Européennes 2024 : l’unité du groupe parlementaire d’extrême droite Identité & Démocratie mise à rude épreuve

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Jusqu’à présent, l’ID a manqué de nombreuses occasions de trouver et de formuler des positions communes de façon cohérente. [EPA-EFE/TIAGO PETINGA]

Le groupe d’extrême droite au Parlement européen Identité & Démocratie (ID), récemment en proie à d’importantes querelles internes, cherche à recoller les morceaux entre ses membres en vue des élections européennes, qui doivent entériner une droitisation de l’hémicycle strasbourgeois.

Après les dissensions entre le Rassemblement national (RN) de Marine Le Pen et l’Alternative pour l’Allemagne (AfD) à la fin du mois de janvier, les deux partis doivent se retrouver mardi (6 février) pour régler leurs différends.

« Nous sommes très satisfaits de la coopération au sein du parti ID. Bien sûr il y a des différences d’opinions de temps en temps, mais cela fait partie d’une démocratie », a déclaré le candidat en tête de liste de l’AfD, Maximilian Krah, à Euractiv en amont de sa rencontre avec son homologue français.

« Nous sommes convaincus que nous pourrons poursuivre cette coopération à l’avenir », a-t-il ajouté.

Marine Le Pen avait menacé de remettre en question sa collaboration avec l’AfD au niveau européen, après que le parti allemand avait plaidé en faveur de la « ré-émigration », c’est-à-dire l’expulsion de certains citoyens issus de l’immigration même s’ils possèdent un passeport allemand.

L’AfD a par la suite fait marche arrière et a clarifié sa position, précisant que cette politique de « ré-émigration » ne s’appliquerait pas aux personnes détentrices d’un passeport allemand.

Le groupe ID devrait devenir la troisième force la plus importante au Parlement européen, le RN devant gagner huit sièges supplémentaires, ce qui le porterait à 26 sièges au total, tandis que le nombre de sièges de l’AfD devrait doubler, d’après les sondages réalisés par Europe Elects pour Euractiv.

Cependant, cet incident avec l’AfD montre que le groupe pourrait avoir du mal à définir des positions communes sur des questions politiques spécifiques, ce qui rendrait la collaboration avec les autres groupes de la droite politique — à savoir le Parti populaire européen (PPE) et les Conservateurs et Réformistes européens (CRE) — plus difficile.

L’extrême-droite allemande sommée de s’expliquer sur la « remigration » avant une rencontre avec le RN

Suite au scandale entourant de potentielles discussions sur un programme de « remigration », les dirigeants du parti d’extrême-droite allemand, AfD, ont été sommés de s’expliquer, en partie par leurs proches alliés du Rassemblement national. Une réunion entre les chefs européens des deux partis est d’ailleurs prévue mardi (6 février).

Renforcer la cohésion interne ?

Jusqu’à présent, l’ID a manqué de nombreuses occasions de trouver et de formuler des positions communes de façon cohérente. Le parti s’abstiendra par exemple d’élaborer un programme électoral, qui lui aurait permis d’adopter une position commune en vue des prochaines élections.

« Aucun programme politique n’est prévu, car celui-ci a déjà été formulé lors de la fondation du groupe en 2019 et dans la Déclaration d’Anvers, dont découle notre rejet de l’immigration incontrôlée et des politiques environnementales démesurées », a déclaré à Euractiv l’eurodéputé et vice-président du groupe ID, Gunnar Beck.

Marco Zanni, président du groupe ID, a expliqué que les principes du parti étaient « déjà inscrits dans nos prises de positions », allant de « la lutte contre l’immigration illégale à la bataille contre l’extrémisme idéologique écologiste de la Commission, en passant par le défi de l’influence grandissante de Pékin ».

M. Zanni a également indiqué qu’il tenterait de renforcer la cohésion du groupe en vue d’une collaboration plus étroite après les élections européennes.

« Bien sûr, il y aura quelques ajustements dans l’organisation interne, comme c’est le cas à la fin de chaque mandat, afin d’assurer le meilleur fonctionnement possible du groupe », a déclaré M. Zanni à Euractiv.

Le RN semble également désireux d’accroître la collaboration, avec l’un de ses principaux eurodéputés, Jean-Paul Garraud, ayant affirmé que le groupe pourrait organiser davantage de réunions afin d’assurer sa cohésion. « Le groupe ID pourrait être plus efficace », a-t-il confié à Euractiv France.

S’imposer dans un nouveau parlement

Avec l’ID qui semble en passe de faire des gains importants aux élections, de même que les Conservateurs du CRE et le PPE de centre droit, les forces de droite pourraient atteindre une majorité au Parlement européen pour la première fois de son histoire.

Après les élections européennes de 2019, l’ID était encore suffisamment petit pour être exclu de la prise de décision politique. Toutefois, le Parlement ayant viré à droite, il est peu probable que cela se reproduise.

« Nous sommes prêts », a déclaré M. Zanni à Euractiv, soulignant que la nouvelle configuration pourrait receler de grandes opportunités pour le groupe d’extrême droite.

« Il y a une possibilité de changer les choses, enfin, sans accords avec la gauche », a-t-il dit, ajoutant que l’ID collaborait déjà avec les Conservateurs du CRE et le PPE dans le cadre « d’initiatives conjointes dans les commissions et en plénière ».

En novembre 2022, par exemple, toutes les forces de droite se sont alliées pour tenter de renverser le règlement sur la restauration de la nature.

M. Garraud a indiqué à Euractiv France qu’il cherchait à collaborer avec le PPE dans des « alliances basées sur des dossiers précis », alors que les nuances avec les Conservateurs du CRE s’estompent, ce qui facilite les opportunités de collaboration, a-t-il précisé.

« Puisque les sondages certifient notre progression partout, nous sommes prêts à relever les défis du prochain Parlement, afin de faire entendre la voix de nos électeurs et de créer une alternative forte et influente à la majorité actuelle », a ajouté M. Zanni.

[Paul Messad a contribué à la rédaction de cet article.]

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