Les bombardements israéliens et les combats entre l’armée et le Hamas se poursuivent sans répit à travers le territoire palestinien, mercredi 21 février, où 118 personnes ont été tuées en vingt-quatre heures, selon le ministère de la santé du Hamas. La situation est particulièrement alarmante dans le nord de l’enclave, en proie « au chaos et à la violence », selon le Programme alimentaire mondial (PAM), qui a suspendu mardi, la distribution de son aide dans ce secteur.
Selon des témoins, des combats se déroulaient, mercredi, dans le sud de la bande de Gaza, à Khan Younès, où les soldats traquent les combattants du Hamas au milieu des ruines, mais aussi à Zaytoun et Shujaiya, deux secteurs de la ville de Gaza, dans le nord. L’armée israélienne a affirmé avoir tué « des dizaines de terroristes » à Zaytoun, mardi, et détruit « des dizaines de cibles ». Elle a déclaré « intensifier » ses opérations à Khan Younès.
La guerre, déclenchée le 7 octobre 2023, a fait 29 313 morts à Gaza, selon le ministère de la santé du Hamas, et plus de 1 160 personnes côté Israël, d’après un décompte de l’Agence France-Presse réalisé à partir de données officielles israéliennes.
Le directeur général de l’Organisation mondiale de la santé a affirmé mercredi que la situation était « inhumaine ». « Gaza est devenue une zone de mort », a déclaré Tedros Adhanom Ghebreyesus.
La situation à Gaza est « inhumaine », dénonce le directeur de l’OMS
Le directeur général de l’Organisation mondiale de la santé a affirmé mercredi que la situation « sanitaire et humanitaire » dans la bande de Gaza, après plus de quatre mois de guerre, est « inhumaine ». « Dans quel monde vivons-nous lorsque les gens ne peuvent pas se procurer de la nourriture et de l’eau, ou lorsque des personnes qui ne peuvent même pas marcher ne peuvent pas recevoir de soins ? », a déclaré Tedros Adhanom Ghebreyesus, lors d’une conférence de presse régulière à Genève.
Selon l’ONU, 2,2 millions de personnes, soit l’immense majorité de la population, sont menacées de famine dans la bande de Gaza, assiégée par Israël depuis le début de la guerre, le 7 octobre 2023.
L’aide humanitaire, toujours insuffisante
L’aide humanitaire entre à Gaza essentiellement par Rafah, mais son acheminement vers le nord est rendu presque impossible par les destructions et les combats qui isolent cette région du reste du territoire.
Les autorités israéliennes ont annoncé mercredi l’entrée, la veille, de 98 camions avec de l’aide humanitaire dans Gaza, tandis qu’un collectif d’ONG internationales (AIDA) a déploré la lenteur du processus d’inspection et le blocage de dizaines de camions pendant plusieurs jours à la frontière.
Le Croissant-Rouge palestinien a de son côté appelé mercredi « les institutions de l’ONU à intensifier leur aide, en particulier pour les zones du nord de la bande de Gaza, où 400 000 personnes sont menacées de famine ».
Le chef du bureau politique du Hamas au Caire pour de nouvelles discussions en vue d’une trêve
Le chef du bureau politique du Hamas, Ismaïl Haniyeh, installé au Qatar, doit discuter mercredi au Caire avec le chef des services de renseignement égyptiens, Abbas Kamel, notamment de la « première phase » d’un plan élaboré en janvier par les pays médiateurs, – Qatar, Etats-Unis et Egypte –, a déclaré une source du Hamas à l’AFP, à Gaza.
Cette première phase prévoyait une trêve de six semaines, associée à un échange d’otages contre des prisonniers palestiniens détenus par Israël et à l’entrée à Gaza d’une importante quantité d’aide humanitaire. Le conseiller du président américain pour le Moyen-Orient, Brett McGurk, se rend de son côté mercredi en Egypte et jeudi en Israël.
Le Hamas réclame un cessez-le-feu, un retrait israélien de Gaza, la fin du blocus israélien et un abri sûr pour les centaines de milliers de civils déplacés par la guerre. Israël de son côté affirme que son offensive se poursuivra tant que le Hamas n’aura pas été éliminé et les otages libérés.
Territoires palestiniens occupés : Washington défend Israël devant la CIJ
La Cour internationale de justice (CIJ), qui siège à La Haye, tient cette semaine des audiences sur les conséquences juridiques de l’occupation par Israël de territoires palestiniens depuis 1967, avec un nombre inédit de cinquante-deux pays appelés à témoigner. La plupart des intervenants ont appelé à ce qu’Israël mette fin à son occupation ayant suivi la guerre des Six-Jours, mais Washington a pris la défense de son allié.
« La cour ne devrait pas conclure qu’Israël est légalement obligé de se retirer immédiatement et sans condition du territoire occupé », a déclaré Richard Visek, conseiller juridique au département d’Etat américain. « Tout mouvement vers le retrait d’Israël de la Cisjordanie et de Gaza nécessite la prise en compte des besoins de sécurité très réels d’Israël », qui ont été rappelés le 7 octobre 2023, a-t-il poursuivi.
Les violences commises « renforcent la détermination des Etats-Unis à parvenir de toute urgence à une paix définitive », a déclaré M. Visek. Mais « les négociations sont la voie vers une paix durable », a-t-il martelé.
Le parlement israélien vote massivement contre la reconnaissance unilatérale d’un Etat palestinien
Le parlement israélien a massivement voté mercredi une résolution proposée par le premier ministre Benyamin Nétanyahou contre toute « reconnaissance unilatérale d’un Etat palestinien », qui reviendrait selon le texte à récompenser le « terrorisme sans précédent » du Hamas.
« Ce vote historique souligne notre détermination collective », s’est félicité M. Nétanyahou sur X, ajoutant : « Nous ne récompenserons pas le terrorisme par une reconnaissance unilatérale en réponse au massacre du 7 octobre, pas plus que nous n’acceptons des solutions imposées ».
La résolution, adoptée par 99 des 120 députés, souligne qu’« Israël rejette catégoriquement les diktats internationaux concernant un règlement permanent avec les Palestiniens » et que ce règlement ne pourra se faire que « par le biais de négociations directes entre les parties, et sans conditions préalables ».
Elle ajoute qu’« Israël continuera de s’opposer à la reconnaissance unilatérale d’un Etat palestinien » car « une telle déclaration à la suite du massacre du 7 octobre donnerait une énorme récompense à un terrorisme sans précédent et empêcherait tout futur accord de paix ».
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