Guerre en Ukraine

"Même si les Russes avancent, je continuerai à aider les réfugiés" : à Odessa, la solidarité malgré l'épuisement de la guerre

Aide humanitaire à l'Ukraine : l'élan de solidarité s'étiole

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InfoPar Mathieu Van Winckel

Ils attendent, en file chaotique, dans la fraîcheur de la fin de l’hiver ukrainien devant le centre de dons pour réfugiés à Odessa. Des femmes et des hommes âgés font la file, documents d’identité à la main, pour obtenir de l’aide humanitaire. C’est le plus grand centre d’aide d’Ukraine. Quatre cents familles différentes viennent ici chaque jour. Les besoins restent immenses et pourtant les dons diminuent chaque jour un peu plus.

Oxana dépose une caisse de vivre, qu’elle vient de recevoir, aux pieds de sa fille aînée qui attend dehors emmitouflée avec sa petite sœur dans une poussette. "De là où on vient à l’est, la guerre a tout détruit. On ne peut plus vivre là-bas. C’est pour ça qu’on s’est installé à Odessa. On a trouvé un petit appartement à louer et on vient ici, ils sont super, on reçoit plein de choses." Contrôle à l’entrée, les familles peuvent emporter des colis de 5 kg d’aide par personne et par mois.

© Mathieu Van Winckel

Après deux ans de guerre, l’essoufflement

Elle dirige l’organisation du centre avec une certaine fermeté. Natalia promène ses cheveux roux vif et surtout son regard autoritaire dans les stocks. "Ne regardez pas ces caisses où il est écrit 'from Belgium', la Belgique ne nous a rien donnés ! Ce sont des dons privés de matériel produit en Belgique mais acheté en Allemagne ou en Pologne !" Des palettes d’aide humanitaire de l’ONU, de l’UNICEF ou d’ONG américaines sont entreposées sous d’immenses tentes dans la cour. "Et pourtant, on a de plus en plus de mal à obtenir assez d’aide pour répondre aux besoins", poursuit Natalia. "La guerre dure depuis deux ans et les gens se fatiguent. Au début, toute la planète nous a envoyé des dons. Maintenant ça devient plus rare."

Natalia dirige le centre de dons aux réfugiés d’Odessa
Natalia dirige le centre de dons aux réfugiés d’Odessa © Mathieu Van Winckel

Je continuerai à aider tant qu’il y aura des besoins, même si les Russes avancent

Une autre femme, plus jeune s’active entre les caisses et les réfugiés qui arrivent au bureau d’accueil. Nadiya est la fondatrice de ce projet de distribution. Elle nous détaille longuement la liste des besoins des réfugiés, leur difficulté à trouver des logements, l’aide psychologique, la recherche d’emploi. Mais ses phrases deviennent plus courtes, plus sèches quand on évoque l’avenir. "Je serai toujours là pour aider. On me demande souvent si l’aide va continuer longtemps et je réponds toujours que moi je vais continuer tant qu’il y aura des besoins."

Les récentes avancées russes, le manque de munitions et de soldats font craindre une chose ici : un nouvel afflux de réfugiés venant de l’est. "C’est ma plus grande crainte. Qu’un jour on ne puisse plus donner à tout le monde."

Nadiya n’aime pas trop imaginer ce qu’il va se passer pour l’Ukraine
Nadiya n’aime pas trop imaginer ce qu’il va se passer pour l’Ukraine © Mathieu Van Winckel

Oxana a fourré tout ce qu’elle a reçu dans ses poches et dans la poussette avec sa fille. Elle repart et fait demi-tour pour nous dire encore une chose : "Ils sont super ici mais il faut faire quelque chose pour le logement. C’est compliqué de trouver un endroit pour vivre en tant que réfugiée. Le gouvernement devrait construire des petites maisons. Mais avec les bombardements, je ne sais pas si c’est une bonne idée."

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