AVEC ELLESEn mathématiques, décrochage général pour les filles dès le CP

En mathématiques, décrochage général pour les filles dès le CP

AVEC ELLESL’étude de l’IPP insiste sur les stéréotypes de genre qui bloquent des filles
Dans une école primaire de Mulhouse (Haut-Rhin) lors de la rentrée 2023. (illustration)
Dans une école primaire de Mulhouse (Haut-Rhin) lors de la rentrée 2023. (illustration) - SEBASTIEN BOZON / AFP / AFP
20 Minutes avec AFP

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Les filles ont en moyenne de moins bons résultats en maths dès la première année d’école primaire (CP). Si le constat est connu des experts, l’Institut des politiques publiques (IPP) relève ce mercredi que ce décrochage fait fi de la géographie comme des familles et concerne tant le public que le privé. Alors qu’à l’entrée en cours préparatoire (CP) les filles ont le même niveau de mathématiques que les garçons, elles décrochent en moyenne dès le milieu de l’année. Un décrochage amplifié et confirmé à l’entrée en CE1, rappelle l’IPP.

Si le constat est déjà connu, « ce décrochage est observé partout dans la société, car il touche tous les milieux sociaux, tous les types d’école et tout le territoire », a résumé un des auteurs de la note, l’économiste Thomas Breda, chargé de recherche CNRS et professeur à l’École d’économie de Paris (PSE). L’équipe de l’IPP a travaillé à partir des évaluations nationales standardisées, des tests de français et de mathématiques administrés à tous les écoliers à l’entrée en primaire, puis en milieu d’année et enfin à l’entrée en CE1.

Sur 2,5 millions d’enfants

Une étude « exhaustive » sur une cohorte de 2,5 millions d’enfants scolarisés sur la période 2018, date de création des évaluations, jusqu’en 2022. Qui mesure leur capacité à additionner, lire, écrire et comparer des nombres, mais aussi avoir un début de notion de quantité. Pour chaque année, ces élèves entrant en CP ont été classés en fonction de leurs résultats aux tests, avant de vérifier leur progrès ou recul dans ce classement en milieu d’année puis à l’entrée en CE1.

L’étude remarque que pour le français, les filles ont un avantage marqué dès le début, qu’elles conservent un peu moins en CE1. En revanche, pour les mathématiques elles perdent du terrain dès la mi-parcours et jusqu’à l’entrée en CE1. Dans cette discipline, le décrochage est même plus marqué chez les filles les plus performantes. C’est « possiblement lié à d’autres types de stéréotypes sur le genre de compétences permettant d’être bon en mathématiques, comme la ''bosse des maths'' », remarque Thomas Breda.

Pas de facteurs familiaux

La variété de facteurs sociaux ou familiaux ne change rien, avec même un décrochage plus prononcé chez l’enfant d’un milieu favorisé, ou moins marqué chez celui appartenant à une famille monoparentale ou élevé par d’autres personnes que ses parents. Quant au fait d’avoir deux parents enseignants ou scientifiques, « ça ne joue pas ». Pas plus que d’étudier dans le public ou le privé, une école confessionnelle ou laïque, avec une pédagogie « classique » ou Montessori.

Seule exception, avec un décrochage moindre, les réseaux d’éducation prioritaire, caractérisés par des tailles de classe réduite, davantage de soutien scolaire et des équipes pédagogiques renforcées. Sans facteur biologique ou génétique expliquant ce décrochage aussi soudain que général, la note « interroge sur le poids des stéréotypes de genre qui pèsent sur les élèves », et « suggère que ceux-ci diffusent tôt et très largement dans la société ».

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