Les célibataires européens plus durement touchés par la crise du coût de la vie

Une femme vérifie les prix alors qu'elle fait ses courses dans une épicerie de Wheeling (Illinois), le vendredi 19 janvier 2024.
Une femme vérifie les prix alors qu'elle fait ses courses dans une épicerie de Wheeling (Illinois), le vendredi 19 janvier 2024. Tous droits réservés Nam Y. Huh/Copyright 2024 The AP. All rights reserved.
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Par Indrabati Lahiri
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Cet article a été initialement publié en anglais

Qu'il s'agisse du logement ou des frais de déplacement, les célibataires doivent régulièrement faire face à des coûts plus élevés que ceux qui en couple, en Europe.

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La crise du coût de la vie, qui sévit actuellement, en Europe, touche la plupart des gens d'une manière ou d'une autre, mais les célibataires sont potentiellement les plus impactés. Le fait d'être célibataire peut être une chance pour vous, mais cela peut aussi avoir un prix élevé.

Selon la société de financement et d'assurance, Ocean Finance, les célibataires britanniques paient environ 3 739,8 euros par an pour des dépenses telles que les loyers, les hypothèques, les services publics, etc.

Ces dernières années, les célibataires britanniques et européens ont été frappés par une augmentation disproportionnée des coûts par rapport aux couples ou aux familles. Cette situation a donné lieu à l'apparition d'un terme inventé, l'impôt sur les célibataires, également connu sous le nom de pénalité pour les célibataires, qui fait référence à tous les coûts supplémentaires auxquels sont confrontées les personnes qui ne sont pas en couple.

Ce surcoût est perceptible dans presque tous les domaines, des hypothèques aux factures en passant par les voyages et les activités de loisirs, en particulier pour les célibataires sans enfants.

Selon Eurostat, les ménages composés d'une seule personne sans enfant ont augmenté de 30,7 %, entre 2009 et 2022, dans l'UE. Les ménages les plus petits se trouvent en Lituanie, en Estonie, au Danemark et en Finlande, tandis que les plus grands se trouvent en Croatie, en Slovaquie et en Grèce.

Eurostat a également souligné, qu'en 2022, le type de ménage le plus courant dans l'Union Européenne était les ménages composés d'un seul adulte, représentant environ 71,9 millions de personnes.

Selon Sophie Cress, thérapeute conjugale et familiale agréée, l'impact de la taxe sur les célibataires pourrait aller bien au-delà des contraintes financières.

"La taxe sur les célibataires peut avoir des conséquences qui vont au-delà des questions d'argent, en affectant les relations et la prise de décision des gens. Le fait que de plus en plus de personnes restent en couple pour des raisons financières témoigne des pressions sociétales et économiques auxquelles sont confrontés les célibataires", précise Sophie Cress. 

"Beaucoup se demandent s'ils peuvent se permettre d'être célibataires, à la fois financièrement et émotionnellement, dans un monde où le coût de la vie en solo semble exorbitant".

"La taxe sur les célibataires peut les amener à se sentir socialement isolés et stigmatisés. En effet, la société a tendance à accorder plus d'importance aux partenariats romantiques et aux cellules familiales, ce qui fait que les célibataires se sentent marginalisés", ajoute la thérapeute. 

"En conséquence, ces personnes peuvent éprouver un sentiment d'inadéquation ou d'indignité, car la norme veut que le bonheur et l'épanouissement soient surtout le fruit de relations amoureuses", conclut Sophie Cress.

Quelles sont les dépenses les plus touchées par la taxe sur les célibataires ?

Dans un contexte de crise du coût de la vie, les célibataires peuvent avoir du mal à payer seuls, leur loyer et leur hypothèque, en particulier dans les villes où le coût de la vie est élevé, comme Londres. Les personnes qui vivent une relation malheureuse ou malsaine y réfléchissent à deux fois avant de se séparer, car elles ne sont pas toujours sûres de pouvoir subvenir, seules, à leurs besoins.

Dans de nombreux cas, les banques et autres institutions financières sont également moins enclines à accorder des prêts et des hypothèques aux célibataires, même s'ils ont un emploi stable et bien rémunéré et une mise de fonds décente pour l'hypothèque. Cela peut rendre difficile l'achat d'une maison par un célibataire.

Les tickets de caisse à l'épicerie peuvent également être beaucoup plus élevés, car les produits sont conditionnés en deux ou quatre portions, et les paquets familiaux des denrées, tels que les chips ou le chocolat, sont également destinés aux célibataires.

Lorsqu'ils mangent au restaurant, les célibataires ont également moins de chances de profiter des offres destinées aux couples ou aux familles

De même, les frais de voyage peuvent s'accumuler rapidement, les personnes seules n'ayant pas toujours accès à des réductions telles que les cartes de train "Two Together" au Royaume-Uni. Il en va de même pour les hôtels et les autres activités de vacances, une personne partant seule ne pouvant bénéficier d'importantes réductions de groupe.

