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Santé

Des chercheurs créent un nouvel antibiotique efficace contre les superbactéries

Des chercheurs américains ont conçu un antibiotique pour éviter spécifiquement les parades que les bactéries utilisent pour résister aux antibiotiques déjà présents dans la nature.

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La bactérie Clostridioides difficille

La bactérie Clostridioides difficile (anciennement Clostridium difficile), qui cause des diarrhées chez l’humain, est l'une des nombreuses bactéries qui ne peuvent pas résister à ce nouvel antibiotique.

ARTUR PLAWGO / SCIENCE PHOTO LIB / APL / Science Photo Library via AFP
La bactérie Clostridioides difficille
Des chercheurs créent un nouvel antibiotique efficace contre les superbactéries
Nicolas Gutierrez C.
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Une nouvelle arme contre les superbactéries. La résistance aux antibiotiques, ou antibiorésistance, est un problème de santé croissant dans la planète entière. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), ces bactéries résistantes tuent désormais davantage de personnes que le VIH ou le paludisme, étant impliquées dans environ 5 millions de décès chaque année.

Conscient de cette menace grandissante, le monde scientifique a intensifié la quête pour trouver de nouveaux outils contre ces superbactéries. Pour cela, les chercheurs scrutent les défenses antibactériennes déjà existantes dans la nature, produites par exemple par d’autres bactéries, comme la teixobactine ou la clovibactine.

Des chercheurs de l’université de Harvard aux États-Unis ont dévoilé une nouvelle approche : un antibiotique entièrement synthétique conçu spécifiquement pour éviter les parades que les bactéries utilisent pour résister aux antibiotiques déjà présents dans la nature. Leur molécule a été présentée dans la revue Science le 15 février 2024.

Un antibiotique conçu pour mieux s’accrocher à sa cible

Une grande partie des antibiotiques traditionnels s’attaquent à une partie très spécifique des bactéries, leurs ribosomes, responsable de fabriquer les protéines nécessaires à l’organisme. Les antibiotiques s’y accrochent et bloquent ainsi la production de protéines, sabotant les bactéries de l’intérieur. Mais certaines ont trouvé des façons de décrocher ces molécules, les rendant inoffensives : elles peuvent par exemple modifier une partie du ribosome, l’ARN ribosomal, en y ajoutant des groupes méthyles qui empêchent l’antibiotique de s’y accrocher efficacement.

Les chercheurs se sont inspirés de ces antibiotiques qui ciblent les ribosomes des bactéries : "Le ribosome bactérien est la cible préférée de la nature pour des armes antibactériennes, et ces armes sont la source d’inspiration de notre projet", explique dans un communiqué Ben Tresco, auteur de l’étude.

Mais pour éviter toute résistance, ils ont conçu la molécule avec une forme rigide qui s’ajuste au plus près à sa cible dans le ribosome. Ainsi, cet antibiotique s’y accroche beaucoup plus solidement et n’est pas dégagé par les stratégies normalement utilisées par les bactéries contre les antibiotiques qui attaquent leurs ribosomes.

Un antibiotique efficace et qui semble sûr pour les humains

Testée en laboratoire, cette nouvelle arme contre les superbactéries bloquait sans merci la croissance d’un nombre de bactéries, dont certaines souches résistantes aux antibiotiques traditionnels, y compris des staphylocoques, des streptocoques et Clostridioides difficile (anciennement Clostridium difficile). En revanche, il était inoffensif pour des cellules humaines cultivées en laboratoire, ce qui suggère que l’antibiotique pourrait être sûr pour une utilisation clinique.

L’efficacité et la sûreté de cette molécule synthétique ont été ensuite confirmées chez la souris : elle parvenait à soigner des animaux infectés par une dose normalement létale de la bactérie staphylocoque doré (Staphylococcus aureus), alors que 90 % des souris non traitées ont succombé deux jours après l’infection.

Une nouvelle approche qui libère la création de nouveaux antibiotiques

Ce nouvel antibiotique semble donc efficace et sûr, même s’il est encore nécessaire de le tester chez l’humain. Mais sa conception entièrement synthétique ouvre une nouvelle voie pour lutter plus efficacement contre l’antibiorésistance.

D’abord, car ces nouvelles molécules n’existent pas encore dans la nature et donc il est peu probable qu’une résistance à ces antibiotiques soit présente déjà dans l’environnement. Et puis, grâce à cette approche synthétique, la conception de nouveaux antibiotiques ne se limite pas à réadapter des antibiotiques déjà existants dans la nature : "Avec le pouvoir de la synthèse organique, nous sommes limités presque uniquement par notre imagination pour concevoir de nouveaux antibiotiques", s’enthousiasme Ben Tresco. Les superbactéries n’ont plus qu’à (super) bien se tenir.

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