En Autriche, des personnes condamnées en raison de leur homosexualité vont pouvoir être indemnisées
En Autriche, une loi qui entre en vigueur ce jeudi 1er février va permettre la réhabilitation et l’indemnisation de milliers de personnes condamnées en raison de leur homosexualité. Bien que l’homosexualité ait été dépénalisée dans le pays en 1971, des exceptions juridiques discriminatoires ont continué à exister jusque dans les années 2000, qui ont conduit à la condamnation de milliers d’Autrichiens.
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De notre correspondante à Vienne, Isaure Hiace
En 1999, Michael Woditschka, 19 ans, vit une brève histoire avec un jeune homme de 17 ans. Quelque temps après, il reçoit, à sa grande surprise, une convocation de la police. C’est lors de son interrogatoire, qu’il décrit comme humiliant, qu’il découvre que l’âge du consentement est fixé à 18 ans pour les relations sexuelles entre hommes. Cela sera le cas en Autriche jusqu’en 2002, alors même que cet âge est fixé à 14 ans pour les relations hétérosexuelles. Michael Woditschka est donc condamné à une amende. Vingt-cinq ans après, le sentiment d’injustice demeure.
« Marqués au fer rouge »
« On m’a conduit devant une institution étatique non pas parce que j’ai commis un meurtre, mais parce que j’ai essayé d’aimer, de vivre, dit-il. Et le pire, c’est que tout le monde pouvait savoir. Si j’avais postulé un travail et qu’ils m’avaient demandé un extrait de casier judiciaire, alors ils auraient lu que j’avais pratiqué la fornication avec un mineur, et je n’aurais pas eu le travail. J’ai eu la chance que cela ne se soit pas passé, mais beaucoup l’ont vécu. Ils ont été stigmatisés, marqués au fer rouge, et beaucoup ont été en prison. »
Indemnisation à hauteur de 3 000 euros
Il peut désormais demander à être indemnisé à hauteur de 3 000 euros. Mais l’important pour lui, ce sont les excuses de la République d'Autriche. « C'est une bonne chose qu'une ministre de la Justice dise aujourd'hui : "Nous sommes désolés et cela nous tient à cœur en tant que gouvernement que les homosexuels soient traités sur un pied d'égalité, y compris par l'État". C’est d’autant plus important qu’il y a certaines personnes qui aimeraient bien revenir en arrière. »
Onze mille personnes peuvent aujourd’hui prétendre à cette réhabilitation.
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