Il y a quinze jours, le prix de l’essence a augmenté pour la troisième fois depuis l’arrivée au pouvoir en Argentine de l’ultralibéral Javier Milei, il y a seulement deux mois. En cumul, près de 100 % d’augmentation : il a doublé. La semaine dernière, c’est celui des transports en commun, bus et trains de banlieue, qui a pris 200 %.

Et aujourd’hui, c’est au tour des factures d’électricité de faire un bond allant de 65 à 150 %, selon les cas. À partir d’avril, elles continueront de grimper au rythme de l’inflation. À titre d’exemple : 20,6 % pour le seul mois de janvier, 254,2 % en interannuel, selon l’Institut national de la statistique et des recensements argentin, l’Indec.

La raison de ces hausses brutales ? Une dérégulation totale des prix, qui étaient sous contrôle durant le précédent mandat présidentiel, péroniste de centre gauche.
“Durant la période allant de 2019 à 2023, les tarifs de l’électricité sont restés stables, avec à peine quelques ajustements ponctuels insuffisants face à une inflation structurelle”, a déclaré le secrétariat à l’énergie dans un communiqué cité par l’agence d’État Telam.

“Ce manque d’actualisation a contribué à une distorsion des coûts réels, affectant autant les usagers que le fonctionnement technique et fiscal dans son ensemble.”

Un “sincéricide” (ce mot renvoie, de manière abstraite, à un suicide causé par un excès d’enthousiasme à l’égard de la vérité) violent, dont le but est d’en finir avec la politique de subventions versées par l’État, qui est l’une des mesures d’austérité recommandées par le FMI à l’Argentine, en renégociation de sa dette.

“Briser la classe moyenne argentine”

“Le gouvernement semble décidé à briser la classe moyenne argentine, assène le média Portal de Noticias. Il avance sans pause dans son processus d’augmentations qui sera difficilement toléré par les usagers.”

Les Argentins n’ont en effet que peu de marge pour continuer à se serrer la ceinture. Leur pouvoir d’achat est “à terre”, enchaîne El País America depuis Buenos Aires, qui rappelle que celui-ci “a chuté de 13 % rien qu’en décembre, le plus mauvais chiffre depuis 2002”, période durant laquelle l’Argentine traversa l’une des pires crises économiques et sociales de son histoire. “Cela fait six ans que cet indice baisse : le salaire minimum argentin équivaut aujourd’hui à 150 dollars, le pire de la région après celui du Venezuela.”
Le mois prochain, ce sont les tarifs du gaz qui vont augmenter. On annonce qu’ils pourraient être multipliés par cinq.