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La RDC s’enfonce dans une crise humanitaire toujours plus alarmante

Guerre dans l’est du pays, inondations, épidémie de choléra… Ces multiples crises ont abouti à ce que plus d’un quart des Congolais ne parviennent plus à manger à leur faim.

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Publié le 21 février 2024 à 17h59, modifié le 22 février 2024 à 10h51

Temps de Lecture 3 min.

Un camp de déplacés près de Goma, dans l’est de la RDC, le 16 février 2024.

Les Nations unies et le gouvernement congolais cherchent 2,6 milliards de dollars (2,4 milliards d’euros) pour répondre à la crise humanitaire qui ne cesse de s’étendre en République démocratique du Congo (RDC). Dans un communiqué conjoint publié mardi 20 février, Kinshasa et le Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA) ont officiellement lancé un Plan 2024 pour mobiliser les ressources internationales qui permettront d’assister les 8,7 millions de Congolais « dont la survie dépend largement de l’aide d’urgence ».

Dans l’est du pays, les habitants des environs de Goma, pris en étau entre l’armée et les rebelles du Mouvement du 23-Mars (M23), sont jetés sur les routes et viennent grossir les rangs des 6,7 millions de déplacés internes. Rien que durant les premières semaines de l’année, ce sont pas moins de 170 000 personnes qui ont fui différentes zones du territoire de Masisi et de la capitale du Nord-Kivu. Les familles sont dans le plus grand dénuement, après avoir parfois dû bouger plusieurs fois.

Cette guerre, réactivée fin 2021 dans une région déstabilisée et fragilisée depuis des décennies, vient s’ajouter à plusieurs autres crises.

Flambées de rougeole

De graves inondations, considérées par les autorités congolaises comme « les pires de ces soixante dernières années », ont fait suite aux pluies exceptionnellement violentes qui se sont abattues en décembre et janvier sur 18 des 26 provinces du pays, y compris à Kinshasa. Près de 100 000 foyers ont été détruits ou endommagés, ainsi que 1 325 écoles et 267 centres de santé, selon l’Unicef, vulnérabilisant plus de 2 millions de personnes, dont les deux tiers sont des enfants. Des enfants déjà particulièrement exposés aux flambées de rougeole qui se sont déclarées depuis 2021 à la faveur des retards de vaccination entraînés par la pandémie de Covid-19.

Ces désastres sont aussi venus aggraver un épisode de choléra exceptionnel par son ampleur dans toute la région australe du continent, où la maladie diarrhéique est devenue endémique depuis une trentaine d’années en raison des dérèglements climatiques. Alors que la RDC n’est pas encore parvenue à maîtriser « l’une des plus graves épidémies de son histoire », qui a fait en 2023 près de 500 morts et contaminé 52 400 personnes, des météorologues annoncent de nouveaux épisodes de fortes précipitations et de crues, favorisant la propagation de la bactérie Vibrio choleræ dans les zones densément peuplées, dépourvues de réseau d’assainissement et d’accès à l’eau potable.

Enfin, le pays accueille plus de 520 000 réfugiés en provenance notamment de Centrafrique, du Soudan du Sud ou d’Ouganda, selon les données du Haut-Commissariat pour les réfugiés de l’ONU (HCR).

Violences sexuelles

Ces multiples crises ont abouti à ce que plus d’un quart des Congolais ne parviennent plus à manger à leur faim (26,4 millions d’habitants sur les 96 millions que compte le pays).

« Cette superposition est absolument alarmante, témoigne Emmanuel Lampaert, le représentant officiel de Médecins sans frontières (MSF) en RDC, qui travaille actuellement en Ituri (nord-est). Il est fort probable que l’évaluation des besoins faite par l’ONU et Kinshasa, clôturée à l’automne, soit vite dépassée. La situation actuelle à Goma le démontre. L’impact sanitaire de l’intensification des conflits suit une logique implacable. On voit par exemple arriver un afflux de blessés très supérieur à la capacité d’accueil des centres de santé. Nous avons d’énormes inquiétudes pour la protection des enfants et des femmes, très exposées aux violences sexuelles. D’autant plus que les Forces armées de RDC sont censées prendre le relais des casques bleus de la Monusco, dont les positions ferment les unes après les autres. »

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A la demande du gouvernement congolais, la force onusienne de maintien de la paix, très controversée et présente depuis vingt-cinq ans, a en effet commencé son retrait « anticipé et progressif » fin décembre, malgré une ultime prolongation jusqu’à la fin de l’année.

Face à la gravité de la situation, les Nations unies et les grandes ONG qui sont sur le terrain déplorent « l’oubli » de la communauté internationale, rappelant qu’en 2023 seulement 40 % des besoins d’aide d’urgence ont été couverts. Une indifférence que les Léopards de l’équipe nationale de football ont dénoncée durant l’hymne congolais avant le coup d’envoi de la demi-finale de la Coupe d’Afrique des nations (CAN), le 7 février, en se bâillonnant la bouche de la main et en pointant comme une arme deux doigts sur la tempe. Les joueurs arboraient également un brassard noir en signe de deuil.

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