Le tabagisme nuit à l’immunité sur le long terme, selon une étude de l’Institut Pasteur

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Le tabagisme nuit à l’immunité sur le long terme, selon une étude de l’Institut Pasteur

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Le tabagisme pourrait "avoir autant d'influence sur certaines réponses immunitaires que l'âge, le sexe ou les variables génétiques", selon Darragh Duffy.
Le tabagisme pourrait "avoir autant d'influence sur certaines réponses immunitaires que l'âge, le sexe ou les variables génétiques", selon Darragh Duffy.
© AFP - Jonathan Nackstrand

L'institut Pasteur a publié dans la revue scientifique Nature les résultats d'une étude menée pendant plus de 10 ans. Celle-ci nous apprend que le tabagisme provoquerait des dégâts sur l'immunité pendant de nombreuses années, même après avoir arrêté de fumer.

Nous ne sommes pas tous égaux face aux microbes. Mais comment expliquer de telles différences entre les individus ? L’Institut Pasteur tente de répondre à cette question dans sa dernière étude, publiée dans la revue Nature, mercredi 14 février. Pendant plus de 10 ans, le centre de recherche français a étudié l’immunité de 1000 patients en bonne santé, âgés de 20 à 70 ans. "On sait que certains facteurs, comme l’âge, le sexe ou les gènes, impactent fortement le système immunitaire mais avec cette nouvelle étude, nous voulions savoir quels autres facteurs avaient le plus d’influence", explique Darragh Duffy, responsable de l’unité Immunologie translationnelle à l’Institut Pasteur et dernier auteur de l’étude.

Sur 136 variables étudiées comme le lieu de vie, l’activité physique ou encore le sommeil, trois se démarquent particulièrement : l’indice de masse corporelle, l’infection latente au cytomégalovirus et le tabagisme.

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Des effets sur l’immunité "pendant 10 ou 15 ans"

L’analyse des données a montré que lors d’une infection par un virus ou une bactérie, la réponse inflammatoire des fumeurs est plus importante, avec des symptômes qui le sont tout autant. L’étude révèle également que le tabagisme endommage certaines cellules impliquées dans la mémoire immunitaire.

"En comparant les réponses immunitaires de fumeurs et d’ex-fumeurs, nous avons constaté que la réponse inflammatoire revenait rapidement à la normale après l’arrêt du tabac mais que l’impact sur l’immunité adaptative perdurait dans le temps, pendant 10 ou 15 ans, indique Darragh Duffy. C’est la première fois que l’on met en évidence l’influence au long cours du tabagisme sur les réponses immunitaires."

Une altération au niveau génétique

Ce changement prolongé de l’immunité chez les ex-fumeurs serait dû à une modification au niveau génétique. 
"Nous avons mis en évidence que l’effet à long terme du tabagisme sur les réponses immunitaires était associé à des différences de méthylation de l’ADN – susceptibles de modifier l’expression de gènes impliqués dans le métabolisme des cellules immunitaires – entre les fumeurs, les anciens fumeurs et les non-fumeurs", précise Violaine Saint-André, ingénieure de recherche au sein de l’unité Immunologie translationnelle à l’Institut Pasteur et première auteure de l’étude.

Si les gènes ne sont donc pas altérés directement, la manière dont ils sont utilisés par les cellules est modifiée.
"C’est une découverte importante pour mieux comprendre l’impact du tabagisme sur l’immunité d’individus en bonne santé mais aussi, par comparaison, sur l’immunité d’individus souffrant de diverses pathologies", conclut Violaine Saint-André.

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