(Genève) Des dizaines de milliers d’enfants pourraient mourir au Soudan, en proie à une guerre civile depuis dix mois, si l’aide humanitaire n’est pas considérablement augmentée, a alerté vendredi l’UNICEF, l’agence des Nations unies pour l’enfance.

« Plus de 700 000 enfants risquent de souffrir de la forme la plus mortelle de malnutrition cette année », a affirmé le porte-parole de l’UNICEF, James Elderà la presse à Genève.

« Nous ne serons pas en mesure de nous occuper de plus de 300 000 d’entre eux sans un meilleur accès et un soutien supplémentaire », a ajouté M. Elder, tout juste de retour du Soudan. « Il est probable que des dizaines de milliers d’entre eux meurent ».

La guerre qui a éclaté en avril entre l’armée du général Abdel Fattah al-Burhane et les Forces de soutien rapide (FSR, paramilitaires) du général Mohammed Hamdane Daglo, ancien numéro deux du pouvoir militaire, a déjà fait des milliers de morts, selon l’ONU. Dont 10 000 à 15 000 dans la seule ville d’El-Geneina, dans la région du Darfour-Ouest.

Le conflit a provoqué une catastrophe humanitaire : plus de la moitié de la population — soit environ 25 millions de personnes — ont besoin d’assistance, dont près de 18 millions sont confrontés à une insécurité alimentaire aiguë, selon les Nations unies.

Les enfants sont particulièrement touchés par la montée de la malnutrition, associée à la propagation rapide de maladies telles que le choléra, la rougeole et le paludisme.

Selon l’organisation Médecins sans frontières (MSF), au moins un enfant meurt toutes les deux heures dans le camp tentaculaire de Zamzam qui abrite des déplacés au Darfour.

La guerre a déclenché l’un des plus importants déplacements de population au monde. Près de huit millions de personnes, dont la moitié d’enfants, ont fui leur foyer.

PHOTO ZOHRA BENSEMRA, ARCHIVES REUTERS

Une Soudanaise, qui a fui le conflit à Murnei, dans la région soudanaise du Darfour, marche à côté de charrettes transportant ses biens familiaux en traversant la frontière entre le Soudan et le Tchad, le 2 août 2023 Adré.

« Cela représente 13 000 enfants par jour pendant 300 jours », a souligné M. Elder.

Il a ajouté que les meurtres, les violences sexuelles et le recrutement d’enfants pour combattre avaient « augmenté de 500 % » en un an.

« Cela équivaut à un nombre terrifiant d’enfants tués, violés ou recrutés. Et ces chiffres ne sont que la partie émergée de l’iceberg », a déclaré M. Elder, réaffirmant la nécessité urgente d’un cessez-le-feu et d’une aide accrue.

Cette semaine, les Nations unies ont lancé un appel de fonds de 4,1 milliards de dollars pour répondre en 2024 aux besoins humanitaires de la population au Soudan et des Soudanais ayant fui dans cinq pays voisins.

L’UNICEF a demandé 840 millions de dollars pour venir en aide à 7,6 millions d’enfants vulnérables.

M. Elder a indiqué que les trois quarts de l’appel lancé par l’agence l’année dernière n’avaient pas été financés et a exhorté les donateurs à faire davantage.

« Le monde doit cesser de fermer les yeux », a-t-il lancé. « Où est notre humanité collective si nous laissons cette situation perdurer ? »