La France va diriger la « coalition d’artillerie » pour Kiev

La nouvelle coalition d’artillerie pour l’Ukraine « vise à renforcer le soutien militaire à Kiev, à la fois sur le court et le long terme », a annoncé le ministère des Armées. [EPA-EFE/SERGEI SUPINSKY / POOL]

La France dirigera une coalition de production de munitions et de missiles pour l’Ukraine, après être parvenue à réduire de moitié ses délais de production de l’artillerie, a déclaré le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, jeudi (18 janvier).

La nouvelle coalition d’artillerie pour l’Ukraine « vise à renforcer le soutien militaire à Kiev, à la fois sur le court et le long terme », a annoncé le ministère des Armées à la suite d’une discussion entre M. Lecornu et son homologue ukrainien, Roustem Oumierov.

Cette mesure intervient après que les pays occidentaux ont promis cet automne d’organiser la production d’armes pour Kiev autour de plusieurs « coalitions de capacités », de manière à maintenir et à intensifier l’aide militaire apportée au pays en guerre, après presque deux ans de combats ininterrompus.

Les cinq coalitions se concentrent sur un type spécifique de capacité de combat : la défense sol-air, les blindés, les forces aériennes (menées par les États-Unis et les Pays-Bas), la sécurité maritime et, depuis ce jeudi, l’artillerie.

On estime que l’Ukraine tire entre 5 000 et 15 000 obus par jour, contre au moins cinq fois plus pour la Russie.

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Les délais de production réduits de moitié

S’exprimant sur France Inter, M. Lecornu a déclaré que le fabricant de canons Caesar, Nexter, avait réduit de moitié le délai de production des obusiers, le faisant passer de 30 à 15 mois.

Cette année, Nexter sera en mesure de produire 78 canons, « c’est pratiquement plus que le parc de notre armée de terre française », a déclaré M. Lecornu.

Paris en achètera 12 pour l’Ukraine, en plus des six canons déjà en cours d’acheminement vers Kiev, a précisé le ministre.

Il a appelé les partenaires de l’Ukraine à « partager cette facture » . « C’est donc l’appel […] que je passe à l’ensemble des alliés dans le cadre de nos coopérations du format de Ramstein. […] On parle de 280 millions d’euros », a-t-il précisé.

M. Lecornu a déclaré que la France participerait financièrement à l’achat d’équipements produits dans d’autres coalitions, notamment en ce qui concerne les systèmes de défense sol-air.

Le ministre français a également déclaré que le pays parviendrait à produire 3 000 munitions de 155 mm par mois à partir de cette année, soit environ 36 000 par an, ce qui représente une augmentation par rapport aux 2 000 obus par mois produits en 2023.

« Il nous faut basculer [dans] une logique de production, qui permet de connecter les industries de défense nord-américaine, et européennes, des alliés, avec l’armée ukrainienne », a déclaré M. Lecornu.

« C’est évidemment un virage important pour nous parce qu’il repose sur notre capacité à passer en économie de guerre, comme on le dit depuis maintenant pratiquement deux ans, c’est-à-dire en clair, d’avoir un système de production, de gestion des stocks, d’organisation du travail qui permet tout simplement de garantir des délais de livraison qui sont compatibles avec un client en guerre », a-t-il ajouté.

Dans des commentaires adressés à France Inter, M. Lecornu a critiqué le classement et les méthodes du groupe de recherche allemand Kiel Insitute, qui placent Paris loin derrière d’autres pays européens en matière de soutien militaire de Kiev.

« Ce qu’ils disent n’est ni fiable, ni viable » et ils « mélangent les choux-fleurs et les carottes », a déclaré M. Lecornu lorsqu’on lui a demandé de commenter le classement de la France.

Le ministre a également déclaré que certains partenaires de l’Ukraine avaient envoyé du matériel de mauvaise qualité sur le champ de bataille.

« Tout ce qui est promis [par la France] est réellement livré et tout ce qui est livré a été promis », en outre « tout ce qui est livré fonctionne », a-t-il déclaré, ajoutant que même s’il ne veut pas critiquer « un certain nombre de nos alliés, mais c’est de notre honneur aussi que d’avoir effectivement livré des dispositifs qui sont fiables ».

« Parfois certains pays, pour des raisons politiques domestiques, ont fait beaucoup d’annonces et derrière les promesses n’ont pas suivi ou quand elles ont été suivies, c’est avec du matériel qui parfois était défectueux », a affirmé M. Lecornu.

Il a nié avoir fait référence à l’Allemagne lorsque le journaliste lui a demandé si c’était à ce pays qu’il pensait lorsqu’il a tenu ces propos.

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[Édité par Anne-Sophie Gayet]

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