Alertes à la bombe : un mineur de 13 ans, soupçonné d’être à l’origine d’au moins 380 faux signalements, mis en examen

INFO LE PARISIEN. Cet adolescent de 13 ans qui souffrirait de troubles de comportement a été identifié et interpellé par la police judiciaire d’Angers en début de semaine. Il est soupçonné d’être l’auteur de plusieurs centaines de fausses alertes à la bombe sur le tout le territoire.

Plusieurs aéroports et musées français avaient été visés par des fausses alertes à la bombe fin 2023 (Illustration). LP/Olivier Lejeune
Plusieurs aéroports et musées français avaient été visés par des fausses alertes à la bombe fin 2023 (Illustration). LP/Olivier Lejeune

    Le ministre de la Justice Éric Dupond-Moretti avait promis, dans un langage fleuri, de retrouver « ces petits guignols » : les actes suivent. Un adolescent de 13 ans originaire de Laval (Mayenne), soupçonné d’être à l’origine de 380 fausses alertes à la bombe sur tout le territoire, notamment dans des aéroports, a été notamment été mis en examen pour divulgation d’information fausse afin de faire croire à une destruction dangereuse et menaces de mort.

    Le garçon avait été identifié et interpellé à Laval par la police judiciaire d’Angers (Maine-et-Loire) en début de semaine. Il parait souffrir de troubles importants de la personnalité, selon le parquet de Rennes. Une mesure éducative judiciaire provisoire pour une durée d’un an a été prise à l’encontre de l’adolescent. Selon Philippe Astruc, le procureur de la République de Rennes, le mineur aurait avoué avoir agi par « jeu » sans aucune considération politique ou religieuse.

    Le 15 janvier 2024, le parquet de Rennes avait ouvert une information judiciaire confiée à un juge d’instruction après une série d’alertes à la bombe à Rennes, début janvier, notamment à la gare, à l’INSA, à l’aéroport et au siège de Ouest France. Lundi et mardi, plusieurs membres d’une même famille (2 parents et 2 enfants) avaient été interpellés et placés en garde à vue sur commission rogatoire par le SIPJ 35 et 49 assistés de la Direction départemental de la police nationale.

    Mis rapidement hors de cause, les parents et l’un des enfants avaient été remis en liberté le 16 janvier en fin de journée. « Mais le plus jeune des enfants de la famille, un mineur né en 2010, scolarisé en 4e, a reconnu être l’auteur de nombreuses alertes à la bombe sur l’ensemble du territoire national », a annoncé le parquet de Rennes ce jeudi dans un communiqué, confirmant nos informations.

    Il utilisait un VPN

    « A ce stade des investigations, plusieurs centaines de fausses alertes sur tout le territoire national (notamment au préjudice d’aéroports, tribunaux, universités …) pourraient être imputées à ce mineur. Un travail d’identification précise de ces faits est en cours et donnera lieu à des saisines complémentaires du magistrat instructeur », a affirmé Philippe Astruc, le procureur de la République de Rennes.

    Le mineur qui utilisait un VPN pour masquer son adresse IP a été confondu grâce à des investigations techniques et à l’activation de la coopération internationale. A ce titre, le procureur de la république a rendu hommage au travail de la police judiciaire. L’auteur présumé est le troisième mineur identifié concernant de fausses alertes à la bombe sur le ressort du tribunal judiciaire de Rennes.

    Contacté par Le Parisien, le ministère de la Justice assure que sa priorité reste de « retrouver tout le monde ». Au 16 janvier 2024, 192 enquêtes pour fausses alertes à la bombe avaient été ouvertes, une enquête pouvant porter sur plusieurs faits. Une trentaine de ces procédures ont pour l’heure donné suite à des poursuites judiciaires. « Il s’agit souvent de mineurs ou de jeunes majeurs », détaille la Chancellerie, d’après qui « l’immense majorité des personnes identifiées et interpellées ne font état d’aucun lien avec les attentats ou la situation internationale » au Moyen-Orient. Il s’agit le plus souvent de « mauvaises blagues », ajoute le ministère de la Justice.

    Des dommages et intérêts à verser ?

    Ces fausses alertes à la bombe restent répréhensibles. D’après le Code pénal, « le fait de communiquer ou de divulguer une fausse information dans le but de faire croire qu’une destruction, une dégradation ou une détérioration dangereuse pour les personnes va être ou a été commise est puni de deux ans d’emprisonnement et de 30 000 euros d’amende ».

    La peine peut monter jusqu’à 3 ans de prison et 45 000 euros d’amende, « s’il s’agit d’une menace de destruction, de dégradation ou de détérioration dangereuses pour les personnes ».



    Lorsqu’il s’agit d’un mineur et si les faits sont avérés, les parents peuvent avoir à payer d’importants dommages et intérêts, cumulatifs en fonction du nombre de fausses alertes déclenchées. Leurs montants sont définis par la justice en fonction des « conséquences » de ces signalements, que ce soit auprès des établissements touchés, ou des personnes s’y trouvant qui peuvent « être traumatisées ».

    Ce jeune de 13 ans - qui pourrait donc risquer gros - n’est pas le premier adolescent suspecté d’être à l’origine de telles alertes qui est arrêté. En novembre par exemple, un jeune de 16 ans avait été mis en examen à Montauban (Tarn-et-Garonne) pour avoir provoqué une fausse alerte à la bombe ayant mené à l’évacuation d’un lycée du Haut-Rhin. Mi-octobre, deux élèves de 11 et 12 ans avaient également été arrêtés en Seine-et-Marne pour de fausses menaces terroristes visant un collège.

    Une épidémie qui se poursuit

    Les fausses alertes à la bombe ont largement touché l’ensemble du pays depuis la rentrée 2023. De nombreux établissements scolaires ont été impactés, la préfecture de police de Paris ayant évoqué au mois d’octobre une hausse de 25 % de ces actes, ainsi que des fausses dénonciations d’intrusions dans les établissements scolaires de l’Île-de-France. Presque l’intégralité des aéroports régionaux avait également été visée - certains plusieurs fois -, tout comme des lieux culturels, tels que le château de Versailles, à plusieurs reprises évacué.



    Celles-ci se poursuivent depuis le début de l’année 2024, des établissements scolaires ayant encore été touchés. Selon la Voix du Nord, le campus de l’université d’Arras (Pas-de-Calais) a été dernièrement évacué le 8 janvier, pour la troisième fois en deux mois. Autre exemple, dix établissements scolaires de Rouen (Seine-Maritime) ont été touchés par plusieurs alertes à la bombe simultanément ce mardi, selon France 3 Normandie. Fin décembre, plusieurs mairies de tout le pays avaient également dû être évacuées.

    Chaque signalement contraint les forces de l’ordre et les démineurs à se déplacer, afin de procéder à une levée de doute. Ces signalements se font généralement par mail, par téléphone ou directement en ligne par la plateforme masecurite.interieur.gouv.fr (anciennement « moncommissariat.fr »). « S’il y a un message que je veux faire passer c’est : on retrouve tout le monde », via les adresses IP ou les numéros de téléphone, avait prévenu à ce sujet le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin à la mi-octobre.