Un château des Yvelines va accueillir près de 200 réfugiés africains venus de Mayotte

Ces personnes avaient fui l’Afrique de l’Est pour trouver refuge dans cette île française du canal du Mozambique. Ils resteront au domaine de Thiverval-Grignon au moins jusqu’à la mi-mars.

Thiverval-Grignon. Le château accueille régulièrement des personnes sans abri. LP/Y.F.
Thiverval-Grignon. Le château accueille régulièrement des personnes sans abri. LP/Y.F.

    Le château de Thiverval-Grignon confirme son importance stratégique dans l’accueil des réfugiés. Ce lundi soir, un avion en provenance de Mayotte doit se poser à Roissy-Charles-de-Gaulle avec 195 passagers à son bord. Après avoir été conduits en car jusqu’à ce château installé au cœur des Yvelines, ces réfugiés ont été pris en charge par l’association caritative Emmaüs. C’est la première fois qu’un tel contingent venu de l’île hippocampe est accueilli en métropole.

    Originaires de l’Afrique de l’Est, ces « migrants » s’étaient installés ces derniers mois dans ce département français de l’océan Indien, située entre le Mozambique et Madagascar. Contrairement aux milliers de clandestins comoriens qui vivent à Mayotte, aucun d’entre eux n’est en situation irrégulière : ils disposent tous du statut (international) de réfugié politique.

    Bénéficiaires du droit d’asile, les deux tiers viennent du nord de la République démocratique du Congo, touchée par une guerre civile dans la région du Kivu, mais aussi du Rwanda, de la Somalie, du Burundi… « Ce sont essentiellement des familles ou des femmes seules qui logeaient dans un stade, à proximité de Mamoudzou (la préfecture de Mayotte), dans des conditions déplorables. Dans le contexte tendu que connaît actuellement l’île, l’acceptabilité locale à leur égard s’étiolait », indique une source préfectorale pour expliquer la soudaineté de ce transfert.

    La maire a écrit à ses habitants

    Dans les prochains jours, une petite partie d’entre eux va rejoindre de la famille en région parisienne. La majorité restera sur place jusqu’à la mi-mars avant d’être dirigés vers des solutions d’hébergement pérennes en province. « Concernant Thiverval, il s’agit d’un accueil transitoire de personnes en situation régulière, francophones et venues en famille », rassure-t-on à la préfecture des Yvelines, où l’on souligne l’expertise de l’association Emmaüs dans l’accueil de ce public.

    En dépit du caractère humanitaire de cette opération et du profil de ces personnes, Nadine Gohard, la maire (sans étiquette) de cette commune de 1 100 habitants, a toutefois écrit ce lundi matin à ses administrés pour les prévenir. Elle dit regretter le caractère contraint de cette décision, imposée par la préfecture, « sans négociation possible ».

    « Je ne peux que m’étonner de la soudaineté et l’urgence de cette demande, la situation à Mayotte n’est pas nouvelle… Soyez assurés que je m’attache à obtenir des garanties, tant pour le bien-être et la sécurité des personnes », a-t-elle écrit.

    Le domaine a déjà accueilli des réfugiés par le passé

    Fin 2022, le château de Thiverval-Grignon avait accueilli 200 réfugiés sans-abri. Ils y étaient restés plusieurs mois. Leur présence avait été pointée du doigt par le parti « Reconquête » d’Eric Zemmour. Ce dernier avait même organisé une manifestation devant le site en février 2023, bien que localement, les habitants ne semblaient pas inquiets. Les militants d’extrême-droite avaient estimé que la France offrait « la vie de château » à des étrangers... Formule opportunément reprise ce lundi.



    Propriété de l’État, le domaine de Grignon comprend un château du XVIIe siècle et près de 270 hectares de terres agricoles et de forêt. Après avoir longtemps accueilli l’école d’ingénieurs AgroParisTech, il est resté inoccupé après le départ de celle-ci et des derniers chercheurs, en novembre 2022. Un temps envisagée, l’idée de vendre à un promoteur immobilier a été définitivement abandonnée il y a quelques jours.