Il en va de même pour les services publics, tels que les factures d'eau et d'énergie, qui peuvent fonctionner sur la base d'un tarif fixe et prennent principalement en compte les ménages composés de deux personnes. D'autres coûts liés aux loisirs, comme la redevance TV et les services de streaming, comme Netflix et Amazon Prime, seront également plus élevés.

Ocean Finance estime que les célibataires paient environ 230 euros de plus par mois sur leurs factures - y compris le logement - que s'ils avaient un autre adulte avec qui ils pouvaient partager les frais. De même, ils dépensent environ 17 euros de plus pour la nourriture et l'alcool, 46 euros de plus pour les vacances et 30 euros de plus pour les abonnements.

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Les célibataires paient souvent plus d'impôts que les couples ou les familles

Finn Wheatley, analyste des risques, au Small Business Blog, a déclaré au Big Issue : "Le coût de la vie en solitaire s'additionne. Tout d'abord, les impôts frappent plus durement les célibataires que les couples ou les familles. Lorsque je vivais seul, tout, du loyer aux courses en passant par les soins de santé, relevait de ma seule responsabilité, sans personne avec qui partager les coûts".

Bien que l'on puisse trouver des moyens de payer moins de loyer et de réduire ses factures d'épicerie, des impôts plus élevés pour les célibataires pourraient potentiellement être plus douloureux. Au Royaume-Uni, par exemple, l'allocation de mariage pourrait réduire la facture fiscale d'un couple d'environ 1170 67 euros. 

Selon l'OCDE, en 2022, en Belgique, le coin fiscal pour les travailleurs célibataires sans enfant était d'environ 53 %, l'Allemagne se situant à 47,8 % et l'Autriche à 46,8 %. La France imposait les travailleurs célibataires sans enfant à 47,0 % et l'Italie à 45,9 %.

En revanche, le coin fiscal belge pour un travailleur moyen marié avec deux enfants était de 37,8 % en 2022, l'Allemagne les taxant à 32,9 % et l'Autriche à 30,2 %. La France les impose à 39,2 % et l'Italie à 34,9 %.

La municipalité belge introduit des réformes neutres pour le mode de vie

Au 1er janvier 2023, la Belgique comptait 1,8 million de ménages d'une personne, selon Stratbel, soit plus de 36 % des ménages privés. Pendant la pandémie de Covid-19, ces ménages ont augmenté d'environ 22 %.

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Cependant, la Belgique continue d'avoir l'une des politiques fiscales les plus élevées pour les célibataires. Cette situation a conduit Carla Dehonghe, députée au Parlement bruxellois et membre du parti libéral flamand, Open VLD, à condamner la discrimination sociale à l'encontre des célibataires sans enfants, en particulier en matière d'impôts.

Appelant à des politiques fiscales plus neutres sur le plan du mode de vie, comme le rapporte le Brussels Times, Carla Dehonghe a déclaré que "de nombreuses personnes se retrouvent seules à la suite d'un changement de situation. Il n'y a pas de limite d'âge pour vivre seul. Le groupe des célibataires est très diversifié : célibataires, divorcés, veufs et veuves, familles monoparentales, etc.

"La famille classique de deux parents et deux enfants reste la norme aux yeux des décideurs politiques. Cela conduit, entre autres, à des mesures désavantageuses pour les célibataires, en termes d'impôts, de logement, etc", souligne-t-elle. 

"Léguer son héritage à ses enfants ou à son partenaire permet de bénéficier des droits de succession les plus avantageux, mais les personnes isolées sans enfant n'ont tout simplement pas cette possibilité. Donner son héritage à une personne extérieure au cercle familial, même à un frère ou une sœur, est plutôt une bonne nouvelle pour l'État", ajoute Carla Dehonghe. 

Carla Dehonghe a apporté quelques changements dans ce sens dans sa propre commune, Woluwe-Saint-Pierre, dont le conseil a récemment voté, à l'unanimité, une charte visant à apporter des changements plus inclusifs en matière de société, de logement et de communauté.

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Il s'agit par exemple de nouveaux logements offrant davantage d'espaces communs pour les célibataires, de restaurants proposant des tables communes, d'invitations municipales permettant d'inviter une personne supplémentaire, au lieu d'un seul partenaire, etc.

"Chacun peut apporter sa pierre à l'édifice, et pas seulement les hommes politiques. Les restaurants locaux peuvent élaborer des politiques favorables aux célibataires. Sur le lieu de travail, le respect des souhaits de chacun peut être assuré", affirme Clara Dehonghe.

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