À la rencontre du Vivant à Paris et ses alentours avec le photographe animalier Nicolas Davy : « la nature est partout, il suffit d’ouvrir l’œil »

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Écureuil © Nicolas Davy

Depuis une quinzaine d’années, le photographe animalier Nicolas Davy capture avec son objectif la faune parisienne. Il s’efforce de montrer que, tout près des citadins, vivent de nombreuses espèces sauvages d’insectes, de mammifères et d’oiseaux. Pour notre rubrique À la rencontre du Vivant, nous l’avons interviewé afin de connaître ses motivations. Il nous a aussi livré quelques précieux conseils pour celles et ceux qui veulent découvrir la faune d’Ile-de-France. Nicolas Davy expose notamment son travail à la Fondation GoodPlanet.

Qu’est-ce qui vous a amené à photographier la biodiversité en Île-de-France ?

J’ai démarré au moment de l’explosion de la photographie numérique par le street art et le graffiti. Un jour, dans un parc près de chez moi où je faisais beaucoup de sport, un ami m’a montré que même avec un petit appareil il était possible d’obtenir des photos impressionnantes d’insectes. J’ai ensuite tout bêtement démarré en prenant une photo d’abeilles. J’ai alors commencé à prendre des photos d’insectes, puis d’oiseaux. De fil en aiguille, j’ai finalement passé plus de temps là-dessus que sur des photos de rue et de street art. En commençant à me renseigner sur ce que je voyais, j’ai développé une passion naturaliste. Elle a grandi sans jamais s’arrêter.

« J’ai ensuite tout bêtement démarré en prenant une photo d’abeilles »

Qu’est-ce qui vous a le plus étonné ?

J’ai été frappé de voir qu’il n’y avait pas forcément besoin d’aller loin pour voir des animaux sauvages. Côté biodiversité, il y a déjà tout ce qu’il nous faut près de chez nous. En débutant ce travail, ce qui m’a le plus étonné c’était d’apprendre l’existence des rapaces en ville. À l’époque, je n’étais pas au courant de la présence de faucons et d’éperviers à Paris. J’ai trouvé cela très impressionnant. Ensuite, j’ai été surpris par la diversité. Je l’ai découverte en m’inscrivant à la LPO. Il y a quasiment 70 espèces nicheuses dans Paris et près de 150 en comptant les migrateurs.

C’est en travaillant sur les renards que j’ai réalisé qu’il se passait des choses incroyables et très nature qu’on ne soupçonne pas quand personne n’est là, par exemple la nuit dans des endroits pourtant parfois très fréquentés la journée.

Y-a-t-il une espèce présente en Ile-de-France que vous n’avez pas encore immortalisée et que vous aimeriez bien arriver à prendre en photo ?

En Île-de-France, il y a plein d’espèces que j’aimerais capturer. Pour Paris et sa petite couronne, il y a la fouine que je veux absolument prendre en photo. On peut les apercevoir au Père Lachaise, au Bois de Vincennes ou au Bois de Boulogne, y compris à la Fondation GoodPlanet. Je souhaiterais aussi réussir à prendre en photo certains rapaces nocturnes comme le hibou moyen Duc qu’on peut trouver non loin de Paris. Enfin, si je parviens à acquérir les connaissances et le matériel nécessaire, je serais intéressé par photographier les chiroptères, c’est-à-dire les chauves-souris.

Que signifie pour vous « aller à la rencontre du vivant » ? Quelles émotions cela vous procure ?

Pour moi, « aller à la rencontre du vivant », c’est une respiration. En effet, en ville, à Paris ou en banlieue, nous sommes dans un milieu très minéral, bruyant, artificiel. Je me ménage du temps, tôt le matin, tard le soir ou le week-end pour aller à la rencontre de ces autres espèces qui ne sont pas humaines mais vivent pourtant aux mêmes endroits que nous. Cela me permet de souffler car il y a un décalage dans les horaires et un peu d’attente. Je vois aussi le monde sous un autre angle puisque je prête attention au sol, à la cime des arbres ou aux interstices.

« Aller à la rencontre de ces autres espèces qui ne sont pas humaines mais vivent pourtant aux mêmes endroits que nous. »

Avez-vous un souvenir d’une rencontre marquante avec un animal ?

