Qui sont ces néofascistes nostalgiques de Mussolini en Italie ?

Première ministre italienne, Giorgia Meloni, a préféré ne pas commenter ou condamner ce rassemblement illégal et pourtant marginal. "Tout ça est quand même très limité, parce que ça ne concerne qu’un nombre de personnes assez réduit", analyse Jean-Pierre Darnis, Professeur d’histoire contemporaine à la Libre Université Internationale des Études Sociales Guido Carli (LUISS) à Rome. Et puis, dit-il : "oui ils célèbrent de manière horrible des passages qui nous font froid dans le dos, mais enfin, ils ne les répètent pas".

Pas de risque du terrorisme fasciste. Pourtant le 9 octobre 2021, ces militants ont saccagé le siège du plus grand syndicat italien. Ce jour-là, la violence néofasciste choque l’Italie, explique le journaliste Paolo Berizzi, du quotidien La Republica, lui-même menacé par l’extrême droite. "Le 9 octobre, même les plus distraits en Italie, les observateurs qui avaient minimisé le fascisme, sous-évalué le phénomène, qui l’avaient classé comme marginal ou comme un non-problème, tous ces gens se sont rendu compte que le fascisme existait encore en Italie."

La nébuleuse néofasciste tourne autour de deux groupes principalement. Il y a Fuorza Nuova, un parti politique en perte de vitesse. Et Casapound, un mouvement social qui compte 20.000 inscrits officiellement et sans doute 300.000 sympathisants.

"Les néofascistes vont pêcher dans l’imaginaire et les idées fascistes pour construire ce qu’ils appellent : le fascisme du troisième millénaire", explique l’écrivain et spécialiste du fascisme Francesco Filippi, auteur de "Y a-t-il de bons dictateurs ?". Et puis, "il y a les fascistes nostalgiques. Ceux qui s’habillent en chemise noire, portent un fez et font le salut romain. Ces deux catégories sont résiduelles à l’intérieur de la population italienne. Ils ne sont pas très nombreux d’un point de vue électoral".

Suzy fait partie des fascistes nostalgiques. Dans son appartement près de Bergame, elle vit dans une sorte de sanctuaire, fascinée par Mussolini. "Pour moi, le fascisme est comme une religion", dit-elle. "Tu dois croire entièrement dans cette personne, dans ce qu’elle a fait et tu dois respecter le contenu, en partant du slogan : Dieu, patrie, famille." Un slogan repris en son temps par Giorgia Meloni. "Est-ce que je vois en elle ce qu’était Mussolini ? Non", nous dit Suzy. "Mais je vois en elle une femme qui croit dans les mêmes valeurs." Trois fois par an, Suzy se rend à Predappio, sur la tombe du Duce.

Ces nostalgiques viennent surtout du nord et du centre de l’Italie. Certains élus du parti de la Première ministre italienne y ont participé dans le passé. "Nous pouvons croire sur parole Giorgia Meloni lorsqu’elle dit qu’elle n’est pas fasciste. On peut même dire que techniquement son parti "Frères d’Italie" n’est pas néofasciste. Mais la vérité est que ce parti est rempli de fascistes", analyse le journaliste Paolo Berizzi.