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"La peur doit changer de camp": Sandrine Josso, droguée à son insu, s’engage à l’Assemblée

Sandrine Josso, la députée de Loire-Atlantique qui a porté plainte contre le sénateur Joël Guerriau en l’accusant de l'avoir droguée en vue de l'agresser sexuellement, va s'engager à l’Assemblée nationale sur le sujet de la soumission chimique. Elle était l’invitée d’"Apolline Matin" ce mardi sur RMC.

Un nouveau combat pour Sandrine Josso, à l’Assemblée nationale. La députée de Loire-Atlantique (Modem) a porté plainte contre le sénateur Joël Guerriau, l’accusant de de l'avoir droguée en vue de l'agresser sexuellement le 14 novembre dernier à Paris. Il a été mis en examen trois jours plus tard pour "administration à une personne, à son insu", placé sous contrôle judiciaire, et suspendu par le parti Horizons et le groupe sénatorial Les Indépendants, République et Territoires. "Je vais de mieux en mieux, confie Sandrine Josso dans Apolline Matin ce mardi sur RMC et RMC Story. Aujourd’hui, c’est un jour important pour moi parce que je passe de femme victime à députée de la Nation qui s’engage sur le sujet."

A l’Assemblée, elle va appeler ce mardi à la création d'une mission gouvernementale sur la soumission chimique. "Je vais interpeller le gouvernement pour leur demander d’agir, de faire en sorte que la soumission chimique ne puisse pas continuer ainsi dans notre pays, explique-t-elle. On a ce problème d’ordre public, de santé, un problème judiciaire et également d’éducation. Il est urgent de mettre des choses en place. J’ai déjà travaillé avec mon équipe pour découvrir tous les dysfonctionnements, à tous les niveaux, dans ce problème."

"J’ai eu la force de m’extirper de cette situation, de ce guet-apens. J’ai eu cette force, mais beaucoup de victimes n’ont pas pu (le faire), pour plein de raisons. C’est tellement sidérant quand ça vous arrive. Vous perdez tellement le contrôle de vous-même. C’est aussi pour toutes ces victimes qui aujourd’hui sont parfois dans l’oubli, sont ravagées, et qui ont des conséquences dans leur vie quotidienne, que je m’engage", ajoute Sandrine Josso.

L'invité du jour : Sandrine Josso - 16/01
L'invité du jour : Sandrine Josso - 16/01
10:05

"Je dois mobiliser beaucoup d’énergie, mais je sais que je vais y arriver"

La députée de Loire-Atlantique dénonce un "véritable fléau". "Il faut que la peur change de camp, souligne-t-elle. On a la perception, pour beaucoup de victimes, que le droit des victimes est inférieur au droit des coupables dans ce domaine. Cette domination, cette prédation, il faut vraiment qu’elles cessent. C’est aussi pour ça que pendant ma convalescence, j’ai été interpellée par une association qui s’est appelle M’endors pas. Ce témoignage m’a tellement touchée. Sa maman a été droguée pendant des années (par son mari), elle a été violée par plus de 80 hommes. C’est absolument terrible. Des histoires comme ça, il y en a tous les jours, à n’importe quel âge. Ça peut arriver à n’importe qui."

Victime de stress post-traumatique, Sandrine Josso veut aussi lutter contre cette "vulnérabilité". "Comme beaucoup de victimes, je me suis sentie amoindrie, avec l’impression d’être au ralenti. Le stress post-traumatique, c’est un enfer, que des milliers de Français vivent. Il faut qu’il soit mieux pris en compte dans la société. Retrouver une vie normale après, c’est difficile. Tous les jours, je dois me mobiliser, faire des efforts. Et encore, j’ai échappé à ce prédateur. Pour toutes les victimes qui sont dévastées, on doit s’engager."

"Je n’appréhende pas (ce moment à l’Assemblée), assure la députée. Mais je sais qu’il me faut beaucoup de courage pour affronter le regard des autres, le questionnement. Comme je sens vulnérable, je dois mobiliser beaucoup d’énergie, mais je sais que je vais y arriver. C’est aussi pour toutes ces victimes dans l’ombre que je vais faire tout ce qui est en mon pouvoir pour que ça change dans la société."

LP