César 2024 : les mis en examen ou condamnés pour violences privés de remise de prix

Quatre ans après l’affaire Polanski, l’Académie des César renforce ses règles : toute personne ayant des démêlés avec la justice est non seulement indésirable à la cérémonie, mais elle ne pourra pas s’y faire représenter ni faire l’objet d’un discours.

Comme l’année dernière, les mis en examen et condamnés pour violences pourront être récompensés. Mais ils seront invisibilisés sur scène et dans les discours.

Comme l’année dernière, les mis en examen et condamnés pour violences pourront être récompensés. Mais ils seront invisibilisés sur scène et dans les discours. Photo Yoan Valat/EPA/MaxPPP

Par Samuel Douhaire

Publié le 24 janvier 2024 à 13h11

Mis à jour le 24 janvier 2024 à 14h06

En 2023, l’Académie des César avait annoncé que les personnes mises en cause par la justice pour des faits de violence ne seraient pas mises en lumière lors de la cérémonie de remise des prix du cinéma français. Pour l’édition 2024, dont les nominations ont été dévoilées mercredi 24 janvier, cette mesure d’invisibilisation va être reconduite et amplifiée, a annoncé l’Académie dans un communiqué.

Prise l’an dernier après l’affaire Sofiane Bennacer, l’acteur des Amandiers, de Valeria Bruni-Tedeschi, mis en examen pour « viol » et « violence sur conjoint », elle pourrait s’appliquer à un certain Gérard Depardieu, mis en examen pour « viols ». En pratique, « sans préjudice de la présomption d’innocence », est-il précisé dans le communiqué, les personnes concernées ne seront pas invitées à la cérémonie des César, ni à aucun des événements associés qu’organise l’Association pour la promotion du cinéma (la Soirée des révélations, le Dîner des nommés, la remise du César des lycéens, etc.).

Samuel Theis pas concerné

La mesure concerne les participants à un film mis en examen ou condamnés pour des faits de violence, notamment à caractère sexiste ou sexuel. Les cinéastes, acteurs, producteurs ou techniciens faisant l’objet d’une plainte pour ces motifs avant son traitement par la justice, ou n’étant visés que par une information judiciaire ou une enquête préliminaire (comme le réalisateur Samuel Theis, accusé de viol pendant le tournage de son nouveau long métrage) ne sont donc pas concernés. Et rien n’empêche les auteurs de violences, quel que soit le stade de leur procédure pénale, d’être nommés, voire récompensés.

Pour parer à cette éventualité susceptible de causer des clashs retentissants pendant la cérémonie le 24 février prochain (se rappeler d’Adèle Haenel quittant la salle lors de l’annonce du prix de la meilleure réalisation pour Roman Polanski en 2020), l’Académie a décidé que « si les votants décidaient d’attribuer un César à une personne faisant l’objet d’une mise en cause judiciaire, ce vote ne donnerait lieu à aucune remise de prix sur scène ni à aucun discours par ou pour la personne concernée ». Ce nouveau dispositif sera évalué après la cérémonie, afin d’« étudier toutes les pistes qui pourraient permettre de l’augmenter, tout en s’inscrivant dans le strict respect du droit des personnes mises en cause ».

Précisons qu’une personnalité de haut rang mise en examen devrait néanmoins être présente à l’Olympia le 24 février : la ministre de la Culture, Rachida Dati, certes mise en cause pour « corruption passive », « trafic d’influence passif » et « recel d’abus de pouvoir » dans une affaire de conseils à une filiale de Renault-Nissan, mais pas pour « violences »…

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