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« Un agresseur déguisé en réalisateur fait pleurer les petites filles pour de vrai » : Judith Godrèche auditionnée par le Sénat français

Dans une prise de parole inédite et politique, l’actrice Judith Godrèche a demandé la création d’une commission d’enquête sur les violences sexuelles dans le cinéma.
Par Fanny Declercq (avec AFP)
Temps de lecture: 3 min

C’est une « bataille politique » que Judith Godrèche mène désormais, par « militantisme », « un mot qui ne devrait pas faire peur ». Auditionnée ce jeudi 29 février devant le Sénat français, la comédienne a demandé la création une commission d’enquête sur les violences sexuelles dans le cinéma. Depuis qu’elle a porté plainte contre les cinéastes Benoît Jacquot et Jacques Doillon pour des violences sexuelles lorsqu’elle était adolescente, l’actrice française n’est pas seulement devenue la figure de proue du mouvement de dénonciation de ces violences dans le cinéma. Ecumant les plateaux télévisés et les émissions de radio, et moins d’une semaine après son discours coup de poing à la Cérémonie des César, elle est aujourd’hui le relais politique des jeunes victimes de violences sexuelles.

Durant son audition de près de deux heures devant les parlementaires de la délégation au droit des femmes, elle a demandé la création une commission d’enquête sur les violences sexuelles dans le cinéma, le retrait de Dominique Boutonnat, président du Centre national du cinéma et de l’image animée mis en cause pour violences sexuelles sur son neveu, et le retour du juge Durand à la tête de la Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants.

« Reflet de notre société »

« Tout le monde le savait, dans l’industrie du cinéma, qu’un agresseur déguisé en réalisateur fait souffrir les petites filles pour les faire pleurer », a-t-elle asséné, rappelant qu’il n’existait aucune protection de l’enfance sur les tournages et dans les castings. « Cette famille incestueuse du cinéma n’est qu’un reflet de notre société. » Elle est revenue notamment sur les 4.500 témoignages reçus en moins d’un mois, sur la nécessité de discuter avec les enfants, de mettre en place un système de contrôle plus efficace, évoquant entre autres la présence de « référents neutres » sur les tournages auxquels des enfants participent ou de « coordinateurs d’intimité ».

« En une journée, j’ai reçu 200 témoignages de techniciennes qui ont toutes reçu un selfie du sexe d’un réalisateur français. » Elle a abordé les « personnes de l’ombre du cinéma » : « Pour que la parole des autres se libère il faut qu’ils soient eux aussi protégés, qu’ils sachent qu’ils ne vont pas perdre leur travail. »

Interpellée par Rachida Dati, ministre de la Culture, après son discours aux Césars, Judith Godrèche a évoqué une éventuelle rencontre avec le président Emmanuel Macron. « Ce qui se joue en ce moment, c’est une révolution sociétale », a souligné la sénatrice Dominique Vérien, avant d’ajouter : « Comme vous, nous appelons à un sursaut et à une prise de conscience collective. »

 

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17 Commentaires

  • Posté par Mauer Marc, vendredi 1 mars 2024, 12:38

    Qu’est que cette femme est fatigante ! Tout ce qu’elle dénonce a très clairement existé, et était même la règle. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. Alors, l’intérêt de traîner quelques octogénaires dans la boue, et pas au tribunal, c’est bien trop tard pour ça, … La démarche de JG me dérange beaucoup en ce sens que cela sent la tentative de réécriture de l’histoire !

  • Posté par eric biltiau, jeudi 29 février 2024, 16:32

    Chloé Morin sur LCI ce midi a parfaitement mis en évidence ce besoin de "wokisme" d'une certaine tranche de la société. Elle a décrit également, avec arguments à l'appui, le comportement de J. Godrèche.

  • Posté par collet Josée, jeudi 29 février 2024, 15:34

    tout cela tourne au ridicule; ça va trop loin et on constate que la justice judiciaire est reléguée au profit d'une justice médiatique qui peut faire des ravages; l'interdiction d'une oeuvre cinématographique comme c'est le cas du film qui devait sortir est une ineptie qui aura de lourdes conséquences car les producteurs vont réfléchir avant d'investir dans un film qui pourrait ne pas sortir au cas ou un acteur ou un réalisateur, ou même un technicien fauterait. Elle a dit ce qu'elle voulait dire (sans se remettre aussi en cause ) maintenant BASTA. A 14 ou 15 ans cette fille était déjà très frondeuse (c 'est elle qui le dit dans des interviews) et en 2010 elle était élogieuse quant à B. JACQUOT alors qu'elle était majeure. Pour remplacer une carrière en berne, out elle faire une carrière politique?

  • Posté par Chalet Alain, jeudi 29 février 2024, 17:14

    collet Josée, vous avez parfaitement raison, cette façon de vouloir faire justice de façon médiatique est une dérive inacceptable.

  • Posté par Deflandre Catherine, jeudi 29 février 2024, 16:22

    Marrant quand même, quand des jeunes comme Greta Thunberg prennent la parole ou manifestent, on dit qu'elles sont trop jeunes pour savoir, mais Judith Godrèche était selon beaucoup responsable de ses choix... Deux poids deux mesures

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