En Italie, les Florentins ont la réputation d’être certes ironiques, mais aussi susceptible, et surtout, très très fiers de leur ville. Voilà pourquoi, les déclarations de Cecilie Hollberg ne pouvaient pas passer inaperçues, et le journal local La Nazione, n’a pas manqué l’occasion de les rapporter.

“Florence est une très belle ville, et je voudrais qu’elle revienne à ses citoyens au lieu d’être écrasée par le tourisme : on ne trouve plus un seul magasin qui ne soit pas consacré aux gadgets et souvenirs pour touristes, il faudrait arrêter ça”, a affirmé la directrice de la Galleria dell’Accademia, célèbre musée de la capitale toscane.

Une critique du surtourisme qui n’a jusque-là rien de particulièrement abrasif, mais ce sont les mots qui ont suivi qui ont déclenché un petit tremblement de terre. Car, pour Hollberg, le problème est qu’“une fois qu’une ville est devenue une prostituée, il sera difficile de la faire redevenir vierge, et si l’on ne met pas un coup de frein complet, il n’y aura plus d’espoir”.

“Insulter Florence, c’est frapper toute l’Italie”

Florence comparée à une prostituée ? Il n’en fallait pas plus pour déclencher la réaction outrée de divers acteurs institutionnels, rapporte La Repubblica. Première à réagir, la vice-maire et adjointe à la culture, Alessia Bettini, qui a ainsi riposté à la directrice allemande :

“Définir Florence comme une prostituée est l’insulte la plus grave que j’ai entendue. Hollberg insulte l’histoire de Florence et des Florentins, alors qu’elle doit énormément à cette ville.”

Un peu plus tard, le niveau de la riposte est monté d’un cran, puisque c’est le ministre de la Culture en personne, Gennaro Sangiuliano, qui s’est offusqué à son tour des déclarations de Hollberg. “Je considère comme graves et offensives les paroles de la directrice, peut-on lire sur le quotidien romain qui relaye les paroles du ministre. Insulter Florence, c’est frapper toute l’Italie et nos sentiments. Hollberg, nommée par mon prédécesseur, représente l’État et le patrimoine italien, et elle ne peut pas utiliser un tel langage. Je vais prendre en considération d’éventuelles mesures.”

Peut-être effrayée par cette menace à peine voilée, Hollberg s’est ensuite excusée pour ses paroles, en réaffirmant son amour pour la ville des Médicis et en précisant que, ce qu’elle voulait dire, “c’est que Florence devrait être un modèle pour toute l’Italie d’un tourisme toujours plus conscient et non fondé sur une consommation rapide”, rapporte encore La Repubblica.

“Laissez-la tranquille ! ”

Une pensée que certains éditorialistes qui prennent aujourd’hui la défense de la directrice avaient déjà compris. Parmi eux, ce journaliste d’Il Foglio, selon qui “Hollberg a seulement dit ce que chacun de nous dit toujours, non seulement de Florence, mais aussi de Venise, de Rome et bientôt de Naples et de Bologne”, affirme-t-il, citant les villes les plus touristiques de la péninsule.

“Laissez-la tranquille ! conclut donc le journal libéral, Hollberg a été en réalité optimiste : elle a dit qu’elle voudrait que Florence ‘revienne à ses citoyens’, mais ce sont les citoyens qui sont partis, et ils ne reviendront plus.”

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