Amélie Oudéa-Castéra aurait fait la promotion d’une école privée hors contrat contre l’avis des services de l’Éducation nationale

Mediapart révèle que la ministre, déjà sous le feu des critiques après deux semaines de polémique, aurait fortement poussé en faveur de la contractualisation d’une école privée, alors que les hautes sphères de l’Éducation nationale n’y étaient pas favorables.

Amélie Oudéa-Castera a fortement soutenu la demande de l’établissement Diagonale de passer sous contrat avec l’État, selon Mediapart. LP / Fred Dugit
Amélie Oudéa-Castera a fortement soutenu la demande de l’établissement Diagonale de passer sous contrat avec l’État, selon Mediapart. LP / Fred Dugit

    Un nouveau dossier qui vient s’ajouter à au cartable déjà bien chargé d’Amélie Oudéa-Castéra. La nouvelle ministre de l’Éducation a fait la promotion d’une école privée hors contrat lorsqu’elle était ministre des Sports, selon les informations de Mediapart publiées mercredi soir. Allant jusqu’à fortement soutenir la demande de l’établissement de passer sous contrat avec l’État.

    À l’été 2023, la structure éducative Diagonale (implantée dans 4 académies dont Paris), propose aux jeunes sportifs des cursus aménagés facturés de 4 900 à 6 000 euros l’année, souhaite passer sous le giron de l’État. Amélie Oudéa-Castéra pousse personnellement pour que ce soit le cas, alors que les plus hauts services de l’Éducation nationale s’y opposent. Et pour cause, cette manœuvre transférerait à l’État la charge élevée de la rémunération des enseignants. D’autant plus que l’académie de Paris, où de nombreux postes ont été supprimés cette année, serait particulièrement concernée.

    Une potentielle contractualisation qui interroge

    « La spécificité de l’offre pédagogique de Diagonale (horaires d’enseignement plus faibles que les programmes requis) et les retraits d’emplois par ailleurs prévus dans l’enseignement public comme privé sous contrat à Paris du fait de la baisse démographique, ne permettent pas de passer sous contrat les classes de Diagonale », confirment deux hauts fonctionnaires du ministère au média d’investigation. Ils précisent que l’instruction de ces demandes a habituellement lieu en février-mars, et n’a donc « pas encore commencé ».

    Interrogée par Mediapart sur ces questions, Amélie Oudéa-Castéra a répondu par l’intermédiaire de son chargé de communication. « (Cette) école accueillant un certain nombre de sportifs de haut niveau, il est normal que des échanges aient pu avoir lieu sur ce dossier (…), ainsi que sur des dizaines d’autres portés à (la) connaissance (de la ministre) ». Elle ne se prononce donc pas sur son appui à la contractualisation de Diagonale.



    Dans son enquête, Mediapart évoque également les liens entre Amélie Oudéa-Castéra et le directeur de Diagonale, Michel Naniche, sans toutefois les spécifier clairement. Ce dernier a longtemps plaidé pour la création d’un statut dérogatoire pour Diagonale (et non pour une contractualisation directe) depuis que l’école s’est retrouvée fragilisée par le nouveau système de contrôle continu (qui représente désormais 40 % de la note finale pour les élèves du public et du privé sous contrat) lors de la réforme du « bac Blanquer », dont ses élèves ne bénéficiaient pas.

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    Michel Naniche sera même reçu par Emmanuel Macron en personne, en février 2022, pour appuyer sa demande. Amélie Oudéa-Castéra, lorsqu’elle succède à Roxana Maracineanu au ministère des Sports en mai 2022, pousse immédiatement pour l’instauration de ce régime spécial. Pap Ndiaye, alors en poste Rue de Grenelle, refuse pour sa part catégoriquement cette demande, ce qu’il confirme à Mediapart. Après le départ de Ndiaye, Michel Naniche aurait également été reçu par le Premier ministre Gabriel Attal, lorsque ce dernier était ministre de l’Éducation. Attal n’a pas répondu aux sollicitations de Mediapart concernant la contractualisation de l’établissement.

    Nommée le 11 janvier à la tête d’un super-ministère regroupant l’Éducation nationale, la Jeunesse, les Sports et les JO, Amélie Oudéa-Castéra est depuis sous le feu des critiques, notamment en raison de la scolarisation de ses enfants dans l’école privée parisienne Stanislas et de ses déclarations sur l’école publique Littré et ses « paquets d’heures pas sérieusement remplacées ».