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Union européenne

Depuis 2019, la France affiche une croissance deux fois supérieure à celle de l’Allemagne

Alors que l'Allemagne a vu son PIB flancher en 2023, la France affiche une croissance de 0,9% sur l'année. Mais, surtout, en moyenne sur les cinq dernières années, son PIB a cru deux fois plus vite.

L’Insee a tranché. L’économie française n’a pas flanché l’année dernière. Le PIB a stagné durant l’été et l’automne, mais comme l’activité économique avait été plus vigoureuse sur les six premiers mois de l’année, la croissance annuelle a quasiment atteint ce sur quoi le ministre de l’économie avait tablé. Bruno Le Maire avait prévu 1%. L’Insee estime la croissance à 0,9%.

Certes, un peu moins de 1% de croissance, cela peut paraître pas grand-chose. Mais pour apprécier cette performance, il convient d'élargir le champ. Et notamment de regarder l’évolution du PIB depuis 2019. Au plus fort du Covid, en 2020, lorsqu'une partie de l'économie était à l'arrêt, la France a fait face à sa plus forte récession depuis la Seconde guerre mondiale en 2020 (-7,5%). Ce trou d'air a été suivi d’un très net rebond en 2021 (+6,4%), le rattrapage se poursuivant en 2022 (+2,5%).

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Puis, au fil des mois, avec la guerre en Ukraine, l’envolée des prix de l’énergie, puis celle des produits alimentaires, l’un des gros moteurs de la croissance en France, la consommation des ménages a perdu de sa vigueur. D’où la croissance nettement plus molle estimée pour 2023 par l'Insee.

+0,7% par an en moyenne depuis 2019 pour la France

Néanmoins, si on fait la moyenne sur les cinq dernières années, on reste, en dépit du Covid et de la guerre en Ukraine, sur une croissance nettement positive avec un niveau annuel moyen de 0,7%. Une performance qui se révèle deux fois meilleure que celle de l’Allemagne (+0,3% en moyenne). Notre premier partenaire commercial reste évidemment la première économie européenne, mais elle a moins joué son rôle de moteur économique du continent. Ce qui n’est pas surprenant.

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La France a en effet mieux rebondi après la crise sanitaire parce que son économie repose davantage sur les services (le tourisme, le commerce, les transports, la finance) alors qu'outre-Rhin, l’atout maître c’est l'industrie. Une industrie qui consomme beaucoup d’énergie. D’où la récession qu’a connue l'Allemagne, l’année dernière avec des prix du gaz du pétrole, de l’électricité bien plus élevés que par le passé. Résultat : entre 2019 et 2023, sa croissance moyenne s’est limitée à 0,3%.

Les boucliers anti-crise gouvernementaux ont bien plus creusé la dette en France qu'en Allemagne

Cela dit, si la France a fait deux fois mieux en moyenne, c’est au prix d’une envolée des dépenses de l’État. Pendant le Covid, pour soutenir ses entreprises et leurs salariés. Puis avec le bouclier tarifaire sur le gaz et l’électricité et les ristournes sur le carburant. Un effort financier colossal qui a fait s’envoler notre dette publique. En 2019, elle représentait 97,4% du PIB. En 2023, on est passé, selon les derniers chiffres de l’Insee, à 111,7%.

En comparaison les Allemands ont été nettement moins dispendieux. Et surtout, leurs dirigeants politiques pouvaient davantage se permettre de sortir le carnet de chèque puisque le niveau de la dette publique du pays était très raisonnable (59,8% du PIB). Et même si, entre temps, elle a pris cinq points, son niveau reste raisonnable (64,8%) et lui permet de toujours figurer parmi les pays les moins endettés de l’Union européenne.

Pierre Kupferman
https://twitter.com/PierreKupferman Pierre Kupferman Rédacteur en chef BFM Éco