Le nombre de sans-abris a augmenté de 17% en un an à Paris

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Le nombre de sans-abris a augmenté de 17% en un an à Paris

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De nombreux sans-abris vivent sous le pont de Sully à Paris.
De nombreux sans-abris vivent sous le pont de Sully à Paris.
© Radio France - Faustine Calmel

Selon les derniers chiffres de "la Nuit de la Solidarité", le nombre de personnes vivant à la rue a augmenté de 17% à Paris, par rapport à l'an dernier. Parmi eux, des mineurs. Ils seraient entre 400 et 500 à dormir sous des tentes dans les rues de la capitale.

Ce n'est pas parce qu'il fait moins froid que vivre à la rue est plus facile. Malgré l'ouverture au début de l'hiver de nouveaux lieux d'hébergement, comme des lycées pour les familles ou des femmes seules, mais aussi des gymnases pour les mineurs non accompagnés, le nombre de personnes sans-abri ne diminue pas dans la capitale. Selon les derniers chiffres de la Nuit de la Solidarité, elles sont 17% de plus par rapport à l'an dernier. Plus de 2 000 volontaires et une cinquantaine d’associations ont été mobilisés dans la nuit du 25 au 26 janvier pour les recenser. Une opération organisée par la mairie de Paris.

Des mineurs sous des tentes au bord de la Seine

Les sans-abris sont nombreux, par exemple, sur les quais de Seine. Sous chaque pont, c'est le même décor : des dizaines de tentes sont alignées, recouvertes de couvertures de survie qui claquent avec le vent. "Cela fait un mois et demi que je dors ici", explique Fodé, à l'entrée de l'une d'elles. Originaire de Guinée Conackry, le jeune homme de 17 ans, dispose dans sa tente de quelques habits et d'une bouteille d'eau. Il se plaint du froid, de l'humidité et de l'absence de perspective, lui qui aimerait travailler dans le bâtiment.

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Comme Fodé, ils seraient entre 400 et 500 mineurs à vivre sous des tentes dans la capitale. Des jeunes souvent délogés par les forces de l'ordre : Ismaël a dû quitter de force le pont Marie pour celui de Sully, quelques heures avant que nous le rencontrions. "La police nous a dit de quitter les lieux. On leur a répondu qu'on ne savait pas où aller. C'est de la méchanceté, parce que tu es tout le temps dans la rue. Tu ne sais pas ce que tu vas faire", soupire le jeune homme. Il continue : "Je n'en veux pas tellement à la France, parce que nous sommes déjà chez eux, mais il faut comprendre notre situation. Ce que nous rencontrons en ce moment est très très difficile. J'aimerais étudier. Je veux vraiment m'intégrer", raconte Ismaël, qui rêve d'un travail et d'un toit, autre qu'une tente au bord de l'eau, comme actuellement.

Deux raisons principales pour expliquer les chiffres

La mairie de Paris observe une baisse du nombre de familles à la rue, grâce à l'ouverture de lieux d'accueil depuis fin décembre. Malgré tout, le nombre de sans-abris continue d'augmenter, "pour deux raisons principales", selon Léa Filoche, l'adjointe au maire en charge des solidarités. "La première c'est que l'on a une paupérisation de tout un tas de publics sur le territoire parisien, mais on peut malheureusement le constater un peu partout en France", explique l'élue. "Il y a aussi une reprise et hiver des flux migratoires. Et on est en-dessous ce qui nous attend au printemps. C'est là qu'une politique d'accueil doit pouvoir se construire pour éviter que les personnes passent forcément par un bout de trottoir parisien, avant éventuellement de pouvoir trouver une solution", regrette Léa Filoche.

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La mairie de Paris explique être inquiète de cette situation à l'approche du printemps et des Jeux olympiques. Elle demande une plus grande implication de l’État. L'hébergement d'urgence est de son ressort. La gestion des mineurs accompagnés est par contre à la charge de l'Aide sociale à l'enfance, donc des départements, en l'occurrence à Paris de la municipalité. Sauf quand ils sont en instance de recours concernant leur reconnaissance de minorité et relèvent alors de l'Etat.

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