Le « blocus de Paris » suspendu aux annonces du Premier ministre

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Le GNR, ou gazole non routier, est une source de tension depuis que le ministère de l’Économie a décidé de supprimer progressivement les avantages fiscaux pour les agriculteurs. Un sujet également à l’origine des manifestations en Allemagne. [Alexandros Michailidis / Shutterstock]

Le Premier ministre Gabriel Attal doit annoncer des mesures concrètes dans la journée de vendredi (26 janvier), alors que des agriculteurs ont déjà décidé de bloquer la capitale. Les syndicats nationaux pourraient suivre le mouvement si les attentes ne sont pas au rendez-vous.

En milieu de journée, le Premier ministre annoncera des mesures très attendues pour répondre aux attentes des agriculteurs qui manifestent depuis maintenant une semaine. Alors que le mouvement prend de l’ampleur et se déploie dans la quasi-totalité du territoire, il pourrait s’engager dans Paris dès aujourd’hui.

Déjà, dans la journée de jeudi (25 janvier), les sections régionales (Île-de-France) du syndicat majoritaire FNSEA et de Jeunes Agriculteurs ont appelé au « lancement du blocus de Paris » vendredi, à partir de 14 heures.

Du côté de la direction nationale, on est plus prudent. « Le blocage de Paris » doit être un des derniers recours, affirmait le même jour le président de Jeunes Agriculteurs (JA), Arnaud Gaillot, sur la même ligne que la FNSEA.

À 19 heures jeudi, une quarantaine de tracteurs bloquait un rond-point stratégique à Melun (Seine-et-Marne), à 50 kilomètres de Paris.

Pour les syndicats, seule une prise en compte de « l’intégralité » de leurs doléances pourrait empêcher une poursuite du mouvement dans la capitale. 24 propositions ont été envoyées au gouvernement mercredi (24 janvier), après avoir fait remonter les attentes du terrain.

Parmi elles, le « respect absolu » des lois EGAlim – censées protéger les revenus des agriculteurs -, des mesures fiscales en faveur de l’élevage bovin, ou encore un « rejet intégral et immédiat de toutes les surtranspositions », c’est-à-dire des normes françaises plus dures que celles imposées par l’UE.

La FNSEA et JA appellent également à une « une sortie des incohérences du Green deal et de la planification écologique ».

S’ils ne sont pas écoutés, les syndicats ont prévenu qu’ils ne « reculeraient pas ».

En première ligne également, la Coordination rurale, deuxième syndicat français, plutôt classé à droite. Le mouvement était à la tête du dernier « blocus de Paris » en 1992, lors de la libéralisation de la PAC. « Des prix pas des primes » et « un revenu digne pour l’agriculteur » : les slogans sont peu ou prou les mêmes en 2024.

Jeudi, la Confédération Paysanne, syndicat de gauche et proche des écologistes s’est joint au mouvement, insistant surtout sur les revenus des agriculteurs, le plafonnement des prix des matières premières ou la fin des accords de libre-échange.

Vers des concessions sur le gazole, l’élevage et la rémunération

Selon le ministère de l’Agriculture, des propositions concrètes de « mesures de simplification » ont été décidées lors d’une réunion, jeudi, entre le Premier ministre, les ministres de l’Agriculture Marc Fesneau, de l’Économie Bruno Le Maire, et de l’Environnement Christophe Béchu.

« La question du GNR, de l’élevage et de la rémunération des paysans devrait être abordée », précise la même source.

Le GNR, ou gazole non routier, est une source de tension depuis que le ministère de l’Économie a décidé de supprimer progressivement les avantages fiscaux pour les agriculteurs. Un sujet également à l’origine des manifestations en Allemagne, dont le gouvernement prévoyait une fin immédiate de la défiscalisation pour combler les déficits de l’État.

La FNSEA espère une « compensation intégrale pour tous » par un crédit d’impôt.

« À l’heure qu’il est : rien n’est négociable. La balle est dans le camp du gouvernement. Nous verrons demain si c’est acceptable ou non », a prévenu jeudi sur LCI le président de Jeunes Agriculteurs, Arnaud Gaillot.

« Il y a beaucoup de récupération électorale depuis les manifestations », selon l’agriculteur et youtubeur Étienne Fourmont

Éleveur et Youtubeur à plus de 100 000 abonnés, Étienne Fourmont profite de sa notoriété pour faire entendre la voix des agriculteurs en cette période de contestations intenses. Il revient pour Euractiv France sur les enjeux français et européens, et sur l’urgence de changer notre vision du travail des agriculteurs.

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