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Au Soudan, 10 000 à 15 000 morts dans une seule ville du Darfour

Entre 10 000 et 15 000 personnes ont été tuées depuis avril uniquement à El-Geneina, chef-lieu du Darfour-Ouest, selon un rapport d’experts de l’ONU

Des enfants soudanais ayant fui les combats au Darfour, traversent la frontière avec le Tchad, le 4 août 2023. — © ZOHRA BENSEMRA / REUTERS
Des enfants soudanais ayant fui les combats au Darfour, traversent la frontière avec le Tchad, le 4 août 2023. — © ZOHRA BENSEMRA / REUTERS

Entre 10 000 et 15 000 personnes ont été tuées depuis avril au Darfour, dans l’ouest du Soudan, selon un rapport d’experts de l’ONU vu lundi par l’AFP. Les paramilitaires alliés à des milices arabes ont commis des violations pouvant relever de «crimes contre l’humanité».

Les combats font rage depuis le 15 avril 2023 entre l’armée soudanaise du général Abdel Fattah al-Burhane et les forces de soutien rapide (FSR, paramilitaires) du général Mohammed Hamdane Daglo, ancien numéro deux du pouvoir militaire.

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Le conflit a fait plus de 13 000 morts, selon une estimation de l’ONG Armed Conflict Location & Event Data Project (ACLED), sur laquelle se fonde le bureau des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA) pour son bilan.

«Selon des sources de renseignements, entre 10 000 et 15 000 personnes ont été tuées uniquement à El-Geneina», chef-lieu du Darfour-Ouest, assure le comité d’experts mandatés par le Conseil de sécurité de l’ONU pour surveiller l’application des sanctions contre le Soudan.

Attaques «planifiées»

Le document, transmis aux membres du Conseil de sécurité ne donne pas de bilan global, mais décrit dans le détail les violences «ethniques» dans cette ville tombée en juin aux mains des FSR.

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«Les attaques ont été planifiées, coordonnées et exécutées par les FSR et des milices arabes alliées», qui ont «délibérément visé des quartiers civils […] des camps de déplacés, des écoles, des mosquées et des hôpitaux, pillant également maisons et sites d’ONG internationales et de l’ONU», écrivent les experts.

«Les FSR et milices alliées ont délibérément visé la communauté des Massalit», ethnie non arabe majoritaire dans la ville, ajoutent-ils, évoquant également des tireurs embusqués «placés par les FSR sur les routes principales», s’en prenant «sans distinction aux civils, y compris femmes, femmes enceintes et jeunes».

De manière plus large, «au Darfour-Ouest», les paramilitaires et leurs alliés «ont systématiquement violé le droit humanitaire international». Attaques contre les civils, torture, viols, arrestations de masse, déplacements forcés, pillages: «certaines de ces violations pourraient correspondre à des crimes de guerre ou des crimes contre l’humanité», estiment les experts.