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L’ancien secrétaire général de l’OTAN appelle l’UE à passer en «économie de guerre»

Pour l’ex-premier ministre du Danemark Anders Fogh Rasmussen, la perspective du retour de Donald Trump au pouvoir doit faire réagir l’Europe. «Il y a beaucoup de choses que nous pouvons et devons faire», affirme-t-il dans la presse alémanique

Anders Fogh Rasmussen, alors secrétaire général de l’OTAN, lors d’une conférence de presse le 6 juin 2013 à Varsovie, Pologne.  — © imago stock&people / imago stock&people
Anders Fogh Rasmussen, alors secrétaire général de l’OTAN, lors d’une conférence de presse le 6 juin 2013 à Varsovie, Pologne. — © imago stock&people / imago stock&people

Fin 2022, l’ancien secrétaire général de l’Alliance atlantique (2009-2014) Anders Fogh Rasmussen critiquait la position de la Suisse après qu’elle s’est opposée à la réexportation d’armes vers l’Ukraine. «La Suisse m’a incroyablement surpris, mais pas dans le bon sens», déclarait-il alors dans la presse alémanique. Aujourd’hui, ce sont les dirigeants européens qui en prennent pour leur grade. «Que faut-il faire pour que les Européens comprennent la gravité de la situation?» interroge le Danois, qui conseille par ailleurs le gouvernement ukrainien. «Poutine ne lâchera rien, surtout pas avant l’élection présidentielle américaine. […] L’Europe doit passer à une économie de guerre et fournir à l’Ukraine toutes les armes dont elle a besoin», déclare-t-il dans un entretien accordé à la NZZ.

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L’homme de 71 ans, inquiet à la perspective de voir Donald Trump revenir à la Maison-Blanche, estime qu’à défaut de pouvoir obtenir l’aval du Congrès nécessaire au retrait des Etats-Unis de l’OTAN, le républicain pourrait nuire à l’organisation de bien des façons s’il retrouvait sa casquette de président. Notamment en restant à l’écart des sommets de l’alliance, en boycottant les exercices de l’OTAN ou en refusant d’envoyer des troupes pour aider en cas de conflit. En réaction, il appelle les Européens à augmenter leurs dépenses de défense.

«En temps de guerre, on ne peut pas diriger en suivant l’opinion publique»

Fidèle à sa ligne, l’ancien patron de l’OTAN répète que la guerre en Ukraine doit inciter l’UE à renforcer «sa coopération dans les domaines de la défense et de la sécurité», par exemple en nommant «un commissaire à la Défense» et en augmentant «la capacité de production d’armes et de munitions».

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Tranchant, Anders Fogh Rasmussen s’en prend à la mollesse des chefs d’Etat et à ce qu’il considère comme un chancelier allemand – Olaf Scholz – «bien trop lent, bien trop hésitant», qui «ne ressemble pas à un leader». Critiquant les choix de l’Allemagne et des Etats-Unis de ne pas fournir des missiles de croisière Taurus et de missiles ATACMS à longue portée, il affirme: «En temps de guerre, on ne peut pas diriger en suivant l’opinion publique.»

Adhésion de l’Ukraine à l’OTAN: «Il faut briser ce cercle vicieux»

Le président français, Emmanuel Macron, en prend également pour son grade. «C’est une honte», répond Anders Fogh Rasmussen aux journalistes alémaniques qui le font réagir au fait que la France n’est que 17e en matière d’aide militaire à l’Ukraine – selon le Kiel Institute, la France avait promis 640 millions d’aide militaire contre 17,7 milliards d’euros côté allemand, au 15 janvier. «Même mon pays, le petit Danemark, fournit une aide militaire plusieurs fois supérieure», tacle-t-il avant de nuancer: «J’ai le sentiment que de plus en plus de dirigeants européens se rendent compte que nous ne pouvons pas simplement retourner à notre vie quotidienne habituelle.»

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Intégrer l’Ukraine à l’OTAN malgré le fait que le pays soit en guerre? C’est possible, selon le Danois, qui milite pour depuis des mois. Pour lui, tant que le processus d’adhésion n’est pas entamé, Vladimir Poutine recevra le signal «qu’il lui suffit de poursuivre la guerre indéfiniment pour empêcher l’Ukraine de devenir un jour membre de l’OTAN». «Il faut briser ce cercle vicieux», estime-t-il.