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Europe

Victoire pour la nature : l’Europe sauve in extremis une loi historique

Les pays de l’Union européenne devront restaurer au moins 30 % des habitats en mauvais état d’ici 2030.

Le 27 février, la loi européenne sur la restauration de la nature a été adoptée par le Parlement, sans recueillir une large majorité. La droite et l’extrême droite avaient bataillé pour la faire capoter.

Un des piliers du Green Deal européen vient d’être sauvé. Mardi 27 février, la loi européenne sur la restauration de la nature a été adoptée ric-rac par le Parlement : 329 eurodéputés ont voté pour, 275 contre, et 24 se sont abstenus. Ces derniers jours, la droite et l’extrême droite avaient tout fait pour la faire capoter.

« L’alliance de la droite, l’extrême droite et d’une partie du groupe macroniste échoue à faire tomber ce texte visant à lutter contre la crise du vivant et de la biodiversité qui nous menace tous ! », a réagi l’eurodéputée Manon Aubry (LFI). L’écologiste Marie Toussaint a salué « une victoire pour le vivant, les agriculteurs, tous les européens ! » Les pays de l’Union européenne devront restaurer au moins 30 % des habitats (forêts, prairies, zones humides, rivières, lacs et fonds coralliens) en mauvais état d’ici 2030, 60 % d’ici 2040 et 90 % d’ici 2050.

D’importantes concessions

Dans ce dossier, le plus dur avait, pensait-on, été fait en juillet dernier. Après une très rude bataille politique, la droite et l’extrême droite, déjà alliées, n’étaient pas parvenues à rejeter le texte. Elles avaient néanmoins obtenu d’importantes concessions sur le contenu : exit les mesures immédiates de protection des océans ; exit l’extension des zones « à haute diversité » dans les champs ; exit l’objectif de restauration de 30 % des écosystèmes, pourtant approuvé lors du sommet mondial pour la biodiversité fin 2022. Puis le Parlement, le Conseil et la Commission étaient parvenus en novembre à un accord au prix de nouveaux sacrifices.

Le vote final n’aurait dû être qu’une formalité : habituellement, les eurodéputés ne cherchent pas à modifier un texte après qu’un compromis a été trouvé. Las, de premières attaques ont émané des groupes d’extrême droite ECR et Identité et démocratie (ID) — dont est membre le Rassemblement national — qui ont demandé le rejet du texte. Motif ? Il mettrait en danger l’agriculture européenne. Un argument largement démenti, par des scientifiques comme par des paysans.

Grace O’Sullivan, eurodéputée Verte au Parlement européen. 329 eurodéputés ont voté pour, 275 contre. @GraceOSllvn

La fronde a pris une ampleur encore plus préoccupante lorsque, la veille du vote, le groupe de droite European People’s Party (EPP) a appelé ses membres à rejeter le texte. « Nous ne voulons pas de nouvelles formes de bureaucratie et d’obligations de déclaration pour les agriculteurs », a-t-il soutenu dans un communiqué. La première force politique du Parlement avait pourtant topé lors de l’accord, mais est en train de durcir ses positions sur l’environnement avant le scrutin de juin.

Toutefois, comme lors du premier vote en juillet, la consigne de l’EPP n’a pas été suivie par l’ensemble de ses membres. La délégation irlandaise a, par exemple, soutenu l’accord. « Si nous avons gagné la bataille de la loi de la restauration de la nature, c’est parce qu’une partie de la droite a su résister à l’alliance avec le populisme antiécologique de l’extrême droite », a déclaré l’eurodéputé Renaissance Pascal Canfin. Un constat qui ne s’applique pas à la délégation française du PPE – huit élus –, qui a quant à elle défendu de concert le rejet du texte.

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