Un imam récite une sourate du Coran au micro du Parlement bruxellois
Un chant islamique a été récité au sein du Parlement bruxellois. Présente à la cérémonie, la secrétaire d’Etat Nawal Ben Hamou a quitté les lieux.
- Publié le 16-02-2024 à 15h30
- Mis à jour le 16-02-2024 à 20h02
La polémique a enflé ce vendredi, et les réactions politiques ont fusé à la suite de la publication de la vidéo d’un imam récitant une sourate du Coran au perchoir du Parlement bruxellois.
La scène s’est déroulée le 13 janvier dernier lors d’une visite accompagnée d’une remise de prix. Un événement qui n’est pas organisé par le Parlement, mais à l’initiative du député socialiste Hasan Koyuncu (PS). Selon nos confrères de Bruzz, l’homme qui a chanté dans au micro est un imam pakistanais de Leeuw-Saint-Pierre, mis à l’honneur à l’instar d’autres personnes ce jour-là.
Dans une vidéo, on aperçoit la présence de plusieurs personnalités socialistes : outre Hasan Koyuncu (PS), la secrétaire d’État Nawal Ben Hamou (PS) et Ibrahim Dönmez (PS) ont assisté activement à la cérémonie.
Contacté, le député Koyuncu n’a pas répondu à notre demande d’explication. Le cabinet Ben Hamou confirme quant à lui la présence de la socialiste, qui avait été invitée à remettre un prix à l’association “Friends of Brussels”. “Ce prix récompense des Bruxellois d’origine pakistanaise qui se sont illustrés, notamment des sportifs ou des entrepreneurs. Des personnes de tous les horizons et de différentes cultures y étaient présentes. [Nawal Ben Hamou] n’est pas organisatrice de cet événement et ne finance pas l’association. Au cours de la cérémonie de remise des prix, un chant qui lui semblait religieux a en effet été prononcé. Madame Ben Hamou a alors quitté l’hémicycle considérant qu’un parlement, même s’il doit s’ouvrir à la société civile dans sa diversité, n’est pas un lieu ordinaire, mais une institution étatiste à part entière”, commente son porte-parole, qui mentionne au passage la présence d’“un rabbin et un prête” à l’événement.
“Inacceptable”
Dans la majorité comme dans l’opposition bruxelloise, ce chant coranique rue du Lombard provoque le tollé. “Les socialistes se sont battus contre le pouvoir de l’église catholique pendant des décennies, mais pour l’imam, ils ont déroulé le tapis rouge”, dénonce le député fédéral Theo Francken (NVA). “Il faut nous rendre compte qu’une chose pareille, quel que soit le contexte, est inacceptable. Mon groupe demandera demandera des comptes et chacun devra prendre sa responsabilité”, tonne le libéral David Leisterh (MR).
Partenaire du PS à Bruxelles, Ecolo a également, par la voix du député John Pitseys, condamné le chant : “le Parlement bruxellois est notre maison de la démocratie. Ce n’est pas un lieu de culte”. Enfin, même au sein des socialistes, la régionale PS s’est désolidarisé de l’événement du député Koyuncu : “Ce qui s’est produit au parlement Bruxellois est inacceptable, intolérable et cela ne peut se produire au sein d’un lieu tel qu’une assemblée qui représente notre démocratie”, a commenté le chef de groupe PS Ridouane Chahid.
Le député Koyuncu rappelé à l’ordre
Bref, condamnations de toutes parts. Mais comment l’événement a-t-il pu se produire dans l’hémicycle ? Le président du parlement Rachid Madrane (PS) contextualise : “Tous les députés peuvent organiser des visites, sans que l’organe du parlement ne soit saisi de la demande. Ainsi des écoles, des associations viennent… Au total, on parle d’environ 15.000 visiteurs chaque année.”
Mais l’ancien ministre rappelle à l’ordre le parlementaire schaerbeekois à l’initiative de la réception et condamne fermement cette prière au perchoir. “Il ne faut plus jamais que cela se reproduise. Le parlement doit être le cœur de la neutralité. A César ce qui est à César, à Rome ce qui est à Rome. Le parlement est le temple de la démocratie : ce n’est ni une mosquée ni une église, ni une synagogue ni un temple maçonnique.”
Un courrier sera adressé prochainement au député Koyuncu ainsi aux autres chefs de groupe. “Je vais demander d’inscrire ce point au prochain bureau du Parlement. Je vais dire explicitement que le respect de la neutralité est un impératif catégorique”, indique Rachid Madrane, qui rappelle que la “période de prudence” a débuté et qu’aucune nouvelle visite n’aura lieu jusqu’au 9 juin.