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Revenus : les inégalités se sont creusées depuis trente ans dans le monde

•Selon l'OCDE, la part du revenu avant impôt des 1 % les plus riches s'est fortement accrue dans les pays occidentaux.•La France fait cependant exception.

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Par Yves Bourdillon

Publié le 2 mai 2014 à 01:01

Les 1 % les plus riches des pays occidentaux disposent d'une proportion du revenu national supérieure à celle de leurs homologues d'il y a trente ans, selon une étude de l'Organisation pour la coopération et le développement économique (OCDE) diffusée hier.

Selon ce rapport, qui s'appuie sur des données collectées par l'économiste français très en vogue actuellement aux Etats-Unis (lire ci dessous) Thomas Piketty, les ménages classés dans le plus haut centile en terme de revenu avant impôts « s 'en sont bien mieux sortis que les familles à revenus moyens ou inférieurs ». Ce phénomène est le plus significatif aux Etats-Unis, où les fameux 1 % décriés par le mouvement Occupy Wall Street touchent désormais 20 % du revenu brut de l'ensemble de la population, une proportion plus de deux fois plus élevée qu'en 1980.

Concurrence internationale

Leurs homologues australiens, canadiens, irlandais et britanniques ont aussi bénéficié d'un phénomène équivalent, alors que leur part du revenu national est resté quasiment inchangée en Espagne, aux Pays-Bas et en France.

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Les pays où les riches disposent de la proportion la plus faible du revenu national sont les Pays-Bas (7 %), les pays scandinaves ou la France (8,5 %), tandis que la proportion la plus élevée se retrouve au Royaume-Uni (13,5 %), en Allemagne et au Canada, les Etats-Unis étant en quelque sorte hors concours, à 20 %, dont 8 % pour les super-riches (0,1 %).

L'étude estime que cette concentration des revenus peut s'expliquer par la concurrence internationale pour les qualifications et les talents pour cause de mondialisation. L'OCDE estime que le phénomène observé depuis trente ans s'explique surtout par la réduction du taux d'imposition maximal, qui dépassait 70 % dans la moitié des pays dans les années 1970 et a été réduit de moitié dans de nombreux pays depuis lors, ce qui n'explique toutefois pas la hausse des inégalités avant impôt.

L'OCDE se demande ensuite comment réduire ces inégalités source de tensions sociales. L'étude reconnaît qu'il est « souvent admis qu'une hausse des taux les plus élevés d'imposition sur le revenu pourrait freiner la croissance économique » en réduisant l'incitation à prendre des risques. Mais il serait possible d'augmenter l'impôt des plus riches par d'autres biais, essentiellement en « réduisant ou annulant les exemptions fiscales qui leur bénéficient de manière disproportionnée », ou en harmonisant « la taxation sur les revenus et celle sur les gains en capitaux » et en luttant contre l'évasion fiscale.

Des membres du 1 % déclassés

A noter que les « riches » constituent une catégorie statistique; leurs membres actuels pouvaient très bien disposer de revenus simplement moyens jadis. A l'inverse, chaque année, un tiers des membres du 1 % sont « déclassés » aux Etats-Unis ou en France. Ces données ont été tirées des déclarations fiscales de 18 pays de l'OCDE, mais cette dernière incite à la prudence dans leur interprétation car elles ne prennent pas en compte les revenus non déclarés, notamment les avantages sociaux, qui réduisent les inégalités.

Une comparaison des revenus des 1 %les plus riches avec le reste de la population n'est pas non plus forcément révélatrice des inégalités dans leur ensemble, qui peuvent être calculées, au prix de conclusions contradictoires, de mille manières différentes, par exemple en comparant les revenus des 10 % les plus riches avec les revenus des 10 % les plus pauvres.

Yves Bourdillon

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