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Israël définitivement mis au ban de l’Union africaine

L’Union africaine a retiré son statut d’observateur à Israël. Mais grâce à sa diplomatie active en Afrique, l’Etat hébreu reste influent sur le continent.

Par  (Addis-Abeba, envoyé spécial)

Publié le 18 février 2024 à 19h31, modifié le 18 février 2024 à 19h47

Temps de Lecture 3 min.

Le premier ministre éthiopien Abiy Ahmed, le président sud-africain Cyril Ramaphosa, et ses homologues zimbabwéen et ghanéen, Emmerson Mnangagwa et Nana Akufo-Addo, assistent à l’inauguration d’une statue en l’honneur de l’ancien président tanzanien Julius Nyerere à Addis-Abeba, le 18 février 2024.

L’incident avait marqué les esprits. En février 2023, lors du précédent sommet de l’Union africaine (UA), une délégation israélienne avait été expulsée sans ménagement de l’Assemblée générale de l’UA alors que s’engageaient les discussions entre les chefs d’Etats du continent, à Addis-Abeba. L’Afrique du Sud et l’Algérie, les deux pays à l’origine de la mise à l’écart des représentants israéliens, s’opposaient à la présence de l’Etat hébreu en tant que membre observateur au sein de l’organisation panafricaine. Mais la question n’avait pas été formellement tranchée.

Un an après cet incident diplomatique, la guerre dans la bande de Gaza a mis un terme à ce débat. « Le dossier concernant l’accréditation d’Israël est clos », confie un haut cadre de l’UA. L’organisation a suspendu son statut d’observateur. « Israël n’est pas invité au sommet », a précisé Ebba Kalondo, la porte-parole du président de la commission de l’UA, samedi 17 février. Après une décennie d’efforts diplomatiques et deux ans après son accréditation, Tel Aviv est donc définitivement mis au ban de l’institution.

A l’inverse, l’Union africaine a déroulé le tapis rouge au premier ministre de l’Autorité palestinienne, Mohammad Shtayyeh, qui a savouré, à la tribune de l’Assemblée générale, les longs applaudissements des chefs d’Etats d’un continent majoritairement acquis à sa cause. « Les Palestiniens défendent leur pays comme vous, en Afrique, avaient défendu vos terres contre le colonialisme », a-t-il lancé devant le parterre de leaders africains.

Ces derniers n’ont pas retenu leurs coups au moment de condamner l’offensive israélienne, « la plus flagrante » violation du droit humanitaire international, selon les mots du président de la Commission de l’UA, Moussa Faki Mahamat, qui accuse Israël de vouloir « exterminer » les habitants de Gaza.

La décision de la CIJ contre Israël célébrée à l’UA

Après lui, le président comorien Azali Assoumani a tenu à remercier l’Afrique du Sud d’avoir porté plainte auprès de la Cour internationale de justice (CIJ) pour dénoncer « le génocide qu’Israël est en train de commettre sous nos yeux ». Le dirigeant comorien, qui a été réélu en janvier à la tête de l’archipel après un scrutin entaché de fraudes, s’était distingué en septembre 2023 par une sortie antisémite. « Nous devons vivre avec les catholiques mais aussi avec les maudits Juifs, que la colère de Dieu s’abatte sur eux. Les Juifs sont les maîtres du monde. Ils ne sont pas comme nous. Ils se tiennent tapis dans l’ombre et se révèlent au moment opportun », avait-il déclaré lors de l’inauguration d’une mosquée sur l’île d’Anjouan.

En janvier, les juges de la CIJ ont donné raison à Pretoria, qui avait porté une requête, fin décembre 2023, accusant Israël de génocide contre les Palestiniens de Gaza. « C’est un des plus grands coups d’éclat de la diplomatie africaine », estime Liesl Louw-Vaudran, chercheuse au sein de l’International Crisis Group. Une victoire célébrée par les représentants de Prétoria à Addis-Abeba.

Mais passé l’euphorie, la charismatique ministre des affaires étrangères sud-africaine, Naledi Pandor, s’est inquiétée « de la présence de représentants israéliens dans les locaux de l’Union africaine ces derniers jours ». En effet, mercredi, l’ambassadeur d’Israël en Ethiopie a été aperçu dans l’enceinte du bâtiment. La directrice générale adjointe du ministère israélien des affaires étrangères pour l’Afrique, Sharon Bar-li – la personne expulsée de l’UA en 2023 – enchaîne les rendez-vous discrets dans la capitale éthiopienne, d’après plusieurs sources diplomatiques. Contactée, l’ambassade israélienne à Addis-Abeba n’a pas répondu aux sollicitations du Monde.

Un Etat influent sur le continent

Si Israël est désormais officiellement banni de l’UA, l’Afrique se divise toujours autant à son sujet. En témoigne le vote de la résolution appelant à une trêve humanitaire immédiate à Gaza, aux Nations unies, le 27 octobre. Trente-huit pays africains l’avaient soutenu mais sept s’étaient abstenus. L’influence israélienne reste en effet importante sur le continent, fruit d’une offensive diplomatique de longue haleine, menée par le premier ministre Benjamin Netanyahu lors de la décennie écoulée.

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Ces dernières années, les efforts d’Israël ont débouché sur la normalisation de ses relations avec de nombreux Etats ainsi qu’une coopération renforcée dans le domaine de la défense et de la sécurité. Le Maroc, le Ghana, la République démocratique du Congo, le Rwanda et le Kenya sont cités parmi les plus proches collaborateurs d’Israël sur le continent. Des partenariats noués en échange d’un soutien en matière de cybersécurité – incarné par la vente du logiciel espion Pegasus (de la société israélienne NSO Group) – ou d’accords de coopération militaire, comme la vente et le projet d’assemblage de drones israéliens au Maroc.

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