« C’est la douche froide » : Pimkie va fermer 100 boutiques en deux ans, 496 emplois supprimés

Grand coup de ciseau au sein des effectifs de la marque de prêt-à-porter : plus d’un tiers des postes et des magasins vont disparaître d’ici un an. La direction assure vouloir se « réinventer » et reconquérir les 18-25 ans.

97 magasins Pimkie sont appelés à fermer le rideau entre l’été 2022 et la fin 2024 – soit près d’un sur 3, sur un total initial d’environ 300 boutiques en France. (Illustration) LP/Philippe Lavieille
97 magasins Pimkie sont appelés à fermer le rideau entre l’été 2022 et la fin 2024 – soit près d’un sur 3, sur un total initial d’environ 300 boutiques en France. (Illustration) LP/Philippe Lavieille

    La cadence des fermetures de magasins s’accélère et s’amplifie pour l’enseigne de prêt-à-porter Pimkie. Sans surprise, la direction a annoncé ce jeudi matin un nouveau plan, lors d’un comité social et économique (CSE) extraordinaire, à Villeneuve-d’Ascq (Nord), et ce, moins d’un an après avoir signé un premier PSE qui prévoyait déjà la fermeture, d’ici 2027, de 63 boutiques.

    Désormais ce sont donc 100 magasins appelés à fermer le rideau entre l’été 2022 et la fin 2024 – soit près d’un sur 3, sur un total initial d’environ 300 boutiques en France. Tous devront avoir rendu les clés d’ici la fin de l’année. C’était déjà chose faite pour 23 d’entre eux le 31 décembre dernier.

    « Les salariées n’auront pas le temps de se retourner »

    Cette restructuration va s’accompagner de 496 suppressions d’emplois au sein de l’enseigne qui comptait encore fin décembre 1 375 employés. Outre les vendeurs - essentiellement des vendeuses - des boutiques vouées à disparaître, 42 salariés sur les 143 que compte le siège social du Nord vont aussi perdre leur travail. Une partie a déjà quitté l’entreprise : fin 2023, 82 licenciements économiques avaient été notifiés.

    « C’est la douche froide, c’est un tsunami qui nous est tombé dessus. On est très en colère, souffle Marie-Annick Merceur, déléguée syndicale CFDT et vendeuse à Brest (Finistère) depuis 37 ans. Les 36 nouvelles boutiques concernées doivent avoir fermé en juillet prochain, vous vous rendez compte ? C’est si court pour les salariées, elles n’auront pas le temps de se retourner… »



    Emmanuelle Merzeaud, déléguée CGT, 24 ans d’ancienneté, responsable de boutique à Bordeaux, a ainsi appris que celle-ci allait fermer, tout comme les trois autres magasins restants dans cette ville. « Plus de magasins Pimkie à Bordeaux, ni à Lille, à Toulouse non plus. Mais en quittant ces grosses agglomérations, comment notre direction compte-t-elle faire de l’argent? », s’interroge-t-elle.

    Dans un communiqué, la direction de Pimkie justifie précisément sa décision par « le contexte économique, la baisse de fréquentation dans les points de vente et l’inflation », qui ont « impacté considérablement les ventes et les résultats économiques ». Voilà qui alourdit donc un peu plus le plan de restructuration enclenché par les nouveaux dirigeants de l’enseigne - vendue début 2023 par la famille Mulliez (Auchan) à un consortium de repreneurs (Lee Cooper France, Amoniss et Ibisler Tekstil).

    14 magasins affiliés à l’enseigne Miniso

    Pimkie annonce aussi, vouloir « diversifier son activité en affiliant 14 autres magasins de son réseau à l’enseigne Miniso », chaîne d’accessoires chinoise qui a mis le pied en France en 2021, sous la houlette de plusieurs investisseurs dont l’ancien journaliste de Canal + Ariel Wizman, devenu entrepreneur.

    Le rapprochement ne semble pas aller de soi, entre les collections de prêt-à-porter milieu de gamme, et le très large éventail d’articles à petits prix de Miniso – produits de beauté, peluches, déco, papeterie. Mais il doit permettre, assure Pimkie, de « préserver 96 postes ».

    « Je ne vois pas comment les employés concernés vont rester une fois leurs postes transférés. Ils ne dépendront même plus de la même convention collective », objecte Marie-Annick Merceur. « C’est un vrai métier, la vente de prêt-à-porter, il est hors de question qu’on oblige nos collègues à vendre des peluches chinoises, elles doivent avoir le choix », martèle de son côté Emmanuelle Merzeaud.

    Deux nouveaux magasins pour tester un nouveau concept

    Toujours par voie de communiqué, Élodie Chelle, directrice générale adjointe de Pimkie, annonce « un nouveau concept de magasin Pimkie », censé ouvrir « dans les semaines à venir. » L’enjeu : « réinventer l’expérience Pimkie et travailler sa désirabilité auprès de notre cible des 18-25 ans. » Deux magasins tests seraient concernés à Nantes et Amiens.

    Cela suffira-t-il à sauver la marque créée en 1971, et secouée comme bien d’autres par la crise qui touche depuis des mois le secteur de l’habillement, ébranlé successivement par le développement du e-commerce, la crise sanitaire et l’inflation ? Certaines enseignes ne s’en sont pas relevées (Camaïeu, Kookaï). « 2024 ne sera pas forcément une année de reprise pour le prêt-à-porter milieu de gamme, estime Gildas Minvielle, économiste au sein de l’Institut français de la mode. Même si l’inflation ralentit, les prix vont continuer à augmenter et de nouveaux acteurs, positionnés sur les petits prix, trouvent leur place dans cette économie de crise », en allusion au développement du site chinois Shein et du britannique Primark.