Le philosophe Régis Debray : "La vieillesse est un sauvetage, parce qu'on va à l'essentiel"

Régis Debray est l'auteur de "Bref (Gallimard). ©AFP - Bertrand Guay
Régis Debray est l'auteur de "Bref (Gallimard). ©AFP - Bertrand Guay
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Régis Debray est l'auteur de "Bref (Gallimard). ©AFP - Bertrand Guay
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Aujourd'hui dans le grand entretien, Ali Baddou reçoit Régis Debray, philosophe et écrivain, grand prix de Littérature de l'Académie française (2019) et auteur de "Bref" aux éditions Gallimard, en librairie le 22 février.

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Le philosophe et écrivain Régis Debray s'intéresse, dans son nouvel ouvrage à paraître cette semaine, "Bref", à des formes courtes, voire très courtes. "Il se trouve qu'avec l'âge, on se tasse et on s'allège. Le corps se tasse, mais l'esprit se désencombre : on voit ce qui compte, et on vire ce qui encombre", explique-t-il.

"C'est peut-être même en vieillissant qu'on devient jeune", ajoute-t-il paradoxalement, précisant qu'il a passé les 80 ans. "La vieillesse est un sauvetage parce qu'on va à l'essentiel, et quand on va à l'essentiel on fait court. Macron, notre président actuel, est un peu jeune, donc il fait long, des allocutions interminables (...) alors que De Gaulle, vieux, en six minutes a mis fin à la crise du mois de mai 68, et a mis fin à 30 ans d'histoire en une phrase".

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"J'ai fait des livres interminables que personne ne lit"

Cette forme brève a pour commodité l'ambiguïté, assure-t-il : "Je vous ai compris, qu'est-ce que ça veut dire ? On ne sait pas trop, mais tout le monde est content", dit Régis Debray, pour qui l'allusion "évite d'approfondir, donc ça évite d'ennuyer (...). Il ne faut pas tout dire, il faut suggérer, donner à penser". Et à cela, il ajoute que "quand le sujet est grave, il faut que ce soit un peu drôle, il n'y a rien de plus embêtant que le pompeux", réfléchit-il, disant penser "que j'ai peut-être été beaucoup trop sérieux au début de ma vie, j'ai fait des livres interminables que personne ne lit".

"Peu à peu, l'astuce se mélange avec le sourire", explique-t-il. "Et l'avantage de vieillir, c'est qu'on va au plus court, et donc au plus nerveux, il n'y a pas ce pathétique, cette sorte de prolixité un peu gratuite où l'on dit trop de mots pour trop peu de sens". Et "on a le droit de ne pas avoir des avis sur tout". Sans aller jusqu'à inviter à la blague, il incite à "dire des choses sérieux sans se prendre au sérieux, c'est une forme de modestie d'être concis".

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