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Documents confidentiels : non-lieu pour Joe Biden, mais sa mémoire défaillante pointée du doigt

Joe Biden ne sera pas poursuivi par la justice pour avoir emporté chez lui des documents confidentiels, a annoncé jeudi le rapport du procureur spécial en charge de l'enquête. Le président américain, 81 ans, est cependant décrit comme un "homme âgé avec une mauvaise mémoire", ce qui complique davantage sa campagne électorale face à Donald Trump.

Le président américain Joe Biden prononce un discours à la Maison Blanche à Washington le 8 février 2024.
Le président américain Joe Biden prononce un discours à la Maison Blanche à Washington le 8 février 2024. © Kevin Lamarque, Reuters
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Chargé d'enquêter sur la rétention de documents confidentiels par Joe Biden, le procureur spécial Robert Hur a décidé de ne pas recommander de poursuites mais décrit le président américain comme un "homme âgé avec une mauvaise mémoire" dans son rapport publié jeudi 8 février.

Si cette décision attendue dissipe de possibles tracas judiciaires pour le président démocrate, qui s'apprête à affronter son prédécesseur républicain Donald Trump en novembre pour une revanche de l'élection de 2020, elle expose de nouveau sa principale vulnérabilité : son grand âge, 81 ans.

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Nommé en janvier 2023 par le ministre de la Justice Merrick Garland, le procureur spécial Robert Hur conclut que Joe Biden a "sciemment gardé et divulgué des documents classifiés après sa vice-présidence alors qu'il était un simple citoyen". Mais il considère qu'une inculpation "ne se justifierait pas". Il estime notamment qu'un jury accorderait le bénéfice du doute à "un homme âgé sympathique, bien intentionné, avec une mauvaise mémoire".

Le procureur fédéral américain pour l'Etat du Maryland, Robert Hur, le 9 mai 2019 à Washington
Le procureur fédéral américain pour l'Etat du Maryland, Robert Hur, le 9 mai 2019 à Washington © CHIP SOMODEVILLA / GETTY IMAGES NORTH AMERICA/AFP/Archives

"Je suis bien intentionné, je suis un homme âgé et je sais ce que je fais, bon sang. Je n'ai pas de problèmes de mémoire", a réagi dans la soirée l'octogénaire, en dénonçant vertement le fait que le rapport affirme qu'il a oublié la date du décès de son fils Beau. "Comment diable ose-t-il ?", a-t-il dit lors d'une allocution à la Maison Blanche.

Il a ensuite abordé le conflit entre Israël et Gaza devant les journalistes, jugeant la réponse d'Israël à Gaza "excessive". Une intervention pendant laquelle il a évoqué des discussions sur l'aide humanitaire avec "le président du Mexique, Sissi" au moment où il voulait parler du chef d'État égyptien.

Un président jugé "inapte"

Plus tôt, lors d'un meeting démocrate jeudi en Virginie (est), Joe Biden s'est déclaré "content" que le procureur ait décidé de ne pas le poursuivre. Il a assuré avoir pleinement coopéré avec l'enquête, y compris lors d'un entretien de cinq heures sur deux jours avec le procureur spécial et son équipe en octobre 2023, au tout début de la "crise internationale" déclenchée par l'attaque sans précédent du Hamas palestinien en Israël à partir de la bande de Gaza.

Le président a insisté sur la différence entre son attitude dans cette affaire et celle de Donald Trump, 77 ans, poursuivi pénalement pour avoir emporté des centaines documents confidentiels après son départ de la Maison Blanche et accusé d'"obstruction à la justice" dans cette affaire.

Donald Trump a réagi au rapport dans un communiqué en dénonçant "un système judiciaire à deux vitesses". "L'affaire de documents de Biden est différente de la mienne et 100 fois plus grave. Je n'ai rien fait de mal et j'ai bien plus coopéré" avec les enquêteurs, a-t-il assuré.

Le procureur spécial relève pourtant dans son rapport le "contraste" entre l'attitude des deux hommes dans leurs dossiers respectifs, soulignant que selon l'acte d'accusation Donald Trump a ordonné "à des tiers de détruire des preuves et de mentir".

Photo non datée fournie par le ministère américain de la Justice de cartons de documents dans la résidence de l'ex-président Donald Trump à Mar-a-Lago, en Floride
Photo non datée fournie par le ministère américain de la Justice de cartons de documents dans la résidence de l'ex-président Donald Trump à Mar-a-Lago, en Floride © Handout / GETTY IMAGES NORTH AMERICA/AFP

L'état-major républicain à la Chambre des représentants, dont son président Mike Johnson, a aussitôt exploité les observations du procureur spécial, jugeant que ce rapport "profondément dérangeant" montre que le président est "inapte" à exercer ses fonctions.

Les "commentaires déplacés" du procureur

La nomination de Robert Hur comme procureur spécial faisait suite à la découverte en décembre 2022 et janvier 2023 de documents classés confidentiel datant de l'époque où Joe Biden était vice-président (2009-2017), notamment sur l'engagement militaire américain en Afghanistan, dans sa résidence de Wilmington, dans le Delaware, ainsi que dans un ancien bureau.

Dans son rapport de 388 pages, Robert Hur évoque notamment son entretien avec Joe Biden au cours duquel il dit avoir constaté que "sa mémoire avait empiré". "Il ne se souvenait plus quand il était vice-président", ne sachant plus exactement en quelle année son mandat avait commencé ou s'était achevé, ni exactement l'année du décès de son fils aîné Beau, y affirme-t-il.

Joe Biden "ne se souvient pas quand il était vice-président mais il est apte à être le commandant en chef de l'armée ?", a réagi Wesley Hunt, un élu trumpiste du Texas.

Le conseiller juridique de la Maison Blanche, Richard Sauber, ainsi que l'avocat personnel de Joe Biden, Bob Bauer, ont salué dans une lettre en annexe du rapport la décision du procureur spécial de ne pas engager de poursuites mais regretté des "commentaires déplacés" de sa part. "Nous pensons que la présentation de la mémoire du président Biden n'est ni exacte ni appropriée. Le rapport utilise une terminologie très insultante pour évoquer un cas de figure courant chez les témoins : des lacunes dans les souvenirs remontant à plusieurs années", écrivent-ils. "De tels commentaires n'ont rien à faire dans un rapport du ministère de la Justice", ajoutent-ils.

Avec AFP

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