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L'insécurité plombe l'attractivité de la France, au plus bas depuis 7 ans

Après un pic en 2020, l'indice d'attractivité du territoire mesuré par les Conseillers du commerce extérieur recule pour la deuxième année consécutive. Si la plupart des critères d'évaluation sont en baisse, c'est celui de la sécurité qui chute le plus fortement.

L'image de la France se dégrade. Selon le dernier baromètre des Conseillers du commerce extérieur, l'attractivité de l'Hexagone auprès des investisseurs étrangers recule pour la deuxième année consécutive.

Comme chaque année, le réseau composé de chefs d'entreprise et d'experts de l'international a interrogé 1.600 de ses membres installés à l'étranger. Il leur a été demandé d'évaluer le niveau d'attractivité de la France sur la base de douze critères, parmi lesquels la qualité de vie, la sûreté des personnes, la fiscalité, l'approvisionnement en énergie, la charge administrative ou encore le coût du travail.

À partir des résultats de cette enquête, les Conseilles du commerce extérieur ont calculé l'indice d'attractivité du territoire qui s'établit cette année à 60 sur 100 et retrouve donc son niveau de 2017, après avoir atteint un pic à 65 en 2020.

Inquiétudes sur la sécurité

Les causes principales de ce nouveau recul ne sont pas les mêmes que l'an passé. En 2023, la baisse de l'indice d'attractivité française était essentiellement liée à la crise énergétique avec une chute du critère "approvisionnement énergétique et coût de l'énergie" (-18 points). Les mesures mises en place par le gouvernement (bouclier tarifaire, mise à contribution d’EDF…) ont depuis permis de faire remonter ce critère de près de neuf points en 2024, à 62,5/100.

En revanche, tous les autres indicateurs sont orientés à la baisse: -4,5 pour l'environnement culturel (87,5), -5,5 pour la qualité de vie (82,3), -1,1 pour la fiscalité (26). Mais c'est surtout l'insécurité qui plombe l'indice global d'attractivité alors que le critère "sûreté des personnes" dégringole de près de 12 points, à 56/100.

Protestation contre la réforme des retraites, émeutes, menace terroriste… Autant d'éléments qui expliquent que la sécurité enregistre cette année son "score le plus bas depuis la création de l'indice en 2015", soulignent les Conseillers du commerce extérieur, pour qui ces réponses traduisent aussi "une inquiétude générale, à quelques mois des Jeux olympiques et paralympiques où les enjeux de sécurité et de sûreté des personnes seront au centre des préoccupations".

Recul des atouts historiques

Dans le détail, c'est la zone Asie Pacifique qui demeure la plus sévère sur l'attractivité de la France (57/100, -3) avec notamment une chute du critère de la sûreté des personnes de 30 points par rapport à 2023. Mais c'est en Amérique du Nord (58/100, -5 points) et en Eurasie (59/100, -5 points) que l'indice d'attractivité baisse le plus. À l'inverse, c'est en Amérique Latine (62/100, -4) et dans la zone Afrique Océan Indien (62/100, -2) qu'il est le plus élevé.

Pour les Conseillers du commerce extérieur, l'enseignement principal du baromètre 2024 est la baisse observée "sur les atouts historiques liés à l'attractivité du territoire pour les choix d'installation personnels (environnement culturel, qualité de vie, etc.) et relevant de 'l'image de marque' du pays".

"Si ces données ne viennent pas menacer frontalement la capacité de la France à attirer de nouveaux investissements étrangers, elles peuvent agir comme une mise en garde concernant son attractivité touristique et sa capacité à attirer des cadres séduits par le mode de vie 'à la française'", note le réseau.
La sécurité plombe l'attractivité de la France - 06/02
La sécurité plombe l'attractivité de la France - 06/02
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Une amélioration de la compétitivté française sur longue période

Point positif en revanche: bien qu'en baisse en 2024, les critères traditionnellement faibles que les investisseurs scrutent particulièrement pour leurs choix d'investissements (fiscalité, charge administrative et règlementaire, coût de la main d'oeuvre, flexibilité du travail et climat social) se maintiennent à des niveaux plus élevés qu'en 2017, après avoir nettement progressé ces dernières années.

En outre, une large majorité des sondés (88%) approuvent les décisions du gouvernement en faveur de la simplification des démarches administratives et 90% jugent positivement la baisse des impôts de production. Les trois quarts approuvent également les mesures de l'exécutif en faveur de l'innovation et les programmes de soutien à l'industrie.

"Pour de nombreux répondants, l’attention grandissante portée à l’industrie par le gouvernement continue d’apporter des résultats concrets, cette tendance s’étant déjà illustrée en 2023", relève les Conseillers du commerce extérieur.

Ces derniers soulignent de surcroît que "la France possède une attractivité relative supérieure à celle de l'Italie, de la Belgique et, depuis cette année, des Pays-Bas". Ce n'est toutefois pas le cas pour l'Espagne ni l'Allemagne, même si l'écart avec nos voisins d'Outre-Rhin "se réduit considérablement depuis l'an dernier (-23 points)" grâce à "l'amélioration régulière de la compétitivté française" et en raison de "l'impact sur l'industrie allemande de la forte augmentation des coûts de l'énergie et les tensions sur le marché du travail".

https://twitter.com/paul_louis_ Paul Louis Journaliste BFM Eco