J’ai rencontré des renards dans le Bois de Boulogne il y a de cela 2 ou 3 ans. J’en avais déjà vu ailleurs dans Paris mais furtivement ou de nuit. Ce matin d’avril, j’étais dans le Bois de Boulogne pour faire des images d’autres espèces quand je l’ai vu dans une grande étendue de pelouse. Je vois ce renard dans mon téléobjectif alors qu’il faisait déjà jour. Je m’allonge pour l’observer tandis qu’il chasse et saute. Le renard me voit puis s’approche de plus en plus près. Les renards sont ces canidés, donc assez curieux. Le renard s’est donc rapproché pour voir ce qu’était cette grande silhouette avec un tube au bout. Il se trouvait à moins de 10 mètres de moi, les conditions étaient incroyables. Depuis plus de deux ans, je n’ai pas cessé de le recroiser, y compris avec ces petits. Cette photo, qu’on peut voir à la Fondation GoodPlanet, est le début si ce n’est d’une amitié, du moins d’une relation entre lui et moi.

renard nicolas davy
Renard © Nicolas Davy

Vous venez justement de poser des caméras-pièges à la Fondation GoodPlanet et de les relever, qu’ont-elles révélé ? Et que peuvent espérer voir les visiteurs ?

J’ai effectivement déployé sur le site des petits bottiers photos qui se déclenchent quand un mouvement est détecté. Ils capturent 30 secondes de vidéo.  Les images montrent un couple de renards qui circulent sur le domaine, un couple de chouettes hulottes ce qui est la plus belle observation qu’on ait faite, la fouine qui vient le soir, des ragondins, des écureuils et de nombreux oiseaux.

Capture d’écran d’un renard capturé par un piège photo installé à la Fondation GoodPlanet par Nicolas Davy © Nicolas Davy

Les visiteurs peuvent davantage voir les espèces diurnes comme les passereaux, la buse soit perchée soit en train de survoler son territoire, d’autres oiseaux ou bien les écureuils. Le renard, la fouine et la chouette sont difficilement observables en journées car elles ont des comportements nocturnes. Il y a aussi des hérissons visibles en journée. Je dirais aux visiteurs de bien regarder dans les arbres pour y trouver les oiseaux et de faire attention aux bruits, ceux d’un écureuil qui es train de ronger ou ceux d’un hérisson qui soulèvent des feuilles mortes.

Capture d’écran d’un héro pris par une caméra piège installée à la Fondation GoodPlanet par Nicolas Davy © Nicolas Davy



Avez-vous un conseil pour celles et ceux, qui proche de chez eux, à Paris, et plus généralement en ville, voudraient se lancer dans la photo animalière ou la simple observer la faune sauvage ?

Mon premier conseil est de se lever tôt ou de se coucher tard car la plupart des animaux sauvages se montrent rarement en journée. À Paris, cela peut être de se rendre le matin ou le soir dans une zone un peu plus nature, comme les squares, les parcs, les deux bois ou encore les abords du périph.

« Apprendre à ouvrir son regard. »

Mon deuxième conseil est de bien se documenter sur les espèces afin de comprendre le biotope et les comportements. Même si on est en ville, ce sont les mêmes espèces qu’à la campagne. Il faut cependant savoir ce qu’on cherche car, effectivement, on ne trouvera pas un oiseau migrateur si ce n’est pas la bonne saison ni un animal nocturne en journée.

Mon dernier conseil est d’apprendre à ouvrir son regard. Au lieu de regarder droit devant soi, il faut regarder en haut, en bas, sur les côtés. On peut ainsi trouver quelque chose au sommet d’un arbre ou à nos pieds un insecte ou un petit rongeur.

Avez-vous un dernier mot ?

La nature est partout, il suffit d’ouvrir l’œil. Les renards du Père Lachaise ou les faucons pèlerins de Paris le démontrent. On peut voir des espèces super intéressantes sans avoir besoin d’aller au bout du monde. Intéressons-nous à ce qui est proche de nous, apprenons déjà à le connaître et le comprendre. C’est une porte ouverte incroyable vers tout le reste du vivant.

Propos recueillis par Julien Leprovost

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Pour aller plus loin 

Le site Internet du photo graphe Nicolas Davy et son compte Instagram pour découvrir on travail

L’exposition À la rencontre du Vivant où Nicolas Davy expose à la Fondation GoodPlanet (réouverture au printemps 2024)

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Un commentaire

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    • fbisseux

    Merci pour ces informations.
    Je ne connaissais pas « good planète » et suis heureuse de cette découverte.