalistes après l’audience, le jardinier s’est dit « très déçu » : « J’attendais quand même la requalification en tentative de meurtre. » Le parquet, comme l’avocate de la défense, ont assuré qu’il n’y avait pas d’intention d’homicide, relevant que le pronostic vital de la victime n’avait jamais été engagé.